tag:blogger.com,1999:blog-56312263095638282622024-03-13T21:09:40.468-07:00Les mille et une viesAnaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.comBlogger72125tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-28198373850002750712020-01-08T02:14:00.000-08:002020-01-14T09:45:39.384-08:0011.11-07.12.2019 - Retrouvailles<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQVOwxBHtL814PX2UsTjLXGnkmoUmYAT-sdR0EIyEdaWjRXV82yzuDshiFOkRb2ce8F1qyhUxMQ3l94Hampp-n5EpXNciGhaJWXE1NyB917THeox0pFSeQgPsfbjBfuFBDSgRXGAS3fo1A/s1600/Frangipanier+carr%25C3%25A9.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1600" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQVOwxBHtL814PX2UsTjLXGnkmoUmYAT-sdR0EIyEdaWjRXV82yzuDshiFOkRb2ce8F1qyhUxMQ3l94Hampp-n5EpXNciGhaJWXE1NyB917THeox0pFSeQgPsfbjBfuFBDSgRXGAS3fo1A/s640/Frangipanier+carr%25C3%25A9.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<br />
<div align="JUSTIFY">
Je ne m'attendais pas à te retrouver comme ça, tu
sais. Il faut dire que nous ne nous étions pas quittées en très bons
termes. J'avais d'ailleurs arrêté mon récit là, sur tes trottoirs
craquelés où mon cœur s'était crashé. Quatre ans plus tard, je le
reprends ici.</div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
J'étais venue te voir en suppliante.
À la face de tes tours, dans tes marchés puants, dans les gaz
d'échappement et les eaux grises de Chao Praya, j'avais crié pour que tu
me fasses ressentir quelque chose. Et je t'accorderai ça, au moins : tu
n'avais pas retenu tes coups. Tu m'avais désorientée, déstabilisée, tu
m'avais arrachée à mes convictions, à tous les rochers qui – je croyais –
m'entraînaient dans l'abîme. Et puis surtout, entre tes buckets de
sangsom et tes étals de t-shirts floqués d'éléphants, tu m'avais fait
rencontrer l'amour, un certain type d'amour en tous cas, l'amour où les
« je t'aime » se disent entre deux larmes, l'amour qui coupe le souffle
et met des coups dans l'estomac. Tu as été un portique, une voie
d'entrée vers plusieurs années de tourbillon, de passion, de destruction
et de construction. Dans la multiplicité des chemins que tu as ouverts,
j'en ai choisi quelques-uns. J'ai traversé l'Atlantique dans un sens,
puis dans l'autre, et dans l'autre encore, j'ai gravi des sommets,
admiré des paysages qui semblaient n'avoir aucune limites, et alors que
je pensais être arrivée là-haut au-dessus des nuages, sur un glacier
calme au silence rassurant, j'ai glissé, dévalé la pente...</div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
… et je me suis retrouvée là.</div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
Quatre
ans après, quelle ironie, pile à l'endroit où tout avait commencé. Le
11 novembre à nouveau, mais avec quatre années de plus, je suis revenue
te voir avec une certaine appréhension. J'ai poussé ta porte,
frigorifiée : j'avais brûlé tout mon carburant sur les montagnes et je
n'étais pas sûre de vouloir repartir pour un tour. Mais tu n'écoutes
rien, comme d'habitude, et tu as voulu me redonner une leçon. Je n'ai
pas eu d'autre choix que de te laisser parler.</div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
Allongée
sur le lit, des zèbres de lumière se faufilant à travers les volets,
j'ai entendu les mêmes oiseaux que je n'avais déjà pas identifiés avant.
J'ai retrouvé les odeurs entêtantes de tes stands de nourriture posés
sur les trottoirs se mélangeant à ta chaleur moite et ton air parfumé.
Arpentant tes rues, tes boyaux et tes <i>khlongs</i>, j'ai réalisé à
quel point tout ça m'avait manqué. L'incessant va et vient des voitures,
des scooters, des motos et des tuks tuks dans un brouhaha de klaxons à
travers lesquels on entend parfois le délicat tintement d'une cloche
bercée par le vent. Les fleurs de frangipanier blanches écloses sur des
buissons penchés au-dessus de tas de poubelles éventrées qui pourrissent
dans la chaleur du jour. La lenteur de la foule au milieu de la vitesse
des moteurs. Le jaune, le rouge, le doré éclatant recouverts de la
poussière de ta pollution. Tu m'avais manqué, tes extrêmes m'avaient
manqué : dans ton squelette qui s'étire d'un bout à l'autre du spectre,
je me sens un peu moins schizophrénique. La largeur de mes sentiments,
la grandiloquence de mes émotions paraissent si petites à côté de tes
gratte-ciels en haut desquels les <i>rooftops</i> luxueux surplombent
les bidonvilles d'en bas. Dans tes embouteillages permanents, dans ton
China Town asphyxié et asphyxiant, je reconnais ce bouillonnement qui
agite mon propre ventre. Tu as l'air d'être restée la même, ou presque,
mais pour moi tout est différent. Lorsque tu m'as ouverte en deux, j'ai
découvert en moi une vie que je ne soupçonnais pas, un faisceau de
lumières, des particules qui s'agitent, des émotions mises en prison qui
ne sont finalement pas si criminelles, ni pour moi ni pour les autres.
J'ai découvert, là, tout au fond, un roc qui m'ancre, une force immuable
qui n'appartient qu'à moi et que j'oublie peut-être trop souvent. Je me
suis découverte femme, je me suis découverte libre. Mais j'ai compris
aussi le prix à payer pour tout ça : il n'y a pas de courage sans
vulnérabilité, pas de cyclone sans l’œil autour duquel il tourne et pas
de profonde connexion sans solitude ; et je n'ai pas le droit d'accepter
l'un sans l'autre. C'est tout ça que ton tissu tendu à l'extrême m'a
rappelé.</div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
En explorant ton corps monstrueux, tout
ça m'a paru évident. Il n'y a rien de fou à ça et je n'ai pas
complètement perdu les pédales. Agrippée à l'arrière des moto-taxis, je
peux hurler ou rire sans recouvrir un silence qui n'existe pas ici de
toute façon, et qu'on ne peut donc pas briser. Alors, la tête penchée en
arrière, les yeux rivés dans les étoiles électriques de tes guirlandes,
j'accepte de revivre et de repartir pour un tour. La morsure de glace
qui avait gelé mes neurones a fondu sur les dorures de tes temples et de
nouveau, le sang a coulé. J'ai embrassé cette joie qui ne vient pas
sans peine, je me suis agenouillée devant un Bouddha étincelant et j'ai
demandé de l'aide. Comment continuer à aimer quand ce simple fait
provoque tant de souffrances ? J'ai attendu en silence, et toutes les
molécules du monde sont venues me murmurer : « Il faut pardonner »,
m'ont-elles dit, « et aimer encore plus ».</div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
Bangkok<br /> toi qui m'avais déchirée<br /> se pourrait-il aujourd'hui que tu sois venue me sauver de l'infarctus ?</div>
<em></em><div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-style: normal;"> </span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-35719410914451334092017-05-29T10:43:00.000-07:002017-05-29T10:43:12.864-07:0006-07.02.2016 : Les vrais hippies fument de l'encens <div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-0BD5gvpf7S8/WSxdThkWwBI/AAAAAAAABjw/wTeZwDNJG2koHeQiHfTlYrpvMbwPaODRgCLcB/s1600/Bottes%2B%25C3%25A0%2Bfleur.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="453" data-original-width="604" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-0BD5gvpf7S8/WSxdThkWwBI/AAAAAAAABjw/wTeZwDNJG2koHeQiHfTlYrpvMbwPaODRgCLcB/s640/Bottes%2B%25C3%25A0%2Bfleur.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Je n'ai aucune photo de Ho Chi Minh, </i></div>
<div style="text-align: center;">
<i>alors j'ai mis une vieille photo de moi avec des bottes à fleur *</i></div>
<br />
Ho Chi Minh, avec sa modernité,
ramenait aussi une certaine oisiveté. Une oisiveté plus festive que
celle de mes derniers jours à Yangon. Entre<i> rooftops</i> et <i>pub
crawls</i>, je redécouvrais la foule éclectique des voyageurs qui
alternent entre une volonté d'un retour aux sources pour se détacher
de tout matérialisme, et les vapeurs des fêtes superficielles entre
occidentaux où alcool et drogues bon marché alimentent les flirts
en passant d'un bar à l'autre. Deux mondes sans doute poreux dans ce
microcosme, mais qui peut virer à une schizophrénie dans laquelle,
parfois, certains se perdent. Alors, le voyage s'arrête pendant trop
longtemps, et la conquête des corps libérés et de nouveaux
territoires psychédéliques prend le dessus sur la découverte des
paysages réels et des sincères rencontres.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Pour ma part, à ces <i>pub crawls </i>et
<i>rooftops fancy</i>, je préférais m'asseoir avec Casey sur les
minuscules tabourets de la taille de repose-pieds, installés devant
les petits cafés d'une des rues festives d'Ho Chi Minh. Nous
regardions passer les gens, les scooters et les petits stands de
nourriture tirés par des cyclistes qui avançaient au ralenti. Un
soir, Leandro nous y avait rejoint : nous l'avions rencontré
sur la plage de Koh Rong, au Cambodge, où il vendait les bijoux
qu'il fabriquait lui-même. Il nous avait raconté plus longuement sa
vie, ses allers-retours entre l'Asie et l'Europe, où il écumait les
marchés avec ses créations. J'avais une certaine fascination pour
ce genre de parcours. Non pas tant par envie d'en faire moi-même mon
mode de vie, mais plutôt par une grande admiration envers cette
liberté mentale affichée, cette capacité à suivre son envie sans
s'encombrer de la crainte d'échouer ou de décevoir. Pour ma part,
je n'en étais pas encore tout à fait là.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Cet attrait pour les « esprits libres »
n'avait rien de nouveau pour moi. Au collège, ma meilleure amie,
Marina, et moi partagions une grande passion pour les années
hippies. Nous nous faisions des tresses dans les cheveux, collions
des étoiles sur notre front, et essayions en vain de fumer de
l'encens. A mes début d'Internet, mon adresse mail était en toute
simplicité « sixties@hotmail.com » - j'étais
suffisamment précurseur, il faut croire, pour pouvoir me payer le
luxe d'une adresse aussi simple. J'en avais aussi grandement voulu à
ma mère lorsqu'elle m'avait dit avoir jeté ses pantalons pattes
d'eph' depuis belle lurette. Je m'étais jurée, ce jour-là, que je
garderai tous mes habits pour les transmettre avec amour à ma future
fille. Si un jour tu existes, je m'excuse : j'ai jeté les
habits que je portais à l'adolescence et crois-moi, tu ne pourrais
pas m'en vouloir pour ça. Quant à toi, maman, je te pardonne.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais ce que je vivais là, assise sur
une chaise en plastique des rues d'Ho Chi Minh, valait bien toutes
les pattes d'eph du monde : dégustant une bouteille de Hanoi,
j'écoutais sous la chaleur moite du Vietnam Leandro parler
fabrication de bijoux sur la plage et Casey exposant une théorie de
l'ethnobotaniste Terrence McKenna sur le rôle joué par les
champignons hallucinogènes dans l'évolution de <i>Homo Erectus</i>
vers <i>Homo Sapiens. </i>Je n'étais
pas loin de vivre le rêve éveillé de mon moi de treize ans.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais
bien sûr, tout cela n'était qu'une apparence : j'aurais pu
faire du macramé dans un ashram en Inde que je n'aurais pas pu faire
renaître l'émotion d'une décennie qui me rendait nostalgique sans
même l'avoir connue. Après cette période passée à essayer de
tirer des lattes sur des sticks d'encens dans la chambre de Marina,
j'avais un peu désacralisé la chose. Mais il me restait quand même
une certaine « jalousie » à l'égard de ces jeunes de
vingt ans (ou plus, ou moins) qui avaient l'impression que leur
engagement signifiait quelque chose. J'aurais voulu me croire Bob
Hunter, premier président de Greenpeace, montant avec d'autres sur
le <i>Phillys Cormack</i>
pour empêcher les essais nucléaires d'Amchitka, ou Joan Baez
arpentant les rue de New York pour la Fifth Avenue Peace Parade
contre la guerre du Vietnam. Plus généralement me manquait le
sentiment d'un mouvement global qui donnerait l'espoir de façonner
le monde avec d'autres couleurs. Même si l'on sait quelle fut la
suite des événements, j'aurais voulu, moi aussi, ressentir cette
effervescence.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L'après-midi,
justement, nous avions visité le musée de la guerre à Ho Chi Minh.
Un musée particulièrement bien fait, et qui m'aura profondément
marquée. Contrairement les champs d'exécution de Choeung Ek,
mémoire des massacres Khmers Rouges au Cambodge, le musée de la
guerre d'Ho Chi Minh reste très didactique, et sait manier l'émotion
sans tomber dans l'effroi. Et visiter le musée avec un Américain
rendait l'exercice encore plus intéressant : sur les
« incidents » du golf du Tonkin, événement à l'origine
de l'entrée en guerre des américains, l'exposition accusait les
Etats-Unis d'avoir inventé de toutes pièces une attaque par des
torpilleurs nord-vietnamiens afin d'avoir un prétexte pour lancer
l'offensive. « Ce n'est pas comme ça qu'on nous exposait les
faits à l'école », m'avait dit Casey. A la décharge de ses
professeurs, ce n'est qu'en 2005 qu'un document américain
confidentiel a refait surface pour admettre que l'opération avait
été construite sur un mensonge. La dernière partie du musée était
consacrée aux insoutenables images des corps déformés par l'Agent
Orange de Monsanto et par les archives des mouvements de
contestation, à travers le monde, qui s'opposaient à cette
interminable guerre.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je
dois dire qu'après ces photos de foules opposant la non-violence aux
casques des armées, parler de bijoux artisanaux et de champignons
hallucinogènes sur le trottoir d'une rue bondée d'Ho Chi Minh était
presque du même niveau que de fumer de l'encens sur l'échelle de
l'engagement hippie.Tout comme l'étaient ces groupuscules de
touristes aux cheveux tressés traversant la moitié du monde pour se
reconnecter à une spiritualité rapidement noyée dans la fête à
bas prix.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais
cela en fait-il un engagement moins sincère ?
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Après
tout, peut-être pas. Après tout, à chaque époque ses combats et
ses moyens de les mener. Pendant ces mois en Asie, j'ai rencontré
beaucoup de pseudo/néo/faux hippies, mais encore plus de personnes,
jeunes et moins jeunes, bien ancrées dans leur époque, remettant en
question la flamboyante indécence des années 80 et 90 et son culte
de l'enrichissement à outrance, et revendiquant le droit à ce que
la vie fasse sens. Et surtout, ce combat là me paraissait, pour
beaucoup, très ancré, très réfléchi, très intime. Une
révolution intérieure, pour reprendre un terme à la mode, plus
qu'un défilé dans les capitales occidentales ; et surtout, une
position qui semblait peu à même de se faire souffler par le
prochain changement de décennie.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je me
moque encore gentiment de moi-même et des <i>backpackers
</i>partant chercher un sens à leur
vie sous la lumière de la <i>full moon. </i>J'avais
jusqu'à récemment une dreadlock involontaire bien cachée sous mon
amas de cheveux, et depuis ces mois en Asie, même si je n'essaye
plus de fumer de l'encens, je regrette presque de m'être débarrassée
de ma garde-robe collection Mai 68 que je portais adolescente. Mais
ce n'est (presque) plus par nostalgie d'une époque que je n'ai pas
connue. Finalement, même si la marche du monde m'effraie toujours
autant et que je suis intimement persuadée que nous avons atteint un
point de non-retour environnemental qui me terrifie, je vois, autour
de moi, une révolution se faire. Une révolution de l'ordre de
l'intime qui ne se crie pas par slogans, mais qui se dessine par des
actes individuels mais très concrets et qui ont tous, comme
finalité, de construire sa vie en conscience. En conscience de
soi-même, bien sûr, mais aussi en conscience de l'autre et de
l'impact de nos choix personnels sur l'avancée de nos sociétés. Je
la trouve plutôt cool, cette révolution. Ca me dit bien d'y prendre
part. Promis, j'apporterai l'encens.
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-43021939473644367682017-03-28T09:27:00.000-07:002017-03-28T09:28:51.203-07:0004.02.2016 : Peur panique à Ho Chi Minh<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-po5zncDIvzg/WNqOZ0_VD7I/AAAAAAAABjc/8XAxpiA_O2chfiKB7fTcH4OXayRACrEJACLcB/s1600/avion%2Bcanard.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="388" src="https://1.bp.blogspot.com/-po5zncDIvzg/WNqOZ0_VD7I/AAAAAAAABjc/8XAxpiA_O2chfiKB7fTcH4OXayRACrEJACLcB/s640/avion%2Bcanard.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* L'avion canard, valeur sûre de l'aviation thaï *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je suis arrivée à Ho Chi Minh avec la
gueule de bois. Le whisky birman avait eu raison de mon cerveau et la
nuit passée couchée sur le sol du vieil aéroport de Bangkok, pour
attendre ma correspondance pendant près de dix heures, n'avait pas
aidé à régénérer mes neurones. Et, en plus de la gueule de bois,
j'avais dans ma tête pas mal d'appréhensions. Je ne savais pas trop
à quoi m'attendre au Vietnam : certains avaient adoré et
considéraient ce pays comme leur endroit préféré en Asie du Sud
Est. D'autres avaient subi les pires arnaques et en étaient partis
avec un goût amer. Tout le monde s'accordait sur un point : au
Vietnam, encore plus qu'ailleurs, mieux valait être sur ses gardes
pour ne pas se faire avoir.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais la fatigue ne rend pas des plus
patients. Après avoir constaté qu'aucun distributeur d'argent ne
marchait (« C'est fait exprès », me disait la voix
grognon dans ma tête), je me suis dirigée vers la file de la
compagnie taxi recommandée sur les sites que j'avais consultés et
j'avais donné l'adresse de l'auberge de jeunesse où étaient Casey,
Luc et Vince, que je devais rejoindre.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le chauffeur ne parlait pas anglais,
mais je m'étais mise d'accord avec celui qui gérait l'agence à
l'aéroport : dix dollars pour rejoindre le centre ville et être
déposée à l'hôtel. Je me suis assise à l'arrière et me suis
laissée guider.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Étonnamment, aucune image ne m'est
restée de ce trajet jusqu'au centre-ville. La fatigue l'avait
peut-être emporté. Je crois, surtout, que je me sentais
déboussolée. Le passage brutal du Myanmar au Vietnam avait quelque
chose de surréaliste. Et cette impression s'est encore confirmée en
arrivant à Ho Chi Minh : les rues, larges, propres, étaient
bordées de hauts immeubles, parfois des tours, en haut desquelles
des <i>rooftops </i>encore vides se remettaient des soirées de la
veille. Nous roulions devant des jardins fleuris aux pelouses bien
taillées, des magasins aux vitrines fournies, des restaurants aux
terrasses remplies de touristes. Derrière la vitre qui me servait
d'écran, j'avais l'impression de découvrir un nouveau monde,
presque une fiction. C'en était presque un, d'ailleurs. Mais les
semaines passées dans la poussière ocre et les bus de nuit birmans
renforçaient ce contraste, d'un monde à l'autre.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le chauffeur semblait tourner en rond.
Il agitait ses mains, comme s'il chantait la chanson « Ainsi
font, font, font » mais j'ai fini par comprendre qu'il ne
s'agissait pas d'un geste amical. Il était perdu. Il commençait à
s'énerver, me répétant toujours les mêmes mots en vietnamien,
pointant l'adresse que je lui avais donnée, montrant la carte. Son
impatience augmentait et se traduisait en une irritabilité
grandissante. Une agressivité que je n'avais jamais rencontrée,
depuis le début de mon voyage, et qui faisait réapparaître une
boule d'angoisse, au fond du ventre, dont j'avais oublié la
sensation depuis plusieurs mois.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le chauffeur s'excitait de plus en
plus. À plusieurs reprises, je lui ai dit que je pouvais descendre,
continuer à pied, mais il ne m'écoutait pas. Alors, j'ai fini, moi
aussi, par m'énerver. « Je veux descendre maintenant »,
je lui ai dit. Il a arrêté la voiture. Mon sac à dos était dans
le coffre, alors je suis sortie de la voiture avant de lui tendre mon
billet de dix dollars. Une fois mes affaires récupérées, je le lui
ai donné. Évidemment, mon chauffeur savait soudain parler anglais.
« J'ai tourné longtemps, vingt dollars ». La violence du
ton qu'il prenait, son langage corporel, sa voix qui criait presque :
j'ai senti les tremblements revenir, la peur panique que cet homme,
devenu mon ennemi, ne me tue là, sur la place publique, aux yeux de
tous. Je lui ai mis le billet dans la main. « Non, on avait dit
dix dollars ». Et puis, j'ai commencé à marcher. Il hurlait
derrière moi, je m'imaginais qu'il essayait de rameuter ses potes
pour me tomber dessus et m'étriper sur le trottoir. Mes jambes
étaient en coton, j'arrivais à peine à respirer. Je me suis
dirigée vers un hôtel, et je suis rentrée dans le hall.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Évidemment, il ne m'a ni suivie, ni
tenté de m'assassiner en pleine rue. Il est remonté dans sa
voiture, et puis il est parti. La réceptionniste de l'hôtel m'a
donné une carte, et j'ai marché jusqu'à l'auberge, qui se trouvait
dans une petite ruelle, cachée derrière les immeubles du grand
boulevard qu'un marché aux fleurs coupait en son milieu. Il était
encore tôt. Dans la chambre, tout le monde dormait. Tout était
calme. Silencieux. Comme si je rentrais dans un cocon de douceur
après de trop longues heures d'agression sonore. Je me suis allongée
et mon ventre s'est dénoué. Je respirais de nouveau.</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-71807424624406393822017-02-17T03:43:00.000-08:002017-02-26T09:29:17.166-08:0002-04.02.2016 : Elle<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle a l'habitude de voyager seule,
mais cette fois, elle a décidé de faire autrement. Le Myanmar est
cher, dit-elle, il y a peu d'auberges de jeunesse alors elle a
cherché un compagnon de voyage. Elle l'a trouvé sur une page
Facebook. Elle pensait faire peut-être quelques jours avec lui et aviser mais ce nouveau mode de voyage, avec un compagnon sur le long
cours, lui a plu. D'habitude, elle ne passe pas plus de quelques
jours avec les personnes qu'elle rencontre. Elle aime la solitude, et
surtout, faire ce dont elle a envie, sans contrainte. Sans la
contrainte de l'autre, en tous cas.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle a trente-deux, ou peut-être
trente-trois ans. Elle vient des Pays-Bas. Elle a beaucoup voyagé,
déjà. En Amérique du Sud, notamment. Cette fois, elle passe
plusieurs mois en Asie. Je ne me souviens plus de son parcours, je
sais simplement qu'elle a ensuite prévu d'aller aux États-Unis,
peut-être d'y trouver un travail le temps de repartir sur la route.
Elle n'a rien d'une vagabonde bohème pour autant. Elle est
organisée. Aux Pays-Bas, elle travaille dans un cabinet comptable.
Elle y retourne parfois pendant quelques mois, le temps de mettre un
peu d'argent de côté, et puis elle repart. Elle veut voyager aussi
longtemps qu'elle peut. Et puis, elle ne veut pas d'une vie
conventionnelle, dit-elle. Elle ne veut pas avoir le même métier, le même
mari, la même maison et les mêmes enfants pour le reste de sa vie.
Ce n'est pas toujours facile, dit-elle, mais elle sait ce qu'elle
veut. Elle assume ses choix.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ou plutôt, ses non-choix.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle a raison, je lui dis. Elle a
raison : comment est-il possible de faire des choix dans
cet univers trop vaste ? Mais comment être vraiment heureux
sans en faire ? Éparpiller son amour, c'est aussi le meilleur
moyen de ne jamais le voir grandir. Je lui cite <i>Novecento
Pianiste</i>, d'Alessandro Baricco.
Ou en tous cas j'essaye. <a href="http://lablogatoire.blogspot.fr/2009/05/spoiler-novecento-pianiste.html" target="_blank">Cet incroyable monologue sur l'infini mortifère</a>.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Moi, je n'ai pas de
réponse. Je n'ai pas envie de voleter d'un endroit à l'autre, sans
amour. Mais je suis encore trop ligotée par l'idée que le moindre
chemin que l'on prend est un chemin à vie – qu'on n'a pas le droit
de se louper.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle, elle a pris sa
décision. Elle réinventera sa vie chaque fois qu'elle le voudra.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ses yeux bleu clair portent la couleur
de la détermination. Elle pourrait presque paraître froide.
Pourtant, elle ne l'est pas. Elle a peut-être cette réserve, propre
aux pays du nord, qui met parfois mal à l'aise les latins, mais il
faut lire entre les lignes. Et entre ses lignes, entre ses mots,
j'entends</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
une relation compliquée avec sa
famille</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
une rupture difficile</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
trop de souffrances qui l'ont conduite
à choisir le minimum d'implications émotionnelles pour se protéger</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
mais aussi</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
surtout</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
une grande force de caractère et la
certitude de faire ce qu'elle aime, sans rendre de compte à qui que
ce soit</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Je pense que je vais vraiment
changer ma manière de voyager », me dit-elle. « C'était
vraiment bien de passer du temps avec vous, de développer une vraie
relation pendant le voyage. C'est la première fois que ça me fait
ça. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous trinquons à cela. Nos verres
remplis de whisky birman dégueulasse tintent sur la terrasse de
notre auberge de jeunesse de luxe, le Wayfarer, située au milieu du
quartier chinois de Yangon. Sous notre balcon, un défilé de
passants et de voitures se frayent un chemin entre les petits stands
de nourriture qui envahissent la ville. Nous sommes là depuis trois
jours, trois jours à ne rien faire. A simplement dormir dans nos
lits tout confort et à nous faire masser. Nous nous sommes même
payés le luxe d'aller chez le coiffeur, juste pour les massages
crâniens, et puis d'aller au cinéma pour voir « The
Revenant ». Tous les jours, nous allons dans une petite rue où
l'un des stands sert les meilleures <i>shan noodles </i>que
nous ayons mangées dans tout le pays, et que nous dégustons assis
sur des petits tabourets posés sur le trottoir. Et tous les soirs,
nous nous retrouvons là, sur le petit balcon et nous parlons de la
vie.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ses
paroles me réchauffent le cœur. A moins que ce ne soit le whisky
birman. Demain, nous partirons tous les trois dans trois
direction différentes. Lui en Indonésie, elle en Thaïlande, moi au
Vietnam. A l'aéroport, nous prendrons des photos, promettrons de
nous revoir. Sur mon téléphone, l'écran clignotant me dira « We
will travel again. Don't you worry! Buddies for life. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle a changé sa manière de voyager.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et moi, chaque fois que je me sens
vaciller, je pense à elle. A cette femme dont j'aimerais puiser de
la force pour m'accorder un peu plus de légèreté dans mes choix ou
mes non-choix. Après tout, personne ne va en crever.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Oui, c'était vraiment bien de passer
du temps ensemble.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-74915700531061116512017-02-14T07:12:00.000-08:002017-02-14T07:12:54.973-08:0028-31.01.2016 : Les merveilles du sud du Myanmar<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZthct4ZQ-Gbp0gPqYIjvua8btylV7QoDewOhQpE-rw4kkUeOpJ1fPdGfZ_qV8It5ChJPAIZjmqBmXO-N95RYrz5IDsr4hyphenhyphenWDMNGTOKq5yjhvKyWvLNtXhmqMChNWLPFwEthW0EkhrPA_6/s1600/2016-01-31+12.33.40.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZthct4ZQ-Gbp0gPqYIjvua8btylV7QoDewOhQpE-rw4kkUeOpJ1fPdGfZ_qV8It5ChJPAIZjmqBmXO-N95RYrz5IDsr4hyphenhyphenWDMNGTOKq5yjhvKyWvLNtXhmqMChNWLPFwEthW0EkhrPA_6/s640/2016-01-31+12.33.40.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
De tous les pays d'Asie du Sud Est que j'avais
faits jusque là, le Myanmar remportait la palme des paysages les
plus époustouflants. Particulièrement ceux du sud du pays. Je crois
que je me souviens parfaitement du moment où je suis tombée
amoureuse de cet endroit, le moment où j'ai commencé à comprendre
pourquoi je me trouvais au pays de l'or. Et puis, ces moments
d'émerveillement n'ont fait que s'enchaîner. J'avais déjà passé
plusieurs semaines ici, mais la dernière fut sans doute la plus
époustouflante. A chaque étape, je tombais amoureuse. Encore et
encore. Jusqu'au bord de l'épuisement.<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<b>En route vers la grotte de Saddar</b><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-O_0naf1pc7A/WJydehLNEbI/AAAAAAAABgs/vttoA2AA58suG2AGN6oEAZF9rgjwBNkggCLcB/s1600/2016-01-28%2B15.37.47.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-O_0naf1pc7A/WJydehLNEbI/AAAAAAAABgs/vttoA2AA58suG2AGN6oEAZF9rgjwBNkggCLcB/s640/2016-01-28%2B15.37.47.jpg" width="640" /></a></div>
<b> </b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
C'était notre premier jour à Hpa-An.
Ryan, Jaime et moi avions trouvé un petit restaurant qui surplombait
la rivière. Nous étions seuls sur le toit-terrasse ouvert au vent.
Le cuistot était thaï et Ryan avait longuement discuté avec lui.
C'est lui qui finit par nous recommander de nous rendre à la grotte
de Saddar.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Sur ses conseils, nous avions arrêté
un tuk-tuk au bord de la route. Notre chauffeur était lent, très
lent. Nous étions assis sur des banquettes en bois sur lesquelles
notre coccyx se fissurait un peu plus à chaque fois que nous
roulions sur un nid de poule. Je n'avais encore jamais fait de route
aussi inconfortable, et pourtant, je n'en étais plus à mon premier
voyage en tuk-tuk. Mais mon derrière n'avait absolument aucune
importance à ce moment-là. Car devant nous, d'incroyables étendues
de rizière d'un vert éclatant s'étalaient au pied de gigantesques
montagnes au sommet desquelles nous voyions, hérissés, des
monastères perdus entre les rochers. Ces éclats de couleurs se
fichaient dans ma rétine et m'hypnotisaient totalement.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Lorsque nous sommes arrivés devant la
grotte de Saddar, notre tuk-tuk s'est embourbé dans un champ. Mais
notre chauffeur ne s'en est pas ému : il continuait à sourire,
à rire, plutôt, les yeux grands comme un soleil ridé. Il nous fit
descendre, poussa son engin, et nous fit remonter pour parcourir les
cinq derniers mètres qui nous séparaient du parking. Tout plutôt
que de nous laisser utiliser nos pieds. Et puis, nous avons marché
jusqu'à la grotte, bouche béante qui semblait faire hurler la
montagne. Nous sommes entrés pieds nus ; la pierre était
chaude, brûlée par le soleil du milieu de journée. Toute une
rangée de bouddhas debout, drapés de doré, semblaient nous
escorter jusqu'à une stupa toute aussi étincelante et puis,
derrière elle, vers un chemin sombre qui s'enfonçait dans la pierre
pour rejoindre l'autre extrémité de la grotte. Nous savions que la
traversée prendrait environ quinze minute, dans le noir. Nous nous
sommes engouffrés dans l'obscurité. La pierre bruissait de
chauve-souris, et leur odeur si particulière emplissait tout
l'espace. Le chemin à l'intérieur de la grotte n'avait, en
lui-même, rien d'intéressant. Ou peut-être était-ce parce que je
gardais la tête courbée, moi qui ne supporte pas bien d'avoir des
animaux volant au-dessus de moi. Mais il fallait en passer par là,
par cette obscurité et cette odeur d'excrément, pour assister à
cela, à l'ouverture de la roche qui nous déversa directement sur le
bord de la rivière. Des barques nous attendaient là pour nous
ramener de l'autre côté de la montagne. Nous primes place en
compagnie de deux jeunes étudiantes birmanes en uniforme qui se
partageaient un grand seau de poulet frit maison. La barque se mit à
glisser lentement le long de la rivière, toujours entourée du vert
éclatant des rizières. Jamais je n'ai entendu de silence si
apaisant. Je ne devrais, en fait, pas parler de silence. Au
contraire : le paysage était en pleine chorale. La rivière,
les oiseaux. Même les couleurs semblaient chanter.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-C1i1nn5C54Q/WJydVFpsD3I/AAAAAAAABgo/y4FLGbMx7Lw32CMV0Md_uOrYN_JkV0ffgCLcB/s1600/2016-01-28%2B15.46.29.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-C1i1nn5C54Q/WJydVFpsD3I/AAAAAAAABgo/y4FLGbMx7Lw32CMV0Md_uOrYN_JkV0ffgCLcB/s640/2016-01-28%2B15.46.29.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-Oue-F6WiSak/WJydxeFt45I/AAAAAAAABgw/tyIv-NoPiZI5xP1yrFxLBPJ-1lQlvnqbwCLcB/s1600/2016-01-28%2B16.01.37.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-Oue-F6WiSak/WJydxeFt45I/AAAAAAAABgw/tyIv-NoPiZI5xP1yrFxLBPJ-1lQlvnqbwCLcB/s640/2016-01-28%2B16.01.37.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-8W2CR25bN4Y/WJydW1kv3SI/AAAAAAAABgk/ZIkogm5puxo12DruzvaE5fnqXCKdd64kwCLcB/s1600/2016-01-28%2B15.55.43.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/--6Bf6Gxc_Uo/WJyd9LeJe5I/AAAAAAAABg8/lZtPOCbG2kUnHJ_ZBcgUVXuT3Al1mySGACLcB/s640/2016-01-28%2B16.27.33.jpg" width="640" /></a><a href="https://3.bp.blogspot.com/-8W2CR25bN4Y/WJydW1kv3SI/AAAAAAAABgk/ZIkogm5puxo12DruzvaE5fnqXCKdd64kwCLcB/s1600/2016-01-28%2B15.55.43.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-8W2CR25bN4Y/WJydW1kv3SI/AAAAAAAABgk/ZIkogm5puxo12DruzvaE5fnqXCKdd64kwCLcB/s640/2016-01-28%2B15.55.43.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<b>Coucher de soleil à Moulmein</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Quelques jours plus tard, Jaime,
Brayden, Lily, Anna et moi avons pris le bus pour nous rendre à
Moulmein. Nous avons dit au revoir à Ryan qui repassait la frontière
pour retrouver ses parents en Thaïlande. J'adorais ces bus aux
sièges minuscules, et dont les fenêtres ouvertes faisaient circuler
un air à la fois doux et chaud. Je mettais toujours mon casque sur
mes oreilles et n'étais plus disponible pour le reste du monde. Je
voulais simplement m'absorber dans la contemplations des lieux,
surtout ceux-là. Un homme ivre mort s'était assis à côté de moi
au début du voyage, mais quand il a commencé à s'avachir sur moi,
les autres passager l'ont fait changer de place, comme pour prendre
soin de l'étrangère que j'étais. J'avais pourtant à peine été
dérangée par sa présence. Là encore, j'étais moi-même bien trop
enivrée par ce qui se passait devant mes yeux. Ces même rizières,
ces mêmes montagnes. Dans mes oreilles, Mano Solo chantait qu'il
taillait sa route.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqzsQVTYM_FHoVnXN_SAz5djqa5VZ0w9x0g4ur70k3uBD4UGiZNmX8VluTydsNnkCSgoBS-Er4FB0R41D4VGkuybODWNKJxY0-yglAZ6BXWoz8CCdR4YNWtGw-87RiMPBVlQfDP8llIzH1/s1600/2016-01-28+16.52.27.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-DrJkleqisf4/WJye4A7hF9I/AAAAAAAABhM/J3dqLwH980Q-qSLrxIxKV1JVERJTxC9EgCLcB/s640/2016-01-28%2B16.47.34.jpg" width="640" /><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiqzsQVTYM_FHoVnXN_SAz5djqa5VZ0w9x0g4ur70k3uBD4UGiZNmX8VluTydsNnkCSgoBS-Er4FB0R41D4VGkuybODWNKJxY0-yglAZ6BXWoz8CCdR4YNWtGw-87RiMPBVlQfDP8llIzH1/s640/2016-01-28+16.52.27.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-PkahgCdjwD8/WJyfFWAb2EI/AAAAAAAABhU/NHAMoYdpilwYxhGmfE5_isGK4B2lAqcNACLcB/s1600/2016-01-30%2B10.38.34.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-PkahgCdjwD8/WJyfFWAb2EI/AAAAAAAABhU/NHAMoYdpilwYxhGmfE5_isGK4B2lAqcNACLcB/s640/2016-01-30%2B10.38.34.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
Moulmein n'avait rien de très
intéressant. D'autant plus que nous avions échoué dans la seule
auberge de jeunesse que nous voulions à tout prix éviter. Le
Breeze : des prix élevés pour dormir dans des chambres
ressemblant à des cellules de prison, rats compris. Il s'agit d'une
destination très touristique au Myanmar - sans doute du fait de sa
proximité avec le Rocher d'Or -, et les hôtels hors de prix sont
nombreux. Moulmein aurait sans doute eu davantage à offrir si nous
étions restés plus longtemps – un musée, des îles auxquelles on
pouvait accéder par bateau. Mais nos avions respectifs ne nous
permettaient pas de rester là plus longtemps. Nous n'avions qu'une
seule soirée pour profiter de la ville.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous avons longuement marché pour
trouver un endroit où manger, jusqu'à trouver la perle rare :
Bone Gyi, un restaurant indien, juste à côté de notre auberge, et
de loin le meilleur que j'ai jamais mangé. Ils avaient installés,
sur leur trottoir, une sorte de cantine où nous pouvions choisir les
plats que nous voulions. Belle opération de marketing, puisque la
vue de ces plats nous avait tous fait tomber d'accord pour nous
attabler là.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais plus important encore que le
repas, ce qui me restera de Moulmein, ce fut, à nouveau, le coucher
de soleil. Et pas n'importe lequel. Un coucher de soleil que nous
avions décidé de regarder depuis une pagode en haut d'une colline.
Là aussi, nous avons déambulé pieds nus sur les pierres chaudes de
cette grande dalle exposée au vent tiède, marchant lentement entre
les stupas. Quand les couleurs du jour ont commencé à changer, nous
nous sommes assis en haut des marches et avons regardé. Nous avons
regardé le ciel se transformer en or, et le soleil disparaître
derrière les îles au large de Moulmein. Je me souvins du premier
soir que j'avais passé au Cambodge, de ce grand disque rouge qui
m'avait fait penser à l'affiche d'<i>Apocalypse
Now.</i> Écarlate là-bas, doré
ici. A croire que chaque pays d'Asie avait son propre soleil. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<b>Le Rocher d'Or</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et puis, le
lendemain, nous nous étions levés très tôt pour prendre un bus
qui devait nous amener jusqu'au Rocher d'Or dans la pagode de
Kyaikhtiyo, où nous voulions nous arrêter avant de rejoindre
Yangon. Ce rocher est l'un des plus importants lieux de culte du
Myanmar. Il s'agit d'un grand rocher tenant miraculeusement en
équilibre sur la montagne et que les pèlerins recouvrent de
feuilles d'or, comme je l'ai souvent vu faire sur des statues dans
les temples. La légende veut que ce rocher de quelques sept mètres
a été posé là par des esprits et qu'il tient grâce à un cheveu
de Bouddha. Pour le voir, il faut grimper, grimper, à près de 1 000
mètres d'altitude. Environ six heures de marche. Ou alors, il faut
prendre un de ces camions ouverts, extrêmement hauts, dans lesquels
on entasse plus de monde qu'il n'y a de place. Les places sont
tellement recherchées que, sur le chemin du retour, il a presque
fallu se battre pour que nous puissions tous rentrer dans le camion.
Personne ne fait de quartier. Pas même pour les enfants. A l'aller,
la route grimpe à pic, et j'avais parfois l'impression d'être sur
une montagne russe. Nous basculions de gauche à droite, serrés
comme des sardines. En plus de la sueur, nous partagions les rires.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-F_pVB8xK_Tw/WJyhcH0c4iI/AAAAAAAABh4/yWWI8zJbDMgXpUL7tcCr4UdW_zIKqXCJACLcB/s1600/2016-01-31%2B11.12.36.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-F_pVB8xK_Tw/WJyhcH0c4iI/AAAAAAAABh4/yWWI8zJbDMgXpUL7tcCr4UdW_zIKqXCJACLcB/s640/2016-01-31%2B11.12.36.jpg" width="480" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-selF7exs2jc/WKMdblOs0FI/AAAAAAAABjA/YEK4duVf4Y8mCdjkhz4dQN4ZJAyOueFuwCLcB/s1600/Sardines.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-selF7exs2jc/WKMdblOs0FI/AAAAAAAABjA/YEK4duVf4Y8mCdjkhz4dQN4ZJAyOueFuwCLcB/s400/Sardines.jpg" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Arrivés en haut,
une longue et large allée bordée de petites échoppes grimpait
jusqu'au temple. Ou plutôt, en premier lieu, jusqu'à un barrage, où
les étrangers étaient invités à payer 6000 kyats. 6000 kyats, ce
n'est pas grand chose. Environ 4 euros. Ce n'était pas la première
fois que j'étais confrontée à cette distinction entre étrangers
et locaux – mais cette fois, j'avais du mal à l'avaler. Je savais
aussi que les femmes n'avaient pas le droit de s'approcher du rocher
et de le toucher et je commençais à perdre patience. A tête
reposée, cette règle appliquée aux touristes ne me choquait pas
plus que ça. Puisqu'il s'agissait d'un lieu de culte pour les
Birmans, il me semblait plutôt positif qu'ils puissent en profiter
gratuitement et que les touristes mettent la main au portefeuille.
Mais cette fois, ça ne passait pas.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je suis rentrée
énervée sur le site. Je perdais aussi patience avec mes
co-voyageurs qui, me semblait-il, avançaient à toute berzingue
quand je voulais aller lentement, profiter. Je finis par les laisser
partir devant, histoire de digérer ma rancœur. Et une fois rentrée
dans le temple, ma rancœur n'a pas fait long feu.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
La vue sur la
vallée étaient grandiose. Je n'avais pas le droit de toucher ce
fameux rocher, mais nous étions suffisamment proches pour l'admirer.
Brayden, lui, ne s'était pas privé pour se prêter au rituel. Il
était revenu les mains recouvertes de poussière d'or, nous narguant
avec ses « golden hands » magiques qu'il acceptait
magnanimement que nous touchions. Mais ce qui me marqua le plus, ce
fut l'ambiance familiale qui régnait ici. Parents, enfants,
grands-parents : ils semblaient venir tous ensemble passer la
journée à Kyakhtiyo, pique-niquant sur les dalles entre deux
prières.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-3lOtIxGK6Vw/WJyiv_2tVCI/AAAAAAAABiM/vM1BJ9zy0N4kNDllmbLz24yAaEHGtsgTgCLcB/s1600/2016-01-31%2B12.15.34.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-3lOtIxGK6Vw/WJyiv_2tVCI/AAAAAAAABiM/vM1BJ9zy0N4kNDllmbLz24yAaEHGtsgTgCLcB/s640/2016-01-31%2B12.15.34.jpg" width="480" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-XOkBWOFtsu0/WJyiYYSF4qI/AAAAAAAABiE/VLAgJZzHdRQ80QGi051oYVHQ-e3fdb0JACLcB/s1600/2016-01-31%2B12.10.24.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-XOkBWOFtsu0/WJyiYYSF4qI/AAAAAAAABiE/VLAgJZzHdRQ80QGi051oYVHQ-e3fdb0JACLcB/s640/2016-01-31%2B12.10.24.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-Lxqn0GoZfOw/WJyirhvWNsI/AAAAAAAABiI/ucKRrTnSZTggau7IIM4abxZKW-7JZxLngCLcB/s1600/2016-01-31%2B12.10.30.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-Lxqn0GoZfOw/WJyirhvWNsI/AAAAAAAABiI/ucKRrTnSZTggau7IIM4abxZKW-7JZxLngCLcB/s640/2016-01-31%2B12.10.30.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-JpilgoBtPVE/WJyjCRjpykI/AAAAAAAABiU/ctLj6gNhmAQBN0MNgzSoM4jm4-OyWOHsACLcB/s1600/2016-01-31%2B12.17.26.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-JpilgoBtPVE/WJyjCRjpykI/AAAAAAAABiU/ctLj6gNhmAQBN0MNgzSoM4jm4-OyWOHsACLcB/s640/2016-01-31%2B12.17.26.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
Je suis redescendue
très lentement pour me baigner dans le son et les odeurs du temple.
Tout fourmillait autour de moi dans une douce joie colorée. J'avais
envie de rester là encore longtemps.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais notre bus pour
Yangon nous attendait. Encore 6h de bus, ajoutées à toutes celles
du matin même. Cela commençait à faire beaucoup. Je voulais
ralentir, dormir, me reposer. Retrouver une routine. Pour mieux
continuer à m'émerveiller, j'avais besoin de quelques jours
normaux. </div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-86588404448087639042017-01-15T20:35:00.002-08:002017-01-15T20:35:44.702-08:0029.01.2016 : Un anniversaire en or à l'autre bout du monde<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxH4j8g8QPxgrP_qIMpHsG5qQtKt2GG51T_n6p4HmP9nMnhqvOOHTPpF-4QLgpBoDA-PSbTKR4ECc5aZ3QJvwrmCmO_0R0M9GTpBsTx2HzGmHLMnkF9Gan4iqgedAITFJtArxrlclAUJjQ/s1600/2016-01-29+07.42.42.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxH4j8g8QPxgrP_qIMpHsG5qQtKt2GG51T_n6p4HmP9nMnhqvOOHTPpF-4QLgpBoDA-PSbTKR4ECc5aZ3QJvwrmCmO_0R0M9GTpBsTx2HzGmHLMnkF9Gan4iqgedAITFJtArxrlclAUJjQ/s640/2016-01-29+07.42.42.jpg" width="480" /></a></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
C'était un jour spécial. En tous cas,
je voulais qu'il le soit. Ce n'est pas tous les jours qu'on fête ses
vingt-neuf ans à l'autre bout du monde, dans un pays qui a pas mal
secoué notre vision du monde, avec devant les yeux des paysages
fascinants, rarement croisés auparavant.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'étais dans la salle du petit
déjeuner de notre hôtel à Hpa-An, une petite ville située en bord
de rivière au sud du Myanmar, tout proche de la frontière avec la
Thaïlande. Bangkok n'était pas si loin. J'avais presque
l'impression d'avoir fait une boucle. Je tenais entre mes mains un
sachet de café en poudre appelé « Birthday ». J'étais
prête à entamer une nouvelle année qui allait me mener,
tranquillement, vers une nouvelle décennie.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Jaime, Ryan et moi étions arrivés la
veille à Hpa An, dont d'autres voyageurs nous avaient longuement
vanté les mérites. Comme d'habitude, nous étions arrivés au
milieu de la nuit. Un chauffeur nous avait dégotté un hôtel dans
lequel nous avions négocié une chambre double où nous pouvions
nous entasser à trois. La routine. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je voulais absolument me
trouver dans un endroit qui me plaisait pour mon anniversaire. Au
départ, je n'avais pas misé sur le Myanmar : j'avais
rapidement compris que les villes ici étaient assez peu propices à
la fête ou à la détente. Je m'imaginais davantage sur une plage de
sable blanc, comme à Koh Rong, ou avec mes nouveaux amis hippies de
Pai ou de Don Det. Et pourtant, à peine avions-nous commencé à
circuler dans Hpa An que je m'y suis sentie bien. J'étais heureuse
d'avoir quitté la foule oppressante de Mandalay pour me retrouver à
nouveau au bord de la rivière. Les rues de Hpa An étaient beaucoup
plus calmes. Nous y croisions de minuscules cantines où nous
commandions à l'aveugle de nouvelles spécialités de nouilles, les
papilles exaltées. Il y avait un je-ne-sais-quoi de différent dans
cet endroit. Quelque chose qui fit que, dès que j'y posai le pied,
je compris que j'avais trouvé l'endroit parfait pour passer cette
étape importante, d'une année à l'autre.</div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le jour de notre arrivée, nous avions
aussi retrouvé Brayden, qui voyageait en compagnie de Lily, une
Néerlandaise qu'il avait rencontrée sur une page Facebook de
voyageurs solo. Le Myanmar peut s'avérer très cher pour des
personnes seules qui ne peuvent pas partager le prix des chambres, et
les dortoirs sont non seulement peu fréquents, mais aussi très
coûteux. Il avait donc pris le parti, pour cette fois-là, de
chercher un <i>travel buddy</i>
avant d'arriver dans le pays. La boucle que lui et moi faisions à
travers le Myanmar se croisait enfin, et nous avions prévu de passer
nos deniers jours dans ce pays ensemble. En le retrouvant, je me
refis la même réflexion : il paraissait plus détendu, plus
lumineux qu'au début du voyage, et sa barbe de quelques jours, ses
cheveux retenus par un improbable bandeau multicolore renforçaient
cette impression.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ce
sont eux qui m'ont convaincue de les suivre pour l'ascension du Mont
Zwegabin. 3 000 marches, environ une heure, une heure et demie pour
atteindre le sommet sur lequel sont perchés un temple et un
monastère. Je n'ai pas dit oui tout de suite. Il y a quelques années, alors que je vivais en Suède,
je faisais beaucoup de <i>running</i>
sur des routes en béton... jusqu'à me fêler les deux ménisques.
Depuis, mes genoux sont fâchés non seulement avec la course, mais
aussi avec les escaliers. Le fait de grimper 3 000 marches le jour de
mes vingt-neuf ans ne me paraissait pas être l'idée du siècle. Quelque part, je me disais aussi qu'un échec ne serait que la confirmation que, décidément, on n'est plus tout jeune. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais
ce matin-là, au petit-déjeuner, tenant mon sachet de « Birthday »
entre les doigts, <a href="http://www.milleetune-vies.com/2014/08/05082014-grimper-une-montagne-en.html" target="_blank">je me suis souvenue des montagnes que j'ai escaladées</a>. Je me suis souvenue de l'Arménie et du Mont Kinabalu et
j'en suis venue à la conclusion qu'il fallait, au contraire, que je
monte ces marches. Ce voyage en Asie était, depuis le début, le
symbole d'un passage à autre chose, une autre étape dans ma vie,
une sorte de rituel pour laisser partir l'ancien, accueillir le
nouveau. Même si je suis une grimpeuse très occasionnelle, ces
ascensions ont toujours été porteuses de sens pour moi.
Alors, pour célébrer au mieux ce nouveau cycle, ce nouvel
anniversaire, il fallait grimper.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai
emballé mes genoux dans des bandes élastiques que Ryan m'a prêtées
et nous nous sommes mis en route avec Jaime, Brayden, Lily et Anna,
une Allemande qui partageait leur chambre dans une auberge de
jeunesse plus centrale que notre hôtel à nous. Il était encore
tôt, car nous voulions éviter la chaleur de midi. Et puis, ce fut
la première marche.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* L'ascension des 3 000 marches menant au sommet du mont Zwegabin *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwxDei7-I_K_WwaATMN__MYSB3bxJ044V4S0CEC6f8AJ21E0j-wjl8fDlp_riYW5qqIFz30pYVZhNTkt_QWkoyhA3GyP15wWLnVeMjFFXSEWmXDI_EY8o76zQ1y6nvTo4LVZ_kKGXtDbZb/s1600/2016-01-29+08.51.53.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwxDei7-I_K_WwaATMN__MYSB3bxJ044V4S0CEC6f8AJ21E0j-wjl8fDlp_riYW5qqIFz30pYVZhNTkt_QWkoyhA3GyP15wWLnVeMjFFXSEWmXDI_EY8o76zQ1y6nvTo4LVZ_kKGXtDbZb/s640/2016-01-29+08.51.53.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-q-s12_gpdN0/WHw2CzRAF_I/AAAAAAAABfU/bD5LKdbJsAAXDErE-eQGk71Bx-7cMFfyACLcB/s1600/2016-01-29%2B09.22.52.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-q-s12_gpdN0/WHw2CzRAF_I/AAAAAAAABfU/bD5LKdbJsAAXDErE-eQGk71Bx-7cMFfyACLcB/s640/2016-01-29%2B09.22.52.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-mOGi50TqxdE/WHw2Da_0BxI/AAAAAAAABfY/meMDA2dcqu884PKgCncCpruWAHu87G9OACLcB/s1600/2016-01-29%2B09.22.59.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-mOGi50TqxdE/WHw2Da_0BxI/AAAAAAAABfY/meMDA2dcqu884PKgCncCpruWAHu87G9OACLcB/s640/2016-01-29%2B09.22.59.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir7OLchcJR3sM4ZTIOvrMUDhF_U0fDAjf0c-SoXwccmztMgSogmIB9XpLGvabS7x_8fe-MwUbyJY8TnVKpXI5AMo3R0D3jwso_Zeo_M_rJs-8YMl4jNUdwQSP77zx8UoYsLeonRa-0yyi5/s1600/2016-01-29+10.29.32.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEir7OLchcJR3sM4ZTIOvrMUDhF_U0fDAjf0c-SoXwccmztMgSogmIB9XpLGvabS7x_8fe-MwUbyJY8TnVKpXI5AMo3R0D3jwso_Zeo_M_rJs-8YMl4jNUdwQSP77zx8UoYsLeonRa-0yyi5/s640/2016-01-29+10.29.32.jpg" width="480" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Rapidement,
Lily, Jaime, Brayden et Ryan, un peu plus entraînés que moi, sont
partis devant et je suis restée avec Anna. Son rythme était plus
lent que le mien, nous faisions des pauses fréquentes, mais j'étais
heureuse de prendre ce temps. Je voyais, petit à petit, le décor
s'élever au-dessus de moi. Je ne pensais pas à grand chose d'autre
que cela « une marche après l'autre, et puis l'autre, et ensuite, le sommet ». Lorsque Anna a commencé à se décourager, je me
suis rappelée de cette ascension arménienne. Alors, je lui ai
raconté. Comme j'avais abandonné, près du sommet de la montagne en
Arménie, et à quel point j'avais été en colère. Je lui ai dit
que le mont Kinabalu était une toute autre histoire mais que
pourtant, il ne m'avait fallu que quelques mots d'encouragement de
notre guide pour que j'aille jusqu'au bout. Et surtout, je lui ai dit
que nous avions le temps. L'essentiel, c'était de mettre un pied
devant l'autre. Quel que soit le rythme et le nombre de pauses
nécessaires. En faisant cela, on finit toujours par atteindre le
sommet.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je me
suis dit que c'était décidément une bonne leçon de vie dont je devrais me souvenir plus souvent. Tous les jours, par exemple. Et pas seulement quand je peux philosopher en escaladant une montagne.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Des
messages étaient gravés dans la pierre de certaines marches.
<br />
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« No
pain, no gain ».
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Don't
give up ».
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Forget
me ».</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Forget
me »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Forget
me »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Forget
me »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je
n'avais rien à oublier et puis, surtout, je ne crois pas à l'oubli.
Ni à sa possibilité, ni à ses vertus. Nous pouvons toujours
essayer d'effacer certaines choses en surface en les enfonçant dans
notre terreau intérieur, cela reste le meilleur moyen de les ancrer en nous
encore plus profondément. Mais ce message résonnait en moi.
« Forget me », « forget me », « forget
me ». Comme une purge. Un mantra pour laisser quelque chose en moi couler, pour déposer un poids ici, sur ces marches, et ne pas l'emporter plus loin.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Lorsque
nous sommes arrivés en haut des marches, j'étais à peine fatiguée.
Les quatre autres nous attendaient dans une petite cantine en se
promettant de partir ensemble faire un trek au Népal. Curieusement,
je n'avais pas envie de me précipiter dans le temple, posé au
sommet, qui offrait une vue à 360° sur la vallée. Je voulais
prendre mon temps, profiter de chaque marche, aussi symbolique
soit-elle. J'ai mangé mon bol de <i>noodles</i>
avec délectation, j'ai écouté les plans de voyage des autres, j'ai
profité de l'eau fraîche à disposition. Et puis, nous sommes allés
voir le temple.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Une
gigantesque <i>stupa </i>dorée
était posée au sommet de la montagne et, tout autour, nous pouvions
circuler sur des dalles de pierre chauffées par le soleil. Il y
avait l'odeur de l'encens et le bruit cristallin des petites cloches
que le vent faisait tinter. Cette ambiance si apaisante valait mille
fois plus que tous les bars dans lesquels j'avais fêté mes
précédents anniversaires. Nous voyions, à perte de vue, d'autres
montagnes sur lesquelles scintillaient d'autres temples dorés. Nous
étions au-dessus des nuages et mon esprit y était aussi.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Là-haut sur la montagne *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-hNdzSStdZhs/WHw2F-MKPSI/AAAAAAAABfk/GNfV_pA6CjY0zQgBnHMeWxi2MV_e-vixgCLcB/s1600/2016-01-29%2B11.14.37.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-hNdzSStdZhs/WHw2F-MKPSI/AAAAAAAABfk/GNfV_pA6CjY0zQgBnHMeWxi2MV_e-vixgCLcB/s640/2016-01-29%2B11.14.37.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-LxmI02I4KFM/WHw2H8vnPXI/AAAAAAAABfo/5Krmd_0pSAM0hE8xFXib9l1SnZo-AdeSQCLcB/s1600/2016-01-29%2B11.36.04.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-LxmI02I4KFM/WHw2H8vnPXI/AAAAAAAABfo/5Krmd_0pSAM0hE8xFXib9l1SnZo-AdeSQCLcB/s640/2016-01-29%2B11.36.04.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-EW6pkFBgFMQ/WHw2bH4uAXI/AAAAAAAABf0/K4Rjy_2gwzswtRxfvkvnbx_83btNyjBhwCLcB/s1600/13151392_10154211890594744_4590421392705360535_n.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="360" src="https://2.bp.blogspot.com/-EW6pkFBgFMQ/WHw2bH4uAXI/AAAAAAAABf0/K4Rjy_2gwzswtRxfvkvnbx_83btNyjBhwCLcB/s640/13151392_10154211890594744_4590421392705360535_n.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Lorsque
nous sommes redescendus, mes genoux étaient extrêmement douloureux
et tout mon corps était raidi, mais je me sentais légère. Nous
avons continué à déambuler dans Hpa-An, l'après-midi, mais cette
fois, Ryan m'avait acheté des guirlandes de Noël pour me faire un
vêtement d'anniversaire. Tout le reste de la journée, j'ai porté
mes nouveaux ornements magiques avec une superbe couronne que Jaime
avait trouvée. Partout où j'allais, les enfants riaient – et
lorsque l'on expliquait ce qu'il se passait, je recevais des
chansons d'anniversaire dans toutes les langues.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-ywxDh1Iferg/WHw2baTa2DI/AAAAAAAABf8/vCkGSDDaUlYnas3JZUCZyhMYBPlS4JqcgCLcB/s1600/13096108_10154211890794744_5602842980510902635_n.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="320" src="https://2.bp.blogspot.com/-ywxDh1Iferg/WHw2baTa2DI/AAAAAAAABf8/vCkGSDDaUlYnas3JZUCZyhMYBPlS4JqcgCLcB/s320/13096108_10154211890794744_5602842980510902635_n.jpg" width="240" /></a>J'ai
gardé mes guirlandes même lorsque nous sommes allés voir la <i>bat
cave </i>: tous les soirs, au
moment du coucher du soleil, un demi million de chauve-souris
s'envolent d'une des grotte pour aller chasser. Au même moment, les
aigles viennent pour attaquer ce flot continu de proies et s'offrir
un dîner. Un peu avant 17h, nous étions donc installés sur un
rocher, à distance de la grotte. Peu de temps après nous, des
rapaces sont arrivés, tournoyant calmement dans le ciel, annonçant
le spectacle imminent. Et soudain, un long ruban noir s'est défilé
depuis l'un des trous de la montagnes. En bruit de fond, le
claquement des ailes de ces centaines de milliers de mammifères
venait froisser le silence du crépuscule. Je pensais les voir sortir
en un nuage bourdonnant, le temps de quelques minutes. Mais non. Les
chauve-souris volaient en une file et se séparaient, à distance de
la montagne, en petits groupes qui partaient dans des direction
différentes. Au total, ce long défilé dura environ vingt minutes.
De temps à autre, les aigles piquaient, traversaient le flot pour attraper leur repas. Tout semblait organisé, calculé à la
minute près. Au bout de vingt minutes, le silence est retombé. Les
chauve-souris étaient toutes sorties et chassaient dans différents
endroits. Les aigles étaient partis digérer.<br />
<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* File indienne de chauve-souris sur soleil couchant *</i></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<i style="text-align: center;"><br /></i>
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg97Wi6cgsRtkfFXNwxCxOo6IS6h9h7EMxNMYtG9PSx4mVb4_hklFSLbl35hR5WLTEsRxdG8XPoEdHTjWae3_UCzVSklup4mlU_lQCURkcfW48Y17r42vo0NeIYdXtP7bJHxlWLbz9maFu3/s1600/2016-01-29+17.40.44.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg97Wi6cgsRtkfFXNwxCxOo6IS6h9h7EMxNMYtG9PSx4mVb4_hklFSLbl35hR5WLTEsRxdG8XPoEdHTjWae3_UCzVSklup4mlU_lQCURkcfW48Y17r42vo0NeIYdXtP7bJHxlWLbz9maFu3/s640/2016-01-29+17.40.44.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-Q6a76ttQiB4/WHw2IqhziYI/AAAAAAAABfs/91We2YOOA-Arxz9VDaXxxSl1n1Vm365FACLcB/s1600/2016-01-29%2B17.50.01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-Q6a76ttQiB4/WHw2IqhziYI/AAAAAAAABfs/91We2YOOA-Arxz9VDaXxxSl1n1Vm365FACLcB/s640/2016-01-29%2B17.50.01.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je me
souviendrai toujours du coucher de soleil qui accompagna notre
tuk-tuk nous ramenant dans le centre-ville de Hpa An, ce soir-là. Je
n'avais encore jamais vu un ciel aussi doré. Tout, dans ce pays,
semblait doré. Le ciel, les nuages, les statues, le cœur des
personnes qui m'entouraient, et ma tête, petit à petit, se dorait
elle aussi. Le soir, nous nous sommes installés dans un petit
restaurant qui ne payait pas de mine – comme tous les autres –
mais que nous avions choisi parce qu'il était le seul à proposer
des bières à la pression. Il y avait Brayden, Jaime, Ryan, Lily et
Anna. Je ne les oublierai jamais.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous
nous sommes mis en marche vers l'hôtel. En cours de route, une
voiture s'est arrêtée pour nous proposer de nous ramener. Il
s'agissait d'un couple. Ils n'allaient même pas vraiment dans notre
direction mais ont insisté pour nous y déposer.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
De
cette journée, de mon passage à mes vingt-neuf ans, me restera la
sensation d'un gigantesque sourire gravé au milieu de ma poitrine, et l'image de visages aussi étincelants que les murs des <i>stupas</i>. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-l7o457wg8Bc/WHw2bCFnYII/AAAAAAAABf4/gkixM1N3WT0GmzmZFwqN2zVegTxA1dc5wCLcB/s1600/13174004_10154211890684744_8101847238121036633_n.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="360" src="https://4.bp.blogspot.com/-l7o457wg8Bc/WHw2bCFnYII/AAAAAAAABf4/gkixM1N3WT0GmzmZFwqN2zVegTxA1dc5wCLcB/s640/13174004_10154211890684744_8101847238121036633_n.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<i>* B-day party *</i></div>
</div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-75703775175699972402016-10-29T04:24:00.003-07:002016-10-29T05:28:28.109-07:0026.01.2016 - La chute<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-tHTOYbjWU7I/WAsxCpHqjgI/AAAAAAAABeg/6eO5Q7yaiUk-PUOji61akmzxbfPx5veNACLcB/s1600/2016-01-29%2B09.15.14.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-tHTOYbjWU7I/WAsxCpHqjgI/AAAAAAAABeg/6eO5Q7yaiUk-PUOji61akmzxbfPx5veNACLcB/s640/2016-01-29%2B09.15.14.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Parler de voyage, c'est parler de rêve.
Surtout le voyage au long cours, sac au dos, tel un aventurier à la
conquête du monde et de nouveaux horizons, partant un couteau suisse
entre les dents et une polaire Quechua sur le dos. On m'a souvent dit
à quel point j'étais courageuse de partir comme ça, seule, à
l'autre bout du monde – quand vraiment, le seul courage dont j'ai
l'impression d'avoir fait preuve, c'est d'avoir à un moment donné
mis en off mon esprit rationnel le temps de cliquer « valider »
sur le site de la compagnie aérienne. En dehors de ça, n'ayant ni
affronté de tigres à mains nues, ni dormi au milieu d'une jungle
remplie de tribus cannibales, tout s'est toujours déroulé à peu
près simplement.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En réalité, la vie quotidienne, en
dehors du voyage, me paraît beaucoup plus compliquée. Il faut
s'impliquer dans des relations, construire un parcours, pièce par
pièce, avancer, faire confiance. Il est beaucoup plus difficile de
tricher sur le long terme que dans un dortoir d'auberge de jeunesse.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais finalement, de ça, on parle peu.
De l'héroïsme quotidien. Lorsqu'on navigue sur les blogs voyage,
partout, on rencontre cette injonction au courage de suivre son
instinct, se reconnecter avec sa vraie nature, qui l'on est vraiment,
on voit des personnes qui sourient de mille dents, avec des fleurs
dans les cheveux sur fond de coucher de soleil sur des plages au
sable blanc. Des choses qui sont finalement assez faciles à faire, entre une excursion dans une montagne et une heure de snorkeling sur les plus belles plages du monde. J'aimerais bien avoir aussi ce genre de speech de
motivation pour trouver cette même inspiration dans mon quotidien.
« Suivre son instinct » et « être qui l'on est
vraiment » dans la réalité de la vie de tous les jours, et
pas seulement dans les vagues bleu turquoise de l'autre bout du
monde.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
On parle rarement des mauvais côtés
du voyage. Ou alors si, pour s'échanger des conseils pratiques ou
montrer à quel point on s'est sorti héroïquement d'une situation.
On peut parler de l'intoxication alimentaire puissance cinq que l'on
a chopée en mangeant du serpent, parce que mine de rien, c'est
exotique. C'est différent. Ce n'est pas ce que le commun des mortels
connaît.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Oui, mais le quotidien ? La
fatigue émotionnelle que cela implique de rencontrer toujours de
nouvelles personnes ? L'envie d'un retour à la normalité que
tout le monde avec un sac à dos considère comme ennuyeuse ? Les mêmes discours,
rabâchés dix fois, cent fois ?
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous en discutions il y a peu avec ma très chère Laurie. Elle me parlait des blogueurs voyage professionnels,
qui vivent de cette passion. Les ayant vus à l’œuvre, elle
m'expliquait que finalement, ce mode de vie ne la faisait pas rêver.
« C'est un vrai job. » Avec des deadlines, des collègues
dont la tête ne vous revient pas, du chiffre à faire, des contrats
à remplir. Le tout sans pouvoir vraiment admettre qu'on rencontre
les mêmes problèmes qu'au quotidien. Ca enrayerait la machine à
rêve.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je parle de tout ça, parce que le
moment le plus dur, mais aussi un des plus constructifs, de mon
voyage, celui qui finalement a été un sacré tournant, était
extrêmement banal. Il n'a pas eu lieu dans la solitude d'un temple
perché au sommet d'une colline, ou dans la confrontation physique
aux forces naturelles. Non. Je me suis juste engueulée avec
quelqu'un.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il faut dire qu'on n'est pas vraiment
préparé à ça, via les blogs de voyage et les profils Instagram.
On nous prépare à la solitude, aux rencontres malveillantes. On a
l'impression qu'on ne va rencontrer que des gens qui pensent comme
nous, qui respirent comme nous, qui sont gentils comme nous, et avec
qui, éloignés du stress et de la morne vie quotidienne, on ne vivra
que des moments courts mais intenses</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En tous cas, moi, je n'étais pas
préparée à la bonne vieille engueulade des familles. Surtout que
je suis loin d'avoir un caractère belliqueux. Pour être honnête,
je crois qu'une engueulade de ce type, lors de mes deux jours passés
à Mandalay a été la seule de ma vie – avec un ami en tous cas.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il est inutile de revenir sur les
conditions de cette embrouille. Pourquoi, comment, qui, finalement,
peu importe. Ce qui importe, c'est l'état dans lequel je me suis
sentie après.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Anéantie.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je ne comprenais pas – et lui-même
me l'avait dit d'ailleurs – pourquoi je prenais aussi mal cette
grosse anicroche avec quelqu'un que je ne connaissais de toute façon
que depuis quelques jours et que je ne reverrai peut-être même pas.
Toujours est-il que le lendemain de cette dispute, je crois que je
n'ai jamais autant détesté quelqu'un de ma vie.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Pourquoi ? Parce qu'il avait
déchiré le voile.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le voile d'une vie idéale entre les
plages du Cambodge et les montagnes birmanes.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Cette nuit entre cris et larmes m'a
fait tomber pleine face sur la dure réalité : ici, comme
ailleurs, rien ne change. Je pourrais parcourir la terre entière,
les choses en moi que j'ai pu essayer de fuir ne disparaîtront pas.
Je ne changerai pas parce que j'ai traversé un continent via le
ciel. Les démons resteraient les mêmes, tapis dans un coin, jusqu'à
ce que l'adrénaline du mouvement et de la nouveauté redescende.
Jusqu'à ce que le quotidien – la réalité – ne refasse surface.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Dans le bus de nuit qui m'amenait de
Mandalay à Hpa-An, j'ai repassé ma vie en marche arrière. Les
blessures passées sous silence, les crises de larmes, de boulimie,
les trous noirs, l'ennui, les désillusions, la lutte pour comprendre
comment ça marche, tout ça, comment c'est censé fonctionner, et
pourquoi ça ne fonctionne pas plus simplement. Je me suis dit que ça
ne servait à rien de faire semblant que tout cela n'existait pas, de
penser qu'il suffisait de tourner le dos, en se disant « je
vais changer », pour que tout se passe effectivement comme ça.
Parce qu'à tout moment, peu importe à quel point on pourrait se
bercer d'illusions, de publications Facebook et de murs Pinterest, à
tout moment la réalité allait refaire surface. Alors, peut-être
valait-il mieux l'accepter, la réalité, travailler avec ce matériau
plutôt que de lui tourner le dos.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Rien ne sert de brûler une terre et de
l'abandonner. Il vaut mieux en prendre soin pour la faire refleurir.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
D'autant plus que si le voyage m'a
montré qu'il ne suffisait pas de changer de continent pour se
changer soi-même, il a révélé des bourgeons pendant que je
fouillais ma propre terre. Une indépendance. Une force, peut-être
pas physique, mais mentale. Une résilience. Une capacité à ne
jamais me retrouver seule, dans n'importe quelle situation, une
capacité à rassembler. Tout ça, ce n'était pas du changement :
c'était une révélation.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Cette nuit-là, j'ai rêvé que mon
visage avait brûlé et que ma peau pelait, qu'elle se décomposait.
Signe très parlant d'une étape franchie. Et en effet, je crois qu'à
partir de là, mon voyage n'a plus été le même. Mon voyage a
commencé à se transformer : il n'était plus uniquement centré sur
la jouissance de l'instant, mais une préparation progressive de mon
retour à une vie quotidienne enrichie. <br />
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'avais commencé à trouver ce que
j'étais venue chercher. Mais il fallait repasser par la France – ou en tous cas par le berceau de ma vie - pour que cela ait un sens. Parce que oui, le voyage permet d'apprendre énormément, sur soi-même, sur les autres. Oui, le voyage permet de "se reconnecter à soi-même" et "suivre ses instincts". Mais ce savoir a finalement peu d'importance si on ne l'utilise jamais pour le quotidien. Que ce quotidien se déroule à Mandalay ou à Issy les Moulineaux.<br />
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<i>« Sagesse du présent, certes, et
je veux bien que tout présent soit instantané. Mais enfin nous
durons, d'instant en instant, et c'est ce que signifie exister. « Le
dur désir de durer », disait Eluard : peu de phrases
rendent aussi bien, me semble-t-il, l vrai goût de la vie... Il ne
s'agit pas de vivre, comme l'animal selon Nietzsche, attaché au
« piquet de l'instant ». Ni de s'abêtir dans le no
future des punks ou des idiots.
On ne peut pas vivre dans l'instant, puisque la vie est durée.
Bergson, ici, a dit l'essentiel, et il est sans doute impossible,
quand on vit, de n'être pas du tout bergsonien. Le tout qui nous est
donné dure, et nous
avec, et nous dedans : ce n'est pas l'instant qu'il faut
cueillir, mais l'éternel présent de ce qui dure et passe. C'est où
mystiques, poètes et philosophes se rencontrent. « Carpe
Diem », disait Horace ;
mais ce jour recueilli, ou recueilli, s'il est vécu en vérité,
c'est l'éternité même. » </i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
André Comte Sponville, <i>L'amour
la solitude</i></div>
<br />
<br />
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-40049461540224501632016-10-21T03:34:00.000-07:002016-10-21T03:49:49.772-07:0019-25.01.2016 - Sérénité (de Hsipaw à Pyin Oo Lwin)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisxoi6Lt5SN-zGcnUef6RrrfN8HZ-6yfa74DfDEULUx5rxvSt9kt6S_7Do2lkZle8E_1RwvRa7AOY_5ajIXixCU37F73lPHDOAjFEOSLKS_AZ6hmMblDiCNSRTch4v_mERmbdLEnhUbJA/s1600/2016-01-20+13.33.11.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisxoi6Lt5SN-zGcnUef6RrrfN8HZ-6yfa74DfDEULUx5rxvSt9kt6S_7Do2lkZle8E_1RwvRa7AOY_5ajIXixCU37F73lPHDOAjFEOSLKS_AZ6hmMblDiCNSRTch4v_mERmbdLEnhUbJA/s640/2016-01-20+13.33.11.jpg" width="640" /></a></div>
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<br /></div>
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Nous voyagions vite. Un ou deux jours dans chaque location, et puis, un autre bus traversant la nuit pendant des heures et des heures, pour nous déposer dans une autre ville. Les routes que l'on ne voit pas, que l'on ne décèle pas dans l'obscurité, jusqu'à ce qu'un camion débarque, au détour d'un virage, sans que notre conducteur ralentisse. Arriver avant le lever du soleil. Taper aux portes, négocier un lit à partager à trois ou quatre pour diviser les coûts. Dormir quelques heures, manger dans un petit restaurant à <i>shan noodles</i>. Repartir.</div>
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<br /></div>
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Et au milieu de tout ça, la sérénité. Comme une torpeur délicieuse dans le corps et dans l'esprit, alimentée par les longues heures de route, souvent inconfortables, et les soupes épicées pour combattre la fatigue.</div>
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<br /></div>
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La sérénité. Elle s'est d'abord installée avec le bruit du vent qui faisait tinter les clochettes en haut des deux mille cinq cents stupas rassemblées comme un bouquet de pierre à Kakku, à deux heures de route de Nyang Shwe. L'air paraissait doux entre ces mausolées à l'architecture ciselée. Il fallait marcher pieds nus sur les pierres chauffées par le soleil. Je fermais les yeux, j'écoutais le bruit fins des clochettes et me retrouvais face au Bouddha d'émeraude de Bangkok, au premier jour de mon voyage, avec le même sourire sans effort au coin des joues.<br />
<br /></div>
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<br /></div>
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<br /></div>
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<br /></div>
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<i><br /></i></div>
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<i>* Les stupas de Kakku et le son du vent dans les clochettes *</i></div>
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<br /></div>
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<i><br /></i></div>
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Elle m'a suivie à Hsipaw, à 14h de bus de Nyang Shwe. La ville est âpre, branlante, comme la plupart des villes du Myanmar. Mais ses alentours sont superbes. Nous avions loué des scooters avec Will, Jeff, Jaime et Ryan et, pendant deux jours, nous avons sillonné les paysages de montagnes sèches, et les villages shan où les enfants nous regardaient toujours avec curiosité. Nous nous sommes perdus, souvent, à la recherche d'un bassin naturel ou d'une cascade cachés loin de la route principale, mais nous trouvions toujours sur notre chemin un visage souriant, confiant, qui nous emmenait jusqu'à destination. A l'inverse de notre rythme effréné, d'hôtels en hôtels, nous prenions le temps. De nous arrêter longuement au pied de la cascade. D'observer la fabrication du sucre de canne dans une minuscule fabrique familiale qui se résumait à une maison en bambou et trois générations rassemblées autour de gigantesques chaudrons dans lesquels le fils faisait bouillir la canne à sucre coupée en morceaux par le grand-père.</div>
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<br /></div>
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<table border="0" cellpadding="4" cellspacing="0" style="text-align: center; width: 100%px;"><colgroup><col width="128*"></col><col width="128*"></col></colgroup><tbody>
<tr valign="TOP"><td sdnum="1036;" sdval="1" width="50%"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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</td><td sdnum="1036;" sdval="2" width="50%"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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</td></tr>
<tr valign="TOP"><td sdnum="1036;" sdval="3" width="50%"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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</td><td sdnum="1036;" sdval="4" width="50%"><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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</td></tr>
</tbody></table>
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<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbBQEqvYnbQ8pPdIT0jL96bvSWG2FiJ40e43wobiz4YE7gSdOIKEOhkWRQteHK_wNrUwn9XyHT1n3JWb1iR8j3EKNHWxtEF1ypnH0EcKzEMOVMiRyBQb7wx6hxBw0o74hJBiSi0vKaKEY/s1600/2016-01-23+11.54.49.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: center;"><br /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0oGJQflEG1cCTigAR0p59iNofJ_3c1rRw4KCG-fCDhL-mvLA7r7-wEwY3i9CrVfiTxJyTHrTKE_UAPk3390uqKY2rnRf2gBuaQR7MJ7hzob-Ho_F4-mxkvjbwG9alVamt_345YCPXo5o/s1600/2016-01-23+11.56.38.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><br /></a></div>
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<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<span style="text-align: justify;"><i>* La fabrication du sucre de canne & les alentours de Hsipaw*</i></span></div>
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<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
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<br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtV5-5cNcaKVeZIlmd01hBcG4t-bequq_1zrE5BJxSdpnBgINGZAaspDS_8L24ASQT2t955QZVBhtc33scynrNebgj6uUPFWrUSB9dUdow8bjCjzfjzmqNscd8o0Sr82nKgr8Z0ZaiM4s/s1600/2016-01-23+11.05.09.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtV5-5cNcaKVeZIlmd01hBcG4t-bequq_1zrE5BJxSdpnBgINGZAaspDS_8L24ASQT2t955QZVBhtc33scynrNebgj6uUPFWrUSB9dUdow8bjCjzfjzmqNscd8o0Sr82nKgr8Z0ZaiM4s/s640/2016-01-23+11.05.09.jpg" width="480" /></a></div>
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Elle a pris le train avec nous, le temps d'un trajet entre Hsipaw et Pyin Oo Lwin. Pendant sept heures, nous avons regardé, fascinés, le lent défié des rizières à la fenêtre. Sur cette portion, les rails roulent sur le gigantesque aqueduc de Gokteik, qui enjambe une gorge de près de 100m de profondeur et de plus de 300m de large. Le paysage est impressionnant. Le train roule lentement sur la construction, en apparence fragile, qui date du début du XXè siècle. Sur les côtés, des plateformes accueillaient plusieurs Birmans qui regardaient passer le train en souriant, en agitant les mains. Sensation étrange : comment étaient-ils arrivés là ? Avaient-ils marché sur les rails ? Y'avait-il des escaliers le long des grands pieds de métal ? Me concentrer sur cette question m'évitait de penser au vertige qui me prenait en regardant le sol défiler, tout en bas de la gorge. Et puis, doucement, le soleil s'est couché, juste avant notre arrivée à destination.</div>
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<br /></div>
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Elle m'a encouragée à ne pas avoir peur en sautant dans les chutes d'eau de Dat Taw Gyaint. Elle a calmé les scénario catastrophe en boucle dans mat tête. Je me suis quand même un peu explosé les pieds sur les rochers que j'ai touchés, au fond de l'eau. Mais ce n'était pas grave. Il n'y avait plus rien de grave. </div>
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<br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhckq4coVo5tDZelJewSl45-fmeaGlH02qzaa7mSgpgQlM3EEXwzuj10t6RVK_mlkGCgxSmx8Jj0B1BTgWCCmv8AQU-zDxInxKfqY73R5SpoZ4zLpoWFFLj6TGND6m3SkX-IqcTs0U7lFo/s1600/2016-01-24+11.46.48.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhckq4coVo5tDZelJewSl45-fmeaGlH02qzaa7mSgpgQlM3EEXwzuj10t6RVK_mlkGCgxSmx8Jj0B1BTgWCCmv8AQU-zDxInxKfqY73R5SpoZ4zLpoWFFLj6TGND6m3SkX-IqcTs0U7lFo/s640/2016-01-24+11.46.48.jpg" width="640" /></a></div>
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<br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGhdiS-RBIthin_GtriNT46uXP1CmOPWCJU18icLKxMGnrJipdf2rik8-BFCY6CwbVBVi0t1S72wcNSNSEpZrm_EICJWq7rLcAWJreVhyTkycoS_w2EdoKrpfTHZ7qxitgnW1sk6Hz3Ak/s1600/2016-01-24+15.59.33.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGhdiS-RBIthin_GtriNT46uXP1CmOPWCJU18icLKxMGnrJipdf2rik8-BFCY6CwbVBVi0t1S72wcNSNSEpZrm_EICJWq7rLcAWJreVhyTkycoS_w2EdoKrpfTHZ7qxitgnW1sk6Hz3Ak/s640/2016-01-24+15.59.33.jpg" width="640" /></a></div>
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<i>* Les chutes de Dat Taw Gyaint *</i></div>
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<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle s'est nourrie des autres. Elle s'est nourrie des retrouvailles avec Brice et Fanny dans un hôtel aux couleurs des années 70, le Gypsy Motel de Nyang Shwe. Un jardin pour boire quelques Mandalay, trinquer au reste du voyage qui nous attend. Et un petit-déjeuner ultra complet avec, encore une fois, nos <i>shan noodles </i>préférées. Nous avons laissé Brice et Fanny à Nyang Shwe, quelques jours avant que le virus de la dengue les assomme tout les deux, les forçant à rentrer à Bangkok.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle s'est nourrie des fissures de Ryan dont il m'a parlé quand le ciel lui-aussi se fractionnait, à la tombée du jour. Nous avions roulé toute la journée et nous étions tous retrouvés au sommet d'une montagne surplombant la ville, dans un temple qui offrait le meilleur point de vue pour le coucher de soleil. Pendant les quelques premières secondes d'obscurité, le silence s'abat, souvent. Le temps de faire la transition. Et puis, on remet son costume de ville pour redescendre dans les restaurants, le trafic et le fourmillement de vies à apprendre. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle s'est nourrit d'une nuit dans un gigantesque hôtel vide, à Pyong Oo Lwin, The Orchid, où nous avions pu bénéficier d'une suite deluxe qui faisait le double de la taille de mon appartement. Etalés sur les deux lits simples, nous avons fait revivre une ambiance de campus universitaire, poussant une musique dégueulasse à fond, arrosée de whisky birman et de confessions intimes (les vraies, pas l'émission).</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle s'est nourrie, surtout, des retrouvailles avec Brayden à Hispaw, entouré de tout un groupe de nouvelles personnes que je ne connaissais pas. Il avait changé : ses cheveux avaient poussé, sa barbe aussi, et il avait l'air d'être plus calme, plus serein. Je me suis dit que j'avais du changer aussi. Que peut-être, mon visage à moi, comme le sien, avait l'air moins crispé que lorsque nous nous étions rencontrés à Kanchanaburi, deux mois plutôt. Fidèle à lui-même, il avait déjà repéré les meilleurs spots pour manger et boire des jus de fruit (Mr Food et Mr Shake, facile). Nous nous sommes à nouveau séparés au bout de 24h : les nuits sont chères au Myanmar, les villes peu engageantes à la relaxation. Une fois qu'on a vu ce qu'on voulait y voir, on avant vers une autre étape – et Brayden n'échappait pas à cette règle. Nous nous sommes donnés rendez-vous au sud du pays quelques jours plus tard – ce n'était pas encore le moment des adieux.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Elle m'a suivie encore un peu, sur quelques routes, dans quelques nuits. Et puis elle s'est crashée à Mandalay. <br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-Q_MRAvXiKx4/WAnytIAZRAI/AAAAAAAABeI/Ns7IyWWwLpc8J2U0HYm92CuDJS0Gf4RUQCLcB/s1600/2016-01-31%2B09.00.29.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://3.bp.blogspot.com/-Q_MRAvXiKx4/WAnytIAZRAI/AAAAAAAABeI/Ns7IyWWwLpc8J2U0HYm92CuDJS0Gf4RUQCLcB/s640/2016-01-31%2B09.00.29.jpg" width="480" /></a></div>
<br /></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-56306461757752401922016-07-25T07:00:00.001-07:002016-07-25T07:00:47.992-07:0018.01.2016 - Inle Lake : plongée dans un Lonely Planet grandeur nature. <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-6pyzurpSKow/V5YKIRMExhI/AAAAAAAABa8/Cw8ecb6GUngw28ySIm4mDXj4IQSj1Pa8wCLcB/s1600/2016-01-19%2B15.02.52.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-6pyzurpSKow/V5YKIRMExhI/AAAAAAAABa8/Cw8ecb6GUngw28ySIm4mDXj4IQSj1Pa8wCLcB/s640/2016-01-19%2B15.02.52.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Au lendemain du premier jour de notre
trek, nous nous sommes réveillés tôt pour descendre doucement vers
Inle Lake, notre destination. Nous avancions cette fois dans une
brume matinale recouvrant les petites montagnes qui paraissaient
bien pâles, au lever du jour. Cette fois, mes tibias me faisaient un
mal de chien et le chemin en pente n'allait pas aider.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Après quelques heures de marche, nous
sommes arrivés à Inle Lake, un gigantesque lac de 116 m² qui, avec
une telle superficie, ressemble davantage à un océan qu'à un lac.
Comme la plupart d'entre nous n'aviaient absolument rien organisé,
nous avons continué à suivre Amélie, la seule qui avait planifié
les choses un peu plus en amont, et avait déjà une réservation
dans une auberge de jeunesse à Nyaungshwe, une petite ville située
au bord du lac. Pour rejoindre cette destination, et comme nous avions du temps,
notre guide nous a proposé de faire un tour en bateau dans le marché
flottant construit sur pilotis sur un des côtés du lac. Un long
dédale d'allées aquatiques dont la beauté surpasse de loin ce que
j'avais pu voir dans les <i>khlongs</i> à Bangkok au tout début de
mon voyage.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-dKDa4iLbbtI/V5YIUA2s19I/AAAAAAAABaY/y8niijEUOHU-AdyGJr5ukXfHMp_T_bEwQCLcB/s1600/2016-01-19%2B13.07.17.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-dKDa4iLbbtI/V5YIUA2s19I/AAAAAAAABaY/y8niijEUOHU-AdyGJr5ukXfHMp_T_bEwQCLcB/s640/2016-01-19%2B13.07.17.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-TF4o6IvtTGo/V5YJfSXaiEI/AAAAAAAABao/umu7wWRsFmYZKJ3g_9BuTggwtvim3AtrACLcB/s1600/2016-01-19%2B14.12.26.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-TF4o6IvtTGo/V5YJfSXaiEI/AAAAAAAABao/umu7wWRsFmYZKJ3g_9BuTggwtvim3AtrACLcB/s640/2016-01-19%2B14.12.26.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-sngZ5RuFQK0/V5YIXYAi6GI/AAAAAAAABac/xX0OBw0gHWsPlyuwhsOlhm0PPGMS5Q11ACLcB/s1600/2016-01-19%2B12.55.17.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-sngZ5RuFQK0/V5YIXYAi6GI/AAAAAAAABac/xX0OBw0gHWsPlyuwhsOlhm0PPGMS5Q11ACLcB/s640/2016-01-19%2B12.55.17.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous sommes montés sur une longue
barque en bois fine, dans laquelle nous devions nous asseoir bien en
face à face, avec précaution, pour ne pas la faire chavirer. Il
faisait une chaleur écrasante et nous étions épuisés par la
longue marche, mais l'eau du lac venait nous rafraîchir et je crois
que nous étions tous plutôt excités à l'idée de se laisser
tranquillement porter par le bateau. Sauf que. Ca ne s'est pas tout à
fait passé comme nous l'avions prévu : la balade n'a pas été
qu'un doux flottement entre les rives du grand lac. Nous sommes
rentrés tête la première dans les pages d'un guide touristique
avec de très belles photos, certes, mais très loin de la chaleur
humaine de notre feu de camp de la veille.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Malgré notre réticence affichée,
nous avons du nous plier aux différents passages obligés plus ou
moins imposés par nos deux guides qui nous ont arrêtés dans
différentes boutiques pour touristes, selon ce qui semblait être un
itinéraire parfaitement étudié à l'avance. Des fabriques de
bijoux en argent, de parapluies, de tissus faits à base de lotus et
de soie, des cigares. Chaque fois, nous observions des Birmans en
pleine fabrication des différents produits et tombions en syncope
devant les prix de vente de la marchandise. Il semblerait qu'un
tourisme de luxe se développe au Myanmar, sans doute de riches
Chinois qui viennent notamment à Inle Lake pour résider dans de
magnifiques hôtels montés sur pilotis et acheter des étoles
avoisinant les 500 $. Nous ne faisions pas vraiment partie de ce
public là.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-095hI_oacY4/V5YJRSqRSJI/AAAAAAAABag/8xGYNvhv8Ws_s1chm8EyVj5E9ZS2tN0hgCLcB/s1600/2016-01-19%2B13.16.39.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-095hI_oacY4/V5YJRSqRSJI/AAAAAAAABag/8xGYNvhv8Ws_s1chm8EyVj5E9ZS2tN0hgCLcB/s640/2016-01-19%2B13.16.39.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Dans la fabrique de bijoux en argent *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-fP_Veoo1kE8/V5YJSSuceeI/AAAAAAAABak/N5AEmmbt0U0OOvwNicztJgNfY5CvjaV5ACLcB/s1600/2016-01-19%2B14.19.37.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-fP_Veoo1kE8/V5YJSSuceeI/AAAAAAAABak/N5AEmmbt0U0OOvwNicztJgNfY5CvjaV5ACLcB/s640/2016-01-19%2B14.19.37.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Tissage de tissu en fibres de lotus et en fil de soie *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-649rgSiIaHk/V5YKII_O93I/AAAAAAAABa4/NpJKpASs-msvUs0cVyow80xAEIjYBVGGACLcB/s1600/2016-01-19%2B14.21.32.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-649rgSiIaHk/V5YKII_O93I/AAAAAAAABa4/NpJKpASs-msvUs0cVyow80xAEIjYBVGGACLcB/s640/2016-01-19%2B14.21.32.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Face à ces arrêts forcés, les
différentes personnalités ont aussi commencé à se révéler dans
le groupe. Certains contenaient avec peine leur agacement et
montraient clairement leur opposition en refusant de mettre les pieds
dans les boutiques. D'autres suivaient sagement le parcours, sans
trop s'attarder, juste histoire de faire ce qu'on nous avait dit de
faire. D'autres en profitaient pour partir à la rencontre avec les
locaux. C'est comme ça que nous avons retrouvé Ryan en train de
tester le bétel.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le bétel est une de ces choses qui marquent au Myanmar, qui marquent la rétine comme la mémoire, tout comme le maquillage jaune du
bois de Thanaka. Il s'agit en fait de feuilles d'une plante grimpante, le bétel, badigeonnée
d'une sorte de chaux, et dans lesquelles sont roulées des noix issues du même arbre, les noix d'arec, avec du tabac et d'autres épices. Les Birmans mâchent ce
mélange à longueur de journée. Ce serait une substance stimulante,
mais aussi une drogue très addictive. Elle est notamment utilisée
par les chauffeurs, taxis comme routiers, qui l'utilisent pour rester
éveillés après les longues heures derrière leur volant.
Problème : le mélange est cancérigène et pourrit les dents.
La noix d'arec mastiquée colore toute la bouche et la salive en
rouge. On les voit, très souvent, régurgitant de longs crachats rouge écarlate qui laissent sur le sol des traces qu'on pourrait prendre
pour des gouttes de sang. La première fois que j'ai vu mon chauffeur
de taxi, à Yangon, cracher son bétel, j'ai cru qu'il avait une
hémorragie interne.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais ces couleurs se sont incrustées
dans ma rétine. Visage jaune sable. Lèvres rouge sang.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ryan s'est donc lancé dans la dégustation du bétel et vu que sa tête est devenue aussi rouge que les crachats qui colorent le sol, je crois qu'il a regretté. Petite joueuse, j'ai juste mastiqué un petit bout de noix sans le mélange d'épice. C'était dur et avait un goût de terre. Pas prête de devenir accro.<br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Je vous laisse faire une recherche Google Image des ravages du bétel sur les dents, mais SPOILER ALERT, c'est moche. * </i></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Après notre parcours dans ce petit Disneyland birman sur pilotis, nous avons finalement quitté le
marché flottant pour arriver sur l'immensité du lac. Et là, tout
le monde s'est tu. Il se dégageait de ce paysage une incroyable
sérénité. L'eau à perte de vue, calme comme un miroir. Le ciel
bleu qui le prolongeait. Et ça et là, des petites barques sur
lesquelles étaient juchés des pêcheurs, debout, un pied enroulé autour de leur rame, en équilibre, pour la manier en gardant libres leurs deux mains qui tenaient d'énormes paniers en forme de cône avec lequel ils attrapent le poisson. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous avons navigué entre ces étranges silhouettes, jusqu'à nous approcher de l'un d'entre eux qui, soudain, a commencé à se pencher sur le
côté, en équilibre, posant son panier sur un pied qu'il levait
dans une position très étrange. J'étais trop occupée à me
demander ce qu'il fabriquait et à apprécier le calme du lac pour
penser à prendre mon appareil photo mais Ali, lui, a tiré son
portrait. Erreur. Notre barque s'est arrêtée à proximité du
pêcheur qui a réclamé de l'argent en échange de son acrobatie et
de la photo prise.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Conclusion : non, la pose que tous
ces pêcheurs prennent sur les photos des guides touristiques sur le
Myanmar n'a rien de naturelle.
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-OhVdC66OFZ4/V5YZ-l5cW0I/AAAAAAAABbQ/IZ3KN0roy8oVxFZIUWp6QWVwH3-6E0DaACLcB/s1600/p%25C3%25AAcheur%2Bbirman.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="426" src="https://4.bp.blogspot.com/-OhVdC66OFZ4/V5YZ-l5cW0I/AAAAAAAABbQ/IZ3KN0roy8oVxFZIUWp6QWVwH3-6E0DaACLcB/s640/p%25C3%25AAcheur%2Bbirman.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Photo piquée sur <a href="http://www.labalaguere.com/">http://www.labalaguere.com</a> *</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais finalement, tout ça ne faisait
rien. La beauté du paysage, le calme de l'eau qui s'accordait
parfaitement à mon corps délassé, avachi dans la barque et à mes
os qui se réchauffaient sous le soleil après le froid glacial de
notre nuit dans les hauteurs, tout ça rendait bien dérisoires ces
petits attrapes-touristes qui, en plus, n'avaient rien d'agressifs.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous avons été débarqués à
Nyaungswhe puis emmenés à Song of Travel, l'auberge de jeunesse la
plus chère que j'ai payée dans tout ce périple asiatique (14 $
pour un lit en dortoir) mais tellement confortable que je n'ai pas
regretté mes billets pour une nuit, seule sur mon matelas moelleux.
Il était temps de faire une pause. Nous avons lavé nos vêtements, pleins de la poussière ocre des montagnes, dans les douches, le pressing - que l'on paye à la pièce et non au kilo au Myanmar - étant trop cher pour nos petits portefeuilles de backpacker. Nous avons mangé encore des <i>shan noodles, </i>la spécialité de nouilles de la région. Nous avons acheté encore une bouteille de whisky birman et nous sommes rassemblés sur le gigantesque <i>rooftop</i> de notre auberge. D'autres nous ont rejoint. A moitié allongés sur des transats, nous avons fait ce qu'on fait peut-être le mieux quand on voyage mais dont les guides touristiques ne peuvent pas parler : apprendre à nous connaître, nous-mêmes comme tous les autres. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-49227509641294886562016-07-16T07:39:00.000-07:002016-07-21T00:32:21.285-07:0017-18.01.2016 : Trek de Kalaw à Inle Lake - où l'on voit briller l'espoir autour des feux de camps. <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-IH-lpYMfc-4/V4o_xMgx-3I/AAAAAAAABZ8/oHhj-HMuFQAlheso2-vsAScURM-epQc2QCLcB/s1600/2016-01-19%2B08.12.24.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-IH-lpYMfc-4/V4o_xMgx-3I/AAAAAAAABZ8/oHhj-HMuFQAlheso2-vsAScURM-epQc2QCLcB/s640/2016-01-19%2B08.12.24.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Je
n'arrive pas à dire si le Myanmar restera mon étape préférée de
ce voyage en Asie du Sud Est. C'est bien possible. Ce qui est sûr,
c'est que le pays est <i>très</i>
différent de tous les autres que j'ai visités. Le fait que le
tourisme y soit encore très peu développé y est sans doute pour
beaucoup : sans véritable industrie du voyage comme on le
trouve chez ses voisins, les services sont encore un peu balbutiants
et il est beaucoup plus difficile – voire impossible – pour le
voyageur qui le voudrait de se réfugier dans des jolis <i>resorts</i>
ou de prendre des trains VIP pour se couper de la réalité du pays. A
moins peut-être de pouvoir vraiment aligner les dollars sans les
compter. Là-bas, la réalité, on est en plein dedans. En tous cas
dans les zones auxquelles on a accès. Soit le haut de l'iceberg. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-nYsPLMzP8Xo/V4o_OgAJKYI/AAAAAAAABZg/PyVQiskialwfhEJU-C_pELSXDtOQDjG8ACLcB/s1600/2016-01-18%2B15.36.16.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-nYsPLMzP8Xo/V4o_OgAJKYI/AAAAAAAABZg/PyVQiskialwfhEJU-C_pELSXDtOQDjG8ACLcB/s640/2016-01-18%2B15.36.16.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">On
considère que la fin de la dictature au Myanmar remonte à 2011
seulement, lorsque la junte militaire a laissé place à un pouvoir
civil, accompagné d'une nouvelle constitution et d'élections
législatives. Evidemment, le processus n'est pas si simple et la
démocratie ne se fait pas du jour au lendemain. Certaines régions
du pays sont encore interdites d'accès voire nécessitent un permis
spécial pour s'y rendre. Notamment ces zones dites de « tension »
où la minorité musulmane du pays, les Rohingya, sont persécutés
et parqués dans des camps autour desquels règne un silence pesant.
Un silence qui semble se craqueler, petit à petit, mais encore bien
trop doucement. Des vagues de migrants de plus en plus importantes
s'échappent du Myanmar pour trouver refuge dans toute l'Asie du Sud
Est. On me demandait récemment s'il y avait des exemples
d'extrémisme dans les pays bouddhistes. La réponse est donc
malheureusement « oui ». Le Dalaï Lama a condamné ces
violences à plusieurs reprises et a demandé aux moines birmans
prenant part à ces persécutions de se « souvenir du visage du
Bouddha ». Mais comme pour tous discours spirituels, chacun
interprète la voix sacrée comme il l'entend, avec son lot de
dérives. On ne le dira jamais assez : ces dérives là ne sont
pas propres à une religion. Elles sont propres à l'être
humain aveuglé par la peur de sa propre mort. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Consciente
de ce conflit qui pourrit au Myanmar depuis plusieurs années, je
dois dire que j'avais un certain dilemme moral à m'y rendre.
Avant 2011, Aung San Suu Kyi, principale opposante à la junte
pendant des années avec son parti, la Ligue Nationale pour la
Démocratie, incitait les touristes à ne pas visiter le pays, pour
ne pas soutenir une dictature qui s'était pourtant lancée dans une
campagne de séduction internationale pour développer son économie.
Mais voilà : le jour où je prenais l'avion pour commencer mon
voyage, j'ai vu sur les écrans télé de l'aéroport Charles de
Gaulle que le parti d'Aung San Suu Kyi venait de remporter les
élections législatives. Et petit à petit, l'idée de me rendre
dans un pays qui connaissait une période de changement aussi
historique a fait son chemin. Non pas que je comptais soudainement me
transformer en reporter sans frontières, mais tout de même. Moi qui
me sentais perdre pied dans le fatalisme et le sentiment
d'impuissance qui règne dans mon pays, je voulais voir
l'effervescence. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">C'était
un bien grand mot, que celui d'effervescence. Le changement est lent,
très lent, et la culture du pays fait que l'on reste encore très
discret sur ses opinions politiques, ou son ressenti personnel.
Mais ce que j'ai pu entendre, ça et là, au détour d'un mot ou
d'une petit réflexion, ce sont des gouttes d'espoir. Des petites
gouttes qu'il a fallu aller chercher un peu en dehors des sentiers
battus. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/--XUMzbRkqAs/V4o99QTiGBI/AAAAAAAABY0/L_wpUCtGsswJAFvC3XUweUmqtdrbgXBZwCLcB/s1600/2016-01-18%2B09.38.53.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/--XUMzbRkqAs/V4o99QTiGBI/AAAAAAAABY0/L_wpUCtGsswJAFvC3XUweUmqtdrbgXBZwCLcB/s640/2016-01-18%2B09.38.53.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-yMilzGhPPss/V4o_MdWyjvI/AAAAAAAABZc/qaoj3PpsGc4JoFbXiJkAA5BLzuocyq_dwCLcB/s1600/2016-01-18%2B15.00.08.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-yMilzGhPPss/V4o_MdWyjvI/AAAAAAAABZc/qaoj3PpsGc4JoFbXiJkAA5BLzuocyq_dwCLcB/s640/2016-01-18%2B15.00.08.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Nous
avons quitté Bagan le soir pour arriver à Kalaw, une fois encore,
au beau milieu de la nuit. Dans le bus, nous avions rencontré Amélie
qui prévoyait de faire un trek de deux jours jusqu'à Inle Lake le
lendemain alors, comme nous n'avions rien d'autre à faire, nous
avons décidé de la suivre. Kalaw est situé à 1320 m d'altitude :
le choc thermique a été un peu rude en descendant de notre
véhicule. La traditionnelle chasse au logement s'est soldée par un
monumental fou rire quand nous avons essayé de nous entasser à sept
dans une chambre double, avant qu'Ali ne prenne la sage initiative de
demander s'il n'y avait pas une deuxième pièce disponible. Et puis,
quelques heures de sommeil plus tard, il a fallu se mettre en route
vers les minuscules villages habités par le peuple Shan, emmenés
par notre guide, Sam. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Depuis
trois mois ou presque, je voyageais dans des paysages souvent
luxuriants aux tons vert émeraude, arrosés par des cascades ou par
le Mékong. Cette fois, la terre était sèche, brûlée. L'herbe
jaune se tirait la bourre avec une terre crevassée légèrement
ocre. Il y avait quelques arbres, maigres, courts sur pattes. Et à
perte de vue, des collines rases, des champs de maïs où ne
restaient que les feuilles desséchées, et ça et là, des petites
pointes de couleur rouge amenées par les cultures de piment.</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-utDdbWds0W8/V4o985HayTI/AAAAAAAABYw/vVVG68GvmMcqJjiFxIKfL28DuLa-g5hYwCLcB/s1600/2016-01-18%2B10.34.58.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-utDdbWds0W8/V4o985HayTI/AAAAAAAABYw/vVVG68GvmMcqJjiFxIKfL28DuLa-g5hYwCLcB/s640/2016-01-18%2B10.34.58.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-xDNZ_1WvRzo/V4o_LOQzokI/AAAAAAAABZY/10SV7dcKstUQkHYzZcuhHHpIlCIg6VbJwCLcB/s1600/2016-01-18%2B12.02.23.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-xDNZ_1WvRzo/V4o_LOQzokI/AAAAAAAABZY/10SV7dcKstUQkHYzZcuhHHpIlCIg6VbJwCLcB/s640/2016-01-18%2B12.02.23.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Au
bout de plusieurs heures de marche, nous nous sommes arrêtés dans
un premier village pour boire un thé. Il y avait peu de monde, mais
beaucoup d'animation. Des groupes d'hommes étaient affairés à
rassembler du bambou, à le couper en rondins ou en fines et longues
lamelles qu'ils tissaient ensuite pour en faire des façades :
le village entier était en train de construire une nouvelle maison
pour une famille qui en avait besoin d'une. Tous ensemble, et
gratuitement. Juste un travail d'entraide. Je les ai longuement
regardés, sur leurs échafaudages en bambou : la structure de
la maison était déjà montée. Peut-être allaient-ils construire,
comme pour les autres, un premier étage en ciment, avant de poser
les façades qu'ils étaient en train de tisser. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-jiacBqHbRNw/V4o9-E7BELI/AAAAAAAABY4/NsSH6l0lsVIgroQTUa5DABQ1hyQrB4HKgCLcB/s1600/2016-01-18%2B10.51.05.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-jiacBqHbRNw/V4o9-E7BELI/AAAAAAAABY4/NsSH6l0lsVIgroQTUa5DABQ1hyQrB4HKgCLcB/s640/2016-01-18%2B10.51.05.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-_FFb4vrVv9U/V4o-YLJ48rI/AAAAAAAABZE/l5A484UxVvUES1My7xOpjEYHizvqObhoACLcB/s1600/2016-01-18%2B10.59.00.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-_FFb4vrVv9U/V4o-YLJ48rI/AAAAAAAABZE/l5A484UxVvUES1My7xOpjEYHizvqObhoACLcB/s640/2016-01-18%2B10.59.00.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-XhK_8RX9b5I/V4o-XWA-xUI/AAAAAAAABZA/8L83xmVdlBgdiiB6udX_UHUZgrS79JMDwCLcB/s1600/2016-01-18%2B11.01.37.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/-XhK_8RX9b5I/V4o-XWA-xUI/AAAAAAAABZA/8L83xmVdlBgdiiB6udX_UHUZgrS79JMDwCLcB/s640/2016-01-18%2B11.01.37.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Un
peu plus loin, nous nous sommes arrêtés dans une école. Les
enfants étaient dehors : une partie d'entre eux jouaient aux
osselets ; les autres répétaient avec leur maître une
chorégraphie très étudiée sur « Uptown Funk » de
Bruno Mars. Je n'ai pas eu le droit de jouer aux osselets (à priori
parce que je suis une fille) mais Jaime et moi avons pu rejoindre la
danse... répétée inlassablement des dizaines et des dizaines de
fois. Ce n'était pas un spectacle de fin d'année, comme je l'avais
pensé au début : en nous éloignant de l'école, notre guide
nous a expliqué que la classe participait à une sorte de concours
de talents. Les élèves les plus doués étaient repérés par
d'autres établissements qui pouvaient leur proposer de poursuivre
leur scolarité chez eux. Pour les autres, il faudrait sans doute
rester au village, faute de moyen.</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-bkNtbuH7rhY/V4o-VUT1KaI/AAAAAAAABY8/22yOGazg5Z4rP-4qc2_zffWrhUk0Vkg2gCLcB/s1600/2016-01-18%2B11.10.34.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-bkNtbuH7rhY/V4o-VUT1KaI/AAAAAAAABY8/22yOGazg5Z4rP-4qc2_zffWrhUk0Vkg2gCLcB/s640/2016-01-18%2B11.10.34.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-uq19rgXgzXE/V4o-wdNxkNI/AAAAAAAABZI/YyulYvTzRrUDGlQP_4bOM0nBIygKohfJQCLcB/s1600/2016-01-18%2B11.12.48.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-uq19rgXgzXE/V4o-wdNxkNI/AAAAAAAABZI/YyulYvTzRrUDGlQP_4bOM0nBIygKohfJQCLcB/s640/2016-01-18%2B11.12.48.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-BOpmW9E_2NA/V4o-yDE7ESI/AAAAAAAABZM/VaObWdf6-MIVkRt3kjonpuKVTC0Q_hJoQCLcB/s1600/2016-01-18%2B11.14.46.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-BOpmW9E_2NA/V4o-yDE7ESI/AAAAAAAABZM/VaObWdf6-MIVkRt3kjonpuKVTC0Q_hJoQCLcB/s640/2016-01-18%2B11.14.46.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Nous
avons continué notre route parmi les champs et les troupeaux de
bœufs jusqu'à un autre minuscule village où nous devions passer la
nuit. Nous avions marché vite, bien plus vite que les autres groupes
qui faisaient le même trek que nous. Nous avons été installés
dans une des maisons du village, construite de la même manière que
celle dont nous assistions plus tôt à l'échafaudage : un
première étage en ciment abritant une étable pour leurs bovins et
à l'étage, une gigantesque pièce dans laquelle étaient alignés
tous nos matelas. La cuisine se faisait dehors, sur un petit feu de
bois, pas loin des toilettes qui se résumaient à un trou creusé
dans le sol, entouré d'une petite cabine en bambou. Je n'ai pas
visité la « salle de bain », elle aussi à l'extérieure,
qui devait se résumer à un tuyau d'arrosage d'eau glacée. J'ai
préféré accompagner une partie du groupe à la minuscule épicerie
du village pour acheter quelques bières Mandalay à boire autour du
feu. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Nous
avons regardé le soleil se coucher dans un champ, derrière la
maison, avant de rejoindre notre guide et le cuisinier qui nous
accompagnait autour du feu de bois, dans la cour de notre maison
d'accueil. C'est là, avec la chaleur des flammes, la chaleur de la
bière et du whisky birman, la chaleur de la guitare de Chris et des
cigares sucrés, que les langues se sont déliées, intimement. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-zIoA5uk5wH0/V4o_k91TeZI/AAAAAAAABZw/arrVkonuPZ0dKoYEzi3Dm3yrn4dnFNFmACLcB/s1600/2016-01-19%2B07.18.20.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-zIoA5uk5wH0/V4o_k91TeZI/AAAAAAAABZw/arrVkonuPZ0dKoYEzi3Dm3yrn4dnFNFmACLcB/s640/2016-01-19%2B07.18.20.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-dpmLQSf15Hg/V4o_k7DNqbI/AAAAAAAABZ0/fjpFnDg7mfwMQPXAKJ2A_jFQvOf_9JdYgCLcB/s1600/2016-01-19%2B07.27.36.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-dpmLQSf15Hg/V4o_k7DNqbI/AAAAAAAABZ0/fjpFnDg7mfwMQPXAKJ2A_jFQvOf_9JdYgCLcB/s640/2016-01-19%2B07.27.36.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-gghk7Dkthfk/V4o_iukVrSI/AAAAAAAABZs/3jyznuRS3eQZ7fW1WPhIHA4hPM8la6RZQCLcB/s1600/2016-01-19%2B07.31.12.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-gghk7Dkthfk/V4o_iukVrSI/AAAAAAAABZs/3jyznuRS3eQZ7fW1WPhIHA4hPM8la6RZQCLcB/s640/2016-01-19%2B07.31.12.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Sam
nous a parlé de sa vie : son malheur est d'être tombé
amoureux d'une femme d'une autre tribu. Ils ont une interdiction
formelle d'être ensemble, et lorsque sa mère a appris leur
relation, elle a forcé son fils à rompre. Pas à cours de
ressources, tous les deux ont trouvé un emploi comme guide dans la
même agence : ils peuvent continuer à se voir au travail. Mais
pas plus. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Alors
on essaye de comprendre, avec notre propre naïveté. Qu'est-ce que
ça peut bien faire si ta mère n'est pas d'accord ? Il se
passerait quoi ? Tu veux rester vivre dans ton village ?
Sam nous parle un peu plus de ses conditions de vie. Il montre la
maison dans laquelle nous allons dormir : « Vous voyez, il
n'y a pas d'eau courante ni d'électricité ici. Alors qu'il y en a à
Yangon et dans d'autres grandes villes. C'est pour ça qu'on a voté
pour Aung San Suu Kuyi : elle, elle nous a promis que l'énergie
serait partagée pour tout le monde. »</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Il
est donc là, l'espoir. L'égalité, la démocratie, elle pourrait
commencer par ça, par un juste partage des énergies. Ou plutôt,
par une considération égale pour tous les êtres humains du pays.
Citadins ou ruraux. Bouddhistes ou musulmans. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Ce
soir-là, au milieu de la nuit, j'ai du me relever pour aller dans la
cabine de bambou dans la cour. Il faisait un froid terrible et j'ai
eu la peur de ma vie en me retrouvant nez à nez avec un buffle sur
mon chemin. Nous dormions presque à même le sol dans la grande
pièce à l'étage, en rang d'oignons sous d'énormes édredons. Je
n'ai jamais voulu tomber dans le romantisme facile en contemplant le
« bonheur véritable de ces personnes qui n'ont rien ».
Mais je n'aurais échangé ma place pour rien au monde ce soir là.
J'aurais voulu rester plus longtemps, prendre le temps d'apprendre à
communiquer avec ceux qui vivaient là pour comprendre. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">Parce que tout d'un coup, j'avais comme l'impression d'être plongée dans un univers qui se rapprochait le plus de ce que ma famille avait peut-être vécu il y a plus de soixante ans, cette petite partie de notre histoire que je n'arrive toujours pas à imaginer, qui reste dans l'ombre. J'ai beaucoup pensé à vous pendant ce séjour au Myanmar, à cet espoir d'une vie
meilleure qui a du vous habiter pour vous arracher à votre pays
natal, à ce désespoir animal qui fait traverser les mers sur des
bateaux qui partent vers un territoire complètement inconnu. Est-ce
à ça qu'elle ressemblait votre vie, là-bas ? Qu'est-ce que
vous imaginiez en débarquant ici ? Et cet espoir que vous
aviez, pourquoi est-ce que je ne le ressens plus, moi ? Elle est
passée où, cette étincelle ? </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;">J'ai continué à la chercher dans les pays d'Asie. Mais je crois bien l'avoir vue
briller dans les yeux de Sam. A moins que ce n'ait juste été le feu
de bois et la fin de la bouteille de whisky. </span>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-rcfOjnUbtCo/V4o_w2wpB8I/AAAAAAAABZ4/yWCgASkDCTQDGqY6lsgILWEDki0u3ZS2wCLcB/s1600/2016-01-19%2B07.55.15.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-rcfOjnUbtCo/V4o_w2wpB8I/AAAAAAAABZ4/yWCgASkDCTQDGqY6lsgILWEDki0u3ZS2wCLcB/s640/2016-01-19%2B07.55.15.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial;"></span></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-77889857557072727052016-06-15T11:02:00.001-07:002016-06-15T11:02:48.947-07:0015-16.01.2016 : Les 3 000 temples de Bagan - souvenir ému d'une meute au coucher du soleil. <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1F1UK92ZcZMaHO4lLWQCZkAAej6Z-t6WNz1gUsN_52P7IXgLrW2oXOsx0wfiEyX_twrwZ78Jw8zseXnrCb07vswrLgwZHIUjTEF0MaJThRNS6b-80-FzcRt3-qunqtk8uQaRXhPxj0w-S/s1600/2016-01-16+15.06.41.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1F1UK92ZcZMaHO4lLWQCZkAAej6Z-t6WNz1gUsN_52P7IXgLrW2oXOsx0wfiEyX_twrwZ78Jw8zseXnrCb07vswrLgwZHIUjTEF0MaJThRNS6b-80-FzcRt3-qunqtk8uQaRXhPxj0w-S/s640/2016-01-16+15.06.41.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Voyager au Myanmar n'est pas de tout
repos. Si j'avais quand même pu bénéficier d'un certain confort
dans les pays précédents, même avec un budget vraiment mini, cette
fois la situation était différente : le tourisme s'y développe
doucement, au même titre que les services, les transports, les
hébergements, encore un peu rachitiques – en tout cas pour les
backpackers. Ce qui signifie que les trajets sont longs, sans confort
et que le peu de concurrence en terme de logements entraîne des prix
à la nuit très, très hauts comparés aux autres pays d'Asie du Sud
Est. Pour donner un exemple, c'est au Myanmar que j'ai payé mon
dortoir le plus cher (14 $), tandis que les chambres d'hôtel
tournent autour de 20 $. Pas terrible pour le voyageur solo. Mais
comme je disais, dans mon article précédent, le voyageur solo est
un mythe, et nous avons vite trouvé des arrangements.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Une autre chose que j'ai découverte au
Myanmar, c'est que par un curieux hasard d'emploi du temps, les bus
pour aller d'un endroit à un autre arrivent systématiquement au
milieu de la nuit. Et pas un truc pratique genre, à 6h du matin, ce
qui permet de prendre un petit déj', d'aller chercher une chambre
dans les hôtels qui commencent à ouvrir et d'économiser une nuit.
Non. Genre, à 3h du matin. Quand tu n'as pas vraiment eu le temps de
dormir dans le bus et que tu grinces des dents à l'idée de payer
une chambre pour une nuit aux trois quarts commencée. Bon. C'est un
rythme à prendre. Et nous, c'est à Bagan que nous nous sommes faits
les dents, dans le « pays des 3000 temples », soit la
destination la plus touristique du Myanmar.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Après dix heures de bus, nous sommes
donc arrivés au milieu de la nuit, et au milieu de nulle part. Nous
n'avons même pas eu le temps de récupérer nos sacs dans la soutes
qu'une horde de chauffeurs de taxi nous est tombée dessus pour nous
emmener dans le centre ville. Nous, nous étions un peu paumés,
bouffis de sommeil, sans réservation, et la seule chose que nous
savions vaguement, c'est que la région était divisée en trois
endroits : New Bagan, le plus cher, Old Bagan, un peu moins
cher, et Nyaung U, le plus modeste. Difficile de se mettre d'accord
au sein de notre groupe, qui s'était d'ailleurs agrandi de deux
Français, Fanny et Brice, que nous avions récupéré après que la
pauvre Jaime ait été aveuglée pendant une partie du trajet par
leur liseuse. Après de longues minutes de discussion ponctuées par
les HURLEMENTS des chauffeurs de taxi qui nous pressaient comme des
malades, nous nous sommes tous engouffrés dans un grand van, qui,
après nous avoir emmenés au poste officiel pour régler les 20 $
obligatoires simplement pour rentrer dans la région de Bagan, nous a
demandés où nous voulions aller.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Bin, on ne sait pas. A Nyaung
U.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
-Oui, mais dans quel hôtel ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
-On ne sait pas, on n'a rien réservé.
Un endroit pas cher. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Là, j'ai cru qu'on perdait le
chauffeur qui s'est mis soit à paniquer pour nous, soit à se
demander ce qu'il allait bien pouvoir faire de cette bande de
branques qui débarquent à 3h du matin dans l'endroit le plus
touristique du pays sans réservation. Après avoir décrypté que sa
phrase, répétée en boucle, « no cheese during high season »,
ne signifiait PAS qu'il y avait une pénurie de fromage, mais que
tout était « cher » (« cheap ») pendant la
saison haute, nous lui avons demandé de nous laisser n'importe où.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Cette technique paraît tout à fait
désespérée, c'est vrai, mais elle a fait ses preuves, surtout à
Bagan. Ce soir-là, nous avons toqué à la porte d'une auberge et
réveillé une petite madame qui ne comprenait pas très bien
l'anglais, mais qui n'en avait pas besoin pour comprendre que nous
cherchions des lits et pour nous expliquer qu'elle n'en avait plus.
Mais après quelques minutes de balbutiements entre elle et nous,
elle nous demandé de la suivre : elle nous proposait de nous
installer dans une sorte d'entrée, située à l'étage, vide, et qui
donnait directement sur un grand balcon. Elle avait plusieurs matelas
que nous pouvions partager, et nous proposait de payer « seulement »
10$ pour deux nuits (puisqu'elle ne compterait pas la première,
tronquée).
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-g4lnAjZOB7Q/V2GSfe_498I/AAAAAAAABVs/X503s71qxgAVjFbtHbWiOmD2aK2WRv4KgCLcB/s1600/2016-01-16%2B11.11.49.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-g4lnAjZOB7Q/V2GSfe_498I/AAAAAAAABVs/X503s71qxgAVjFbtHbWiOmD2aK2WRv4KgCLcB/s640/2016-01-16%2B11.11.49.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Pyjama party & frigo plein *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-yAMHHxz4p1U/V2GSbrtmmLI/AAAAAAAABVk/eIOyuhmn5WAjcO5RNEV578R9wZdLSb71wCLcB/s1600/2016-01-16%2B11.23.24.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="400" src="https://2.bp.blogspot.com/-yAMHHxz4p1U/V2GSbrtmmLI/AAAAAAAABVk/eIOyuhmn5WAjcO5RNEV578R9wZdLSb71wCLcB/s400/2016-01-16%2B11.23.24.jpg" width="300" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Voir cet endroit après les longues
heures de bus et de flottement, installer les matelas au sol comme on
préparerait une soirée pyjama avec mon nouveau groupe de <i>copaings</i>,
c'était presque le Paradis. Nous avions tout ce qu'il nous fallait.
C'était même mieux qu'un dortoir. Nous avions un balcon - et pour
sécuriser nos affaires, nous avions un vieux frigo vide dans lequel
nous avons enfermé nos objets de valeurs avec mon cadenas. Bref,
c'était notre espace à nous et nous en faisions ce que nous en
voulions.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le
lendemain, c'est donc en meute que nous sommes partis découvrir
l'ancien royaume de Bagan et les quelques 2000 temples restants sur
les 10 000 qui existaient à l'origine qui émaillent des plaines
arides, poussiéreuses, entre jaunes et rouges. Les étrangers n'ont
pas le droit de circuler en scooter – à tel point que lorsque
Chris ira à son rencard avec la fille de celui qui se disait « chef
du village » (de Nyuaung U, sûrement), elle viendra le
récupérer dans une petite ruelle, à l'écart, pour que personne ne
la voit le faire monter sur son scooter. Nous avons donc loué des
vélos à moitié crevés dans notre hôtel pour aller nous crever
nous-mêmes sous la chaleur tapante. Et nous avons déambulé, toute
la journée, entre les innombrables structures en pierre, stupa et
temples, en nous arrêtant quand nous le voulions, ou selon les
recommandations des marchands de rue et des enfants nous demandant de
leur donner des pièces de nos pays « pour leur collection »,
qu'ils essayent ensuite d'échanger de nouveau auprès d'autres
touristes contre des kyats birmans, cette fois. On trouve à Old
Bagan les bâtiments les plus anciens, parfois des ruines, les moins
pris d'assaut par les voyageurs. New Bagan, ce sont les plus grands
temples, souvent restaurés, garnis de hauts boudas dorés et de
statues aux traits fins. C'est aussi là que nous avons pu admirer le
soleil se coucher à l'horizon de ces grandes plaines, avec, à perte
de vue, d'autres stupas qui s'étendent loin, très loin. Le matin,
c'est aussi là que s'élèvent les montgolfières multicolores
accompagnant l'aurore, cette fois.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0kh_ulHxscFsbArchJrkrIZWUA80RfRankc2fMHP6DfirYcmKj_7l1ck-0ibZQ9qDIWBsww2Br2VwMBhNYvgpURjyM14Hgjt1YswNQAYfnPMlbywZtU5_GFrSu2nYP8KciRkQjprj83dp/s1600/2016-01-16+13.57.41.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0kh_ulHxscFsbArchJrkrIZWUA80RfRankc2fMHP6DfirYcmKj_7l1ck-0ibZQ9qDIWBsww2Br2VwMBhNYvgpURjyM14Hgjt1YswNQAYfnPMlbywZtU5_GFrSu2nYP8KciRkQjprj83dp/s640/2016-01-16+13.57.41.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-jGrJCwrjgWo/V2GS_LOmHEI/AAAAAAAABWY/K2kg1yWhPLcB6i3Q_zciEFfrAZ68ZQq1wCLcB/s1600/2016-01-16%2B14.28.25.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-jGrJCwrjgWo/V2GS_LOmHEI/AAAAAAAABWY/K2kg1yWhPLcB6i3Q_zciEFfrAZ68ZQq1wCLcB/s320/2016-01-16%2B14.28.25.jpg" width="240" /></a> <a href="https://4.bp.blogspot.com/-ew6GV4hJuig/V2GTH2GmfPI/AAAAAAAABWg/UtgN1n9B55wmqrYZvuO1luiUhCHt-N8egCLcB/s1600/2016-01-16%2B15.14.22.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="320" src="https://4.bp.blogspot.com/-ew6GV4hJuig/V2GTH2GmfPI/AAAAAAAABWg/UtgN1n9B55wmqrYZvuO1luiUhCHt-N8egCLcB/s320/2016-01-16%2B15.14.22.jpg" width="240" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-hyXiymdcnuY/V2GTrIa9C5I/AAAAAAAABXQ/-VhVuPfgkq4_7-W-f9t4lfv-srLHnPDlACLcB/s1600/2016-01-16%2B16.27.16.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="320" src="https://3.bp.blogspot.com/-hyXiymdcnuY/V2GTrIa9C5I/AAAAAAAABXQ/-VhVuPfgkq4_7-W-f9t4lfv-srLHnPDlACLcB/s320/2016-01-16%2B16.27.16.jpg" width="240" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je
garde un souvenir très ému de cette journée. Pour une raison que
je ne saurai expliquer, assise sur les marches d'un temple du Old
Bagan, j'ai encore pensé à l'Arménie et ses églises taillées au
cœur de la montagne. Peut-être pour l'aridité du paysage et ces
pierres transpirant une spiritualité calme, reposante. Dans New
Bagan, je me souviens surtout du fourmillement des Birmans, le visage
maquillé par une crème jaune obtenue en frottant des petites bûches
d'un arbre, le Thanakha, contre une pierre humidifiée. Cette crème,
qu'ils appliquent sur les joues, le nez, le front selon des formes
parfois très élaborées est à la fois une coquetterie et une
manière de protéger leur peau du soleil. Chris avait acheté une de
ces bûches, et une femme a dessiné en souriant sur mon visage de
jolies feuilles à l'aide d'un tout petit bâton. Voir des étrangers
récupérer cette coutume les faisait bien rire, en tout cas. Ces
petites feuilles m'ont valu beaucoup de sourire – et une session
photo avec un groupe de jeunes Birmans qui voulaient absolument se
faire tirer le portrait, un par un, avec moi.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Quand
le soleil s'est couché sur ce gigantesque territoire, je me sentais
incroyablement calme et apaisée dans cet endroit qui semblait être
resté quelques milliers d'années en arrière. Le tourisme s'y
développe, c'est vrai. Mais c'est encore aujourd'hui un endroit rare
où l'on peut sentir cette poésie millénaire, la force tranquille
de ces hautes structures de pierre, qui n'a pas été entamée par
une <i>parc d'attractionnisation</i>
du lieu. Le « chef » du village, parait-il, croise les
doigts pour que tout ça soit préservé, et s'attriste de voir se
développer, petit à petit, le harcèlement des marchands de
breloques autour des temples.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je
suis curieuse de voir ce que sera Bagan d'ici quelques années.
J'espère que les pierres gagneront sur les promoteurs d'usine à
tourisme devant lesquels, malgré leur poids, elles se font souvent
écraser.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-uyfWW8Z9laE/V2GTjnZeP9I/AAAAAAAABXI/J3T8zOa5TAgSZqpVa8EnJr_VQ8UdjVrhACLcB/s1600/2016-01-16%2B15.53.08.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-uyfWW8Z9laE/V2GTjnZeP9I/AAAAAAAABXI/J3T8zOa5TAgSZqpVa8EnJr_VQ8UdjVrhACLcB/s640/2016-01-16%2B15.53.08.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-ZyzXzS-lE84/V2GT8L9S6sI/AAAAAAAABXs/VBHX8r_alGo6_oLU3csHAU7YAGHDH60dQCLcB/s1600/2016-01-16%2B17.23.51.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-ZyzXzS-lE84/V2GT8L9S6sI/AAAAAAAABXs/VBHX8r_alGo6_oLU3csHAU7YAGHDH60dQCLcB/s640/2016-01-16%2B17.23.51.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-wrnhxc8ilaU/V2GTuh8bXAI/AAAAAAAABXc/5fmcFn6WmGw_UBtwiCJJRLVMZqsLjZ_OwCLcB/s1600/2016-01-16%2B17.20.10.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-wrnhxc8ilaU/V2GTuh8bXAI/AAAAAAAABXc/5fmcFn6WmGw_UBtwiCJJRLVMZqsLjZ_OwCLcB/s640/2016-01-16%2B17.20.10.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-wip3PVNt-HI/V2GT6Bqz6II/AAAAAAAABXk/MlYD3ZYdugER0xpYRsW9Ja-8f9ARo4MkgCLcB/s1600/2016-01-16%2B17.40.14.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-wip3PVNt-HI/V2GT6Bqz6II/AAAAAAAABXk/MlYD3ZYdugER0xpYRsW9Ja-8f9ARo4MkgCLcB/s640/2016-01-16%2B17.40.14.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-gCRk3SIV5OY/V2GTYfZTKoI/AAAAAAAABW8/lsvVQrnUMWYREZcAmOqcINMXTZDmwcSMQCLcB/s1600/2016-01-16%2B17.12.23.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-gCRk3SIV5OY/V2GTYfZTKoI/AAAAAAAABW8/lsvVQrnUMWYREZcAmOqcINMXTZDmwcSMQCLcB/s640/2016-01-16%2B17.12.23.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-26449638325567100412016-06-14T01:15:00.001-07:002016-06-14T01:15:44.814-07:0014.01.2016 - 04.02.2016 : "The Wolf Pack" au Myanmar - une meute de voyageurs jamais solo. <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiugc8woIwu-Ql0U5eyZ0gYtFLHDRbNKHeDvPalD5j1IlT0pWtNNuOa3i86_ejwQnuoCGA86PVsCqxlP_dIGUWMRiO37S9JkH5bRyi2xogzh8SRnz7PPzOMYGSQZkPofrgxz15xEFI7aRXv/s1600/WOLF+PACK.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiugc8woIwu-Ql0U5eyZ0gYtFLHDRbNKHeDvPalD5j1IlT0pWtNNuOa3i86_ejwQnuoCGA86PVsCqxlP_dIGUWMRiO37S9JkH5bRyi2xogzh8SRnz7PPzOMYGSQZkPofrgxz15xEFI7aRXv/s640/WOLF+PACK.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Photo piquée à Amélie sur <a href="https://exotikpause.com/" target="_blank">Exotikpause</a> *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ma décision de partir au Myanmar s'est
faite un peu sur un coup de tête. En préparant mon voyage, j'y
avais bien pensé, mais toute pleine d'appréhensions que j'étais
sur cette partie du monde que je n'avais jamais exploré, je m'étais
dit que si je rencontrais un garde du corps / armoire à glace pour
m'y accompagner, peut-être oserai-je aller me frotter à un pays
majoritairement coloré en rouge sur le site du Ministère des
Affaires Etrangères. Je n'ai pas rencontré de Kevin Costner en sac
à dos, mais j'ai rencontré Brayden, dont l'enthousiasme à l'idée
de se retrouver au Myanmar, lui après le Vietnam, moi après le
Cambodge, m'a quand même fait réfléchir.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le problème, c'est que j'étais plutôt
bien, moi, au Cambodge, avec ma team. Et je n'avais pas spécialement
envie de la quitter. Mais eux avaient décidé de partir faire le
Vietnam en moto, et il était pour moi hors de question que je tente
de manipuler un de ces chevaux de l'Enfer. C'est donc le cœur un peu
fripé que je me suis résolue à prendre mon billet d'avion et mon
visa en ligne de dernière minute, en espérant peut-être retrouver
Brayden quelque part au Myanmar. Même après avoir traversé trois
pays, les au revoir étaient toujours aussi nuls, voire de plus en
plus douloureux.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'avais presque oublié ce que ça
faisait d'être seule. Et d'ailleurs, je n'ai pas vraiment eu le
temps de m'en souvenir, puisque mon statut de loup solitaire n'aura
duré que quelque heures, entre l'auberge de jeunesse de Phnom Penh
et l'avion qui m'amenait à Yangon. On n'arrête pas de le répéter,
mais ça ne coûte rien de le redire : voyager en solo est un mythe,
à moins de vraiment le vouloir et d'avoir une volonté de fer. Je
n'ai jamais été aussi peu seule qu'en partant quelque part avec mon
sac à dos. Dans l'avion, alors que mes larmes de séparation avaient
à peine séché, ma voisine a commencé à taper la discute :
une Chilienne d'une vingtaine d'années, qui revenait, avec deux
autres amies chiliennes, d'un semestre d'étude en Australie. Elles
m'ont tout de suite incorporée dans leur groupe, jusqu'à l'auberge
que j'avais réservé à Yangon, le Four Rivers (que je recommande
d'ailleurs pour ses lits qui sont de véritables nids de douceur).
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je n'avais aucun
itinéraire prévu. Toute occupée à profiter des plages
cambodgiennes, je n'avais rien lu sur le Myanmar. A part les
« précautions d'usage » qui se sont d'ailleurs avérées
fausses, en très grande partie. Cette totale ignorance de la
géographie du pays me laissait donc en théorie une absolue liberté
pour me greffer à n'importe qui. Je pensais que j'allais faire la
route avec mes nouvelles copines, Luz, Camilla et Vale, mais
l'imprévu, toujours lui, s'en est mêlé : nous avions réservé
toutes les quatre, via mon auberge, un bus pour partir à Bagan dès
le lendemain de notre arrivée. Mais une fois à la gare routière,
après 2h coincées dans les bouchons quotidiens qui asphyxient la
ville de Yangon tous les soirs en fin de journée, les filles se sont
rendues comptes que leurs billets étaient datés pour le lendemain.
Tous les bus qui devaient partir ce soir-là – dont le mien -
étaient complets.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je suis donc redevenue
loup solitaire l'espace de trente secondes, le temps de retrouver,
dans la gare routière, un groupe d'autres loups solitaires qui
étaient tous, eux aussi, au Four Rivers de Yangon. Et voilà comment
s'est formée « the wolf pack », la meute de loups, qui
s'est déplacée ensemble pendant trois semaines dans une joyeuse
ambiance de colonie de vacances, qui a atteint son paroxysme dans une
chambre beaucoup trop luxueuse de Pyin Oo Lwin, où il m'a fallu bien
du whisky pour accepter d'écouter le dernier album de Justin Bieber,
vautrés sur un lit.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
C'est intéressant une
meute de loups, car elle est constituée de plusieurs individus aux
personnalités très différentes, avec une position, au sein de la
meute, correspondant à ses particularismes, pour que le groupe
puisse avancer le plus efficacement possible. Je n'irai pas jusqu'à
dire que nous étions aussi bien organisés, mais en terme de
diversité, on y était. Jeunes et vieux loups, sages et fous, en rut
ou au calme : nous étions entre sept et dix, selon les jours,
et vue la taille du groupe, le fait de ne pas s'être entre-tués
relève presque de l'exploit. Mais cela tient sans doute à une seule
raison : nous étions tous des prétendus « voyageurs
solo ». Nous étions tous plus ou moins là pour les mêmes
raisons, et avions à peu près le même pedigree. Je ne pourrai pas
parler de tout le monde, mais il y a des personnages à évoquer
avant de passer en revue les différents chapitres birmans.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Chris, un Américain de
San Francisco, était l'artiste un peu torturé et élément social
du groupe qui revenait toujours avec des histoires incroyables sur
ses rencontres avec des locaux : un mariage presque arrangé
avec la fille du « chef » de Bagan, chez qui il avait été
invité à dîner, une après-midi passée dans la brume après avoir
bu une boisson non identifiée qu'on lui avait offerte à Nyaungshwe,
une invitation dans un monastère dans les hauteurs de Mandalay, etc.
Son arme : sa guitare qu'il avait emmenée avec lui et qui est
indéniablement un excellent moyen de communiquer quand la langue
fait défaut.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-JzyHKte2HpY/V1-7xgMST6I/AAAAAAAABVE/qG2KFy_HwD0CQV33GBRFYUDLlAWxHsOdwCLcB/s1600/bday.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-JzyHKte2HpY/V1-7xgMST6I/AAAAAAAABVE/qG2KFy_HwD0CQV33GBRFYUDLlAWxHsOdwCLcB/s640/bday.jpg" width="275" /></a></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Jaime, jeune Canadienne
solaire au sourire presque trop grand pour son visage, moitié
bibliothécaire, moitié serveuse et véritable aimant humain.
Lorsqu'elle me parlait de sa vie dans l'Ontario, j'avais l'impression
d'avoir devant moi le stéréotype de la Canadienne <i>badass</i> qui
n'a pas peur de sauter du haut d'une falaise de plusieurs mètres,
même avec une plaie à la jambe déjà ouverte d'un précédent
saut, dont le poil se hérisse à peine à la vue d'un grizzly et qui
peut casser le nez de n'importe qui d'un coup de coude bien placé,
tout ça avec son minois de jolie blonde à peine plus grande que
moi. Je n'ai jamais pensé à lui dire ce que son prénom signifie,
prononcé à la française, mais elle fait partie de ces personnes
qui ont l'air d'avoir un amour de la vie indéboulonnable, chevillé
au corps, un roc inébranlable de joie, sans une once de naïveté.
Lors d'une marche dans les ruelles de Bagan, Jaime me parle de ses
précédents voyages, toujours en solo, en Europe et en Amérique du
Sud, de ses parents qui encouragent leurs enfants à voyager coûte
que coûte, de sa relation fusionnelle avec sa mère et du tatouage
qu'elles ont fait ensemble, etc. Tout paraît tellement simple, dans
sa bouche, que je suis partagée entre admiration inspirée et
jalousie désespérée en pensant à mon propre cerveau qui ne fait
que boucler et reboucler autour des mêmes situations, jusqu'à
m'asphyxier dans l'inaction. Si on m'avait demandé, je l'aurais en
tout cas élue loup le plus fort de la meute – et nous serons
d'ailleurs les deux seules survivantes de la meute initiale.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ryan aurait pu concourir
à ce titre de prime abord : Américain d'origine thaïlandaise,
à vingt ans à peine, il donne l'impression d'avoir eu sept vies.
Enfance en Thaïlande, installation aux Etats Unis, volontaire pour
une ONG en Afrique, où il raconte avoir vu des hommes et des enfants
mourir, puis six mois en Australie avant de se donner un an pour
parcourir le monde. Avant de venir au Myanmar, il a fait un long trek
en solitaire au Népal, passant parfois plusieurs jours à ne croiser
ou ne parler à personne. Alors sur le CV, je l'aurais aussi mis dans
la catégorie <i>badass</i>, si au
bout de quelques soirées de confidences, je n'avais pas découvert
quelqu'un de jeune, encore, mais voyant dans son âge une faiblesse,
et rongé par la culpabilité d'avoir une vie facile par rapport à
la majorité du reste de la planète. Le complexe de la prison dorée.
Ou l'impression de dette perpétuelle envers le monde, dette qu'on
n'arrête jamais de rembourser au point de s'oublier soi-même. Ca
va, je connais bien.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous
avions un autre jeune exilé au long cours, Will, encore un
Américain, du Minnesota cette fois. Après plusieurs années à
enseigner en Asie, il prenait son temps aussi pour rentrer « chez
lui ». Il n'avait prévenu personne de son retour pour en faire
la surprise. J'espère que sa mère n'est pas cardiaque. Je crois que
ma mâchoire est tombée par terre lorsqu'il m'a dit qu'il n'avait
pas vu ses parents depuis plusieurs années (trois ans ? cinq
ans ? impossible de me souvenir). L'écouter me parler de la
facilité avec laquelle il faisait ses choix de vie me laissait là
aussi rêveuse. J'en suis venue à penser qu'il fallait eut-être
grandir dans le froid et la neige pour avoir ce détachement là. Ca
doit être pour ça que les pays du nord me fascinent.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et
puis enfin, Amélie, que je placerai à côté de moi dans la meute,
pas seulement parce que nous étions deux Française du même âge
environ, mais parce qu'elle a elle aussi plaqué un boulot qui
perdait de son sens pour orienter ses rails vers l'Orient, justement,
et que bon sang, ça fait quand même du bien de retrouver une
compatriote à laquelle se confier un peu plus qu'avec d'autres, mais
aussi avec laquelle râler ou débattre en français jusqu'à ce
qu'Ali, le Québecois et médiateur du groupe, nous sépare en
pensant que nous nous disputons (alors qu'il ne s'agit que du sport
national, n'est-ce pas?).
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Parce
qu'au final, même au sein d'une formidable meute de pièces
rapportées aux envies et aux motivations similaires, j'ai aussi
appris, pendant ce voyage au Myanmar, que tous les voyageurs solo ne
parlent pas la même langue et que la vie sur la route n'est pas
toujours une succession d'amours hippies. Il y a aussi des
incompréhensions, des disputes, et des jours difficiles.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais
ce sera pour un autre chapitre.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-mGg7kaHNEiM/V1-7yN2Lt3I/AAAAAAAABVM/1Dw68uBWyAcN8Cbj2mGRbRcC7-H2Ah3zQCLcB/s1600/kakku.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="600" src="https://1.bp.blogspot.com/-mGg7kaHNEiM/V1-7yN2Lt3I/AAAAAAAABVM/1Dw68uBWyAcN8Cbj2mGRbRcC7-H2Ah3zQCLcB/s640/kakku.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i>* Sur le site de Kakku - également piqué à Amélie et son <a href="http://www.exotikpause.com/" target="_blank">Exotikpause</a> *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-34328143048800593802016-05-20T09:33:00.001-07:002016-05-21T01:42:43.200-07:0013.01.2016 : Traverser les champs d'exécution khmers de Choeung Ek pour rejoindre le monde des vivants. <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcS4Fz7-JFhuDttHjfhkHMz1gQIELNVBQtN8-m2fFl8MTaEY8hu3Z_I9Y0yoqngldkNxPhpARRLTgy2vF_d97-RsiY2NLikd3f6QCOdM1LcMUiGEn7WwO-p9F4i_rVnvh2sskuclmjvMx7/s1600/20160113_150531.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="360" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcS4Fz7-JFhuDttHjfhkHMz1gQIELNVBQtN8-m2fFl8MTaEY8hu3Z_I9Y0yoqngldkNxPhpARRLTgy2vF_d97-RsiY2NLikd3f6QCOdM1LcMUiGEn7WwO-p9F4i_rVnvh2sskuclmjvMx7/s640/20160113_150531.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En 1979, peu de temps après la chute
du régime totalitaire des Khmers Rouges au Cambodge, un paysan de
Choeung Ek, village situé à une quinzaine de kilomètres de Phnom
Penh, se disait qu'il y avait quelque chose d'étrange du côté de
l'ancien cimetière chinois qui se trouvait là. En explorant le
terrain, il découvrit un arbre dans lequel étaient incrustés des
cheveux et des bouts de cervelle, ainsi qu'une fosse commune remplie
de corps humains. Le pauvre homme venait de tomber sur l'un des
champs d'exécution de la dictature de Pol Pot, qui avait massacré
environ un million et demi de Cambodgiens - soit 20 % de la
population - pendant les quatre ans que le parti du Kampuchéa
Démocratique fut au pouvoir. A Choeung Ek, environ 17 000 personnes
ont été exécutées.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Aujourd'hui, ce site abrite un mémorial
qui rappelle rapidement comment les Khmers Rouges ont marché sur la
capitale du Cambodge le 17 avril 1975 avant d'instaurer un régime
totalitaire, sanglant, dont l'idéologie définissait notamment les
paysans comme une "race pure". Suivant cette logique, tous
les Cambodgiens étaient sommés de travailler la terre, et le pays
fut réorganisé en communautés villageoises forcées d'accueillir
les citadins qu'on expulsait des villes. Pour vivre en autarcie, le
gouvernement instaura des quotas de production agricoles intenables
qui mena la population à la mort, par le travail forcé, la famine,
la maladie. Intellectuels, opposants réels ou présumés étaient
directement emmenés dans des lieux comme Choeung Ek et exécutés.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L'essentiel de la visite du mémorial
tourne donc autour du fonctionnement du camp d'exécution. Les
cabanes en bois dans lesquelles les prisonniers qui avaient été
acheminés ici étaient parqués en attendant la mort. Les hauts
parleurs diffusant de la musique en continu pour recouvrir les cris
des victimes, afin que les habitants alentours ne sachent pas ce qui
se passait dans l'ancien cimetière chinois. Les exécutions, pour
lesquelles les bourreaux n'avaient pas le droit d'utiliser des armes
à feux, qui ont l'inconvénient de faire du bruit, d'attirer
l'attention, et qui étaient donc pratiquées avec toutes sortes
d'outils dont l'énumération vous plonge un peu plus loin dans
l'horreur. Les fosses communes, dans lesquelles nous sommes
cordialement invités à ne pas marcher, et qui, bien qu'elles aient
été vidées de leurs ossements anonymes, recrachent régulièrement
des morceaux de fémur ou de tibia, au fur et à mesure que la terre
s'érode. Les témoignages des rescapés du régime, ou de leurs
enfants, susurrés dans l'audiophone. Cet arbre, sur lequel les
bourreaux écrasaient la tête des enfants qu'ils tenaient par les
pieds, et qui est aujourd'hui recouvert de rubans et de bracelets
multicolores déposés en hommage par les visiteurs du site. Et puis,
à la fin de la visite, la <i>stupa</i>, mausolée bouddhiste qui
prend ici la forme d'une tour abritant tous les crânes retrouvés
dans les fosses communes, classés avec des gommettes de couleur par
âge, par sexe, et par la manière dont ils ont trouvé la mort.
Etrange irruption de la science au moment d'atteindre le summum de
l'émotion et de l'horreur au cours de cette visite qui hante, qui
hante un long moment.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Encore aujourd'hui, à l'évocation du
champ d'exécution de Choeung Ek, j'ai des larmes qui poussent
derrière ma glotte, mais qui ne sortent pas. L'horreur absolue
n'entraîne pas les larmes ; elle impose l'effroi, le silence. Et
pourtant, c'est bien de ce silence là qu'il faut sortir pour vivre,
pour reconstruire.
<br />
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et puis, il y avait autre chose.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai vu quelques personnes pleurer à
la fin de la visite. Moi, je n'ai pas pleuré, mais j'avais
l'impression que j'<i>étais censée </i>pleurer.
J'étais surtout en colère, et puis j'avais envie de vomir.
Et je voulais aussi m'enfoncer dans le silence. Je ne pouvais
m'empêcher de penser à ma famille, et je me trouvais presque un peu
ridicule à « comparer », en quelques sortes, le malheur
du peuple khmer à celui dont je viens, le malheur du génocide
arménien. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ca fait presque dix ans que je suis en
psychanalyse, aujourd'hui. Un travail qui m'a toujours beaucoup
apporté, que je continue pour le soutien que ça m'apporte, pour la
richesse des enseignements, pour l'exercice intellectuel, pour
répondre à des questions, pour le « shoot de narcissisme »
(il paraît que Woody Allen disait ça). Et évidemment, la question
de l'héritage du génocide arménien transmis de génération en
génération s'est posée. Et m'a parfois plongée dans des moments
lourds de tristesse, d'angoisses, d'horreur.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Quand je suis tombée sur les travaux
de Janine Altounian, chercheuse et notamment traductrice des œuvres
de Freud, et d'origine arménienne, ses mots, ses phrases parfois un
peu compliquées, ont dénoué des choses en moi par leur mystère.
La vérité – cette vérité – n'est jamais simple à dire, alors
cette écriture précise, studieuse, mais empreinte de son expérience
personnelle m'a soutenue tout en m'aidant à mettre certaines choses
à distance. M'a fait comprendre que je n'étais pas folle de
ressentir ou de penser certaines choses. Que je pouvais en parler.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je ne sais pas s'il y a un « club »
des victimes et des descendants des crimes de masse, mais après
tout, peut-être devrait-il y en avoir un. Dans « La
Survivance », Janine Altounian écrit sur les répercussions
des génocides sur le psychisme. Des génocides en général. Elle
pense, elle, que ces effets sont les mêmes pour toutes les familles
qui ont fait face à « un projet exterminateur tout à fait
permis, puisque sanctionné par sa réalisation effective »
(p.48)
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Au mémorial de Choeung Ek, j'avais
envie de pleurer pour les miens. Et les miens, c'était aussi ces
crânes empilés dans la <i>stupa</i>, ces os au fonds des fosses
communes qui prenaient symboliquement la place de celles sur
lesquelles je n'ai jamais pu me recueillir. Mais ça, je ne pouvais
l'expliquer à personne. Qu'est-ce que j'aurais pu dire ?
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Un autre passage de « La
Survivance » m'est revenu :
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<i>« <span style="background: #ffffff;">Les
survivants à une violence meurtrière de masse survivent ainsi à
une expérience traumatique double, puisque survivre à l'entreprise
du bourreau ne soustrait pas pour autant à l'emprise muette et
permanente de la passivité des tiers. Ils ont échappé en effet à
la mort mais non à l'invalidation en eux de l'être parlant, car ils
entendirent le silence létal d'un monde qui laissa commettre, voire
avalisa le crime (…). S'il leur faut, avant tout, s'accommoder de
cette survie physique qu'ils ne doivent en somme qu'au hasard, se
maintenir chez les vivants (...), ils ont encore à affronter le
désintérêt compréhensible et néanmoins dévastateur des citoyens
de la normalité, de ces non-exterminables bardés d'une indifférence
devenue désormais, pour eux, la seule figure de l'altérité. Leur
conscience de soi se voit paralysée par la dérision des mots creux,
des valeurs frelatées, des institutions fallacieuses de ceux qui
ignorèrent et ne peuvent que méconnaître le réel terrifiant
qu'ils viennent de traverser. Aussi, le désastre qui s'abat sur les
hommes et les représentations donnant sens à leur vie
pulvérise-t-il également, chez les rescapés et leurs descendants,
le champ du discours et le tissu des liens avec les autres (...). </span>»</i><span style="background-color: white;"> (p.33)</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="background-color: white;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je ne pouvais pas parler, parce que je
me souvenais combien je m'étais si souvent sentie
« l'exter-minable » parmi les « non
exter-minables ». Différente. Et il n'y a pas de mots, on en
tout cas, pas encore pour moi, pour faire comprendre ça. Mais pour
essayer, au moins, d'en parler, je crois avoir toujours vécu avec
l'idée qu'un ou plusieurs tarés pourraient à tout moment venir me
planter un couteau dans le ventre sans aucune raison. Quand on
grandit avec cette peur là, cette peur viscérale que l'autre, quel
qu'il soit, peut nous vouloir du mal, c'est compliqué de s'ouvrir au
monde. De communiquer, de faire confiance. D'avoir des relations qui
ne soient pas angoissantes. Chaque pas vers l'autre devient un combat. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je suis partie pour lui foutre un bon
gros coup de poing, à ma peur, pour chercher un antidote dans la
beauté du monde, dans la beauté du voyage, dans la beauté de la
découverte de cet autre que j'ai si souvent craint. Mais je ne
m'attendais pas à être confrontée à ma peur la plus ancestrale au
Cambodge. Et puis voilà : j'ai vu les crânes, j'ai vu les os,
je me suis – enfin – recueillie – et moi, j'étais bien
vivante. Je n'étais pas dans la <i>stupa</i>
et j'étais même loin d'y être.<i> </i>J'ai
repensé à une des motivations de mon voyage. Faire cadeau à mes
ancêtres de la vie – d'une vie sans peur, au plaisir gratuit, une
vie de laquelle on ne fuit plus, de la vie qu'ils voulaient pour
leurs descendants.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Check les vieux : c'est ce que je
vous ai offert ce jour-là et maintenant, je vais continuer à
avancer. C'était mon dernier jour au Cambodge avant de partir au
Myanmar. Le soir, à l'auberge, nous avons parlé une bonne partie de
la nuit de nos familles, de nos angoisses, de nos difficultés avec
la vie. Et on l'a putain de célébré, cette vie. Je n'étais plus
si différente, ni si minable que ça. J'avais rejoint le monde des
vivants.</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-21450782244307563942016-04-09T13:59:00.001-07:002016-04-10T01:59:55.376-07:0010-11.01.2016 : Les temples d'Angkor - le complexe du mauvais touriste ou faire des blagues pourries dans un site millénaire.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-5_keogO39GI/VwfPeuV3wBI/AAAAAAAABTc/LZXfURWo8lEYkroKJ4ryHEtwfieyfX1_A/s1600/2016-01-11%2B08.10.55.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-5_keogO39GI/VwfPeuV3wBI/AAAAAAAABTc/LZXfURWo8lEYkroKJ4ryHEtwfieyfX1_A/s640/2016-01-11%2B08.10.55.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ca fait un moment que je me dis qu'il
faudrait que j'écrive sur Siem Reap et les temples d'Angkor, parce
qu'il s'agit quand même d'une étape incontournable pour quiconque
se rend au Cambodge. On parle mine de rien d'un des sites classés au
patrimoine mondiale de l'UNESCO et d'un parc archéologique de 400
km² qui contient l'un des plus grands bâtiments religieux du monde
(Angkor Wat) et dont l'histoire n'a pas encore livré tous ses
mystères. Au-delà du CV monstrueux, la visite d'Angkor et mon
escale de deux jours à Siem Reap font partie des étapes les plus
marquantes de mon séjour, donc ça valait bien le coup d'en toucher
quelques mots.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Sauf que quand je me suis posée devant
mon écran d'ordinateur, pleine de bonne volonté, je me suis rendue
compte que je ne me souvenais absolument pas de l'histoire d'Angkor.
Je me suis dit, quand même, ça craint. Je crapahute à travers
l'Asie à découvrir des nouvelles cultures, je vais visiter un des
sites les plus captivants et les plus impressionnants de l'Asie du
Sud Est, et, maline, j'ai rien à dire dessus.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
A ma décharge, il faut dire que
l'histoire d'Angkor n'est pas hyper claire et que les historiens
spécialistes du Cambodge sont un peu perdus eux aussi. Oui, parce
que j'ai triché. Voyant que je n'avais rien retenu de la leçon, je
suis allée lire des articles en ligne et épluché quelques bouquins
pour combler mes lacunes et me rendre compte que plusieurs théories
se heurtent, entre les « fonctionnalistes » qui étudient
Angkor en tant que cité hydraulique, à travers son système de
canaux et son développement en « mandala » qui fait
apparaître un système socio-économico-religieux complexe, bâti
sur plusieurs siècles, et les « ritualistes » qui
préfèrent voir des symboles dans le positionnement de chaque pierre
de cette ancienne cité royale. Les chercheurs se heurtent aussi à
un « trou noir » historique de plusieurs centaines
d'années, durant lesquelles les traces et les histoires des
différents rois qui se sont succédés sur le trône ont carrément
disparues.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'étais donc là à potasser mes
bouquins quand le ridicule de la situation m'a sauté aux yeux :
je suis allée à Angkor, j'ai marché entre les magnifiques ruines
de Ta Prohm qui semblent s'extirper de la jungle (et qui ont servi au
décor de <i>Tomb Raider </i>pour
les fans)<i>,</i> j'ai contemplé les visages paisibles
sculptés dans les colonnes de pierre du Bayon, et plutôt que de
parler de tout ça, j'essaye d'accumuler un savoir académique que
j'aurais pu avoir sans parcourir 10 000 km mais simplement en allant
poser mes fesses dans la Médiathèque d'Issy les Moulineaux.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-Z11FKWt9Lbw/VwfPgXfVGVI/AAAAAAAABTg/_xjl2WRpgVA8UrmePwuhZyO0GMlew9pVg/s1600/2016-01-11%2B08.21.32.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-Z11FKWt9Lbw/VwfPgXfVGVI/AAAAAAAABTg/_xjl2WRpgVA8UrmePwuhZyO0GMlew9pVg/s640/2016-01-11%2B08.21.32.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Les visages sculpté du Bayon *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et pourtant, j'en ai des choses à dire
sur Angkor et sur Siem Reap. Mais quand je m'apprête à les
raconter, une petite pointe de culpabilité fait son chemin dans mon
cerveau et me murmure au détour d'une circonvolution : « Quand
même, tu es une mauvaise touriste. » Je ne me suis jamais
considérée comme une aventurière casse-cou, et mes compagnons de
voyage pourront confirmer que je ne suis pas particulièrement portée
sur l'adrénaline ou la journée de quarante-cinq heures. Alors je
pensais me rattraper avec une curiosité à toute épreuve, et une
tête prête à emmagasiner toutes les informations et tous les
détails de l'histoire et de la culture de chaque pays que j'allais
traverser.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et finalement, non, je n'ai pas excellé
dans cet art là non plus. Mais cette étape du voyage m'a au moins
aidée à faire mon coming-out.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
A Angkor, nous avions le choix entre
des billets d'un jour, trois jours et cinq jours. Tout le monde nous
disait de prendre au moins le billet de trois jours (c'est sûr que
400 km², ça se fait pas en deux-deux), mais nous nous sommes
accordés dans le regard tacite de ceux qui veulent faire un truc
discrétos pour prendre seulement celui d'un jour. Déjà, parce que
c'est cher, et que quand on voyage sac au dos, on n'oublie jamais que
dix euros de plus, c'est quasiment l'équivalent de deux nuits
d'hébergement. Ensuite, parce que pour citer ma très chère amie L.
(dont je tairai le nom, parce que je ne sais pas si elle veut se
revendiquer de la troupe des mauvais touristes) : « Un
temple, t'en as vu un, t'en as vu dix. » Ce qui – sans
vouloir minimiser la beauté architecturale de tous ces temples –
est totalement vrai. Au bout d'un moment, les vieilles pierres... bah
c'est des vieilles pierres, et quitte à passer pour une blasée de
la route, après un certain nombre de temples, l'émerveillement
n'est plus le même.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L'avantage du billet d'un jour, si on
l'achète en fin d'après-midi pour le lendemain, c'est qu'il donne
quand même accès au site le soir même, pour aller voir le coucher
de soleil sur le site. Notre chauffeur de tuk-tuk (nous avions choisi
l'option « feignasse », plutôt que de louer des vélos,
avec le même regard tacite) nous a emmenés à Phnom Bakheng, avec
tous les autres touristes, et nous avons regardé le soleil se
coucher, pas vraiment « sur » les temples d'Angkor, mais
sur la forêt loin là-bas, et nous, nous étions assis « sur »
le temple. Au final, j'ai surtout vu beaucoup de fesses, celles des
gens qui étaient devant moi et qui bouchaient la vue même quand
j'étais debout, parce que je suis pas grande.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Bon, c'était joli quand même, mais ça
ne vaut pas un coucher de soleil sur la mer ou sur le Mékong (et ça,
c'est gratos) et je me suis dit que la prochaine fois que j'irai voir
un coucher de soleil, je me renseignerai un peu plus longuement sur
la cible désignée par la préposition « sur » - à
savoir : est-ce le soleil ou les touristes qui seront « sur »
le site en question ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Deuxième tentative de soleil, pour le
lever cette fois. Réveil difficile à cinq heures du matin, le même
chauffeur de tuk-tuk nous a emmenés, tout bouffis de sommeil, à
Angkor Wat cette fois, le plus grand temple du parc archéologique.
C'est fou le nombre de personnes qui se lèvent aussi tôt en
vacances, quand même. Après nous être jetés sur le stand de
sandwichs, nous nous sommes installés pour assister au spectacle, et
là, j'ai bien senti que nous avions fait une boulette : nous
n'avions pas de perche à selfie. Et sans déconner, nous étions
presque les seuls. C'est à peine si je n'ai pas senti des regards
interloqués d'autres personnes se demandant ce que nous faisions là.
Mais je me suis sérieusement demandé pourquoi est-ce que nous nous
étions imposés cette heure de réveil totalement indue quand je me
suis rendue compte que... bah y'avait des nuages. Qui dit ciel
nuageux, dit « tintin » pour le lever de soleil. Mais
vraiment. Il n'y avait pas de soleil. Il y a juste eu la lumière du
jour qui, au bout d'un moment, a remplacé l'obscurité. Ce qui ne
justifie en rien le frémissement de la forêt de perches à selfie
et les innombrables flash (faudra d'ailleurs m'expliquer à quoi sert
un flash pour un lever de soleil, qu'il y ait ou pas de soleil). J'ai
quand même commencé à envier un peu cet optimisme forcené (et
très typiquement touristique) de ne pas vouloir admettre qu'une
expérience est ratée et de s'accrocher à l'idée qu'elle était
unique et incroyablement inspirante, juste parce que ça la fout mal
d'aller à l'autre bout du monde et de se lever à 4h du matin pour
rater son lever de soleil.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-5lfQdOTO6LY/VwfPFiMdqSI/AAAAAAAABTM/52DcaT9k_vkn3ZaSU0doeEmqbfBeb89cg/s1600/2016-01-11%2B06.17.07.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-5lfQdOTO6LY/VwfPFiMdqSI/AAAAAAAABTM/52DcaT9k_vkn3ZaSU0doeEmqbfBeb89cg/s640/2016-01-11%2B06.17.07.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br />
</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* "Michel, je crois qu'on ne regarde pas dans le bon sens." *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L'avantage de s'être levé aussi tôt,
d'avoir abandonné le lever de soleil invisible avant tout le monde,
et de ne pas avoir de perche à selfie à ranger (j'ai testé pour
vous, c'est fourbe ces bêtes-là) c'est que nous avons commencé
notre visite sur un site presque vide. Et ça, c'était chouette.
Avoir Angkor Wat pour presque soi tout seul, arpenter les galeries de
pierre grignotée par la mousse sans faire la queue derrière un
groupe de vingt personnes, grimper les marches beaucoup trop hautes
des tours qui mènent à des pièces vides – tout ça, ça permet
de laisser vagabonder son imagination et de laisser en roue libre ses
travers de mauvais touristes. Mauvais touriste, parce que là où
Pierre Loti décrivait le « doublement progressif » des
escaliers, en disant que « c'est comme si la demeure des dieux, à
mesure que l'on approche, vous fuyait en s'élevant dans les airs »,
nous avons fait des blagues pourries sur ces branquignoles
d'architectes qui ont loupé leurs mesures. Là où des
bas-reliefs millénaires racontent la vie quotidienne de l'époque,
que peu de documents commentent, nous avons vu des dessins de
personnes faisant la queue aux toilettes, l'une d'elle gesticulant en
faisant la fameuse « danse de la culotte ». Là où des
groupes écoutaient en acquiesçant le guide décrivant les
différentes théories qui courent autour des temples d'Angkor, nous
nous sommes cachés dans les ruines en gloussant sans raison, juste
parce que nous avions à disposition un gigantesque et magnifique
terrain de jeu qui a titillé notre imaginaire (de bas étage, je
l'admets) plus que notre soif de savoir. Au final, on n'a pas appris
grand choses, mais qu'est-ce qu'on s'est poilé.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-oz8Gu0CZOCw/VwfPeFuGd2I/AAAAAAAABTY/9b12XVYGAXgETR6k1cmsbutqXZNUa2vlw/s1600/2016-01-11%2B07.59.00.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-oz8Gu0CZOCw/VwfPeFuGd2I/AAAAAAAABTY/9b12XVYGAXgETR6k1cmsbutqXZNUa2vlw/s640/2016-01-11%2B07.59.00.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* " Quand tu cherches tes clefs à 3h du matin et que tu as très envie de faire pipi" *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Vers 11h30, nous avons dit à notre
chauffeur que nous voulions rentrer à l'hôtel. Il commençait à
faire trop chaud et puis ça nous avait suffi. Il a eu l'air un peu
interloqué. Mais nous avions jeté notre Lonely Planet depuis bien
longtemps et décidé d'organiser notre journée en suivant l'envie
du moment, au risque de passer pour des rustres incultes.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Soyons clairs, cela dit : j'ai
adoré le site d'Angkor. C'est un endroit magnifique, incontournable,
unique, d'une beauté indescriptible. Mais je l'ai aimé aussi parce
que je l'ai fait à ma manière, en écrivant ma propre histoire et
en m'y faisant des souvenirs que je serai même bien incapable de
raconter maintenant, tant ils étaient liés à l'instant, au moment.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le reste de la journée, nous nous
sommes baladés dans Siem Reap, qui était une petite bourgade perdue
dans la campagne rizicole avant d'exploser grâce à sa proximité
avec Angkor. Mais il y a encore un petit esprit « bucolique »,
dans certains endroits. Nous avons flâné dans le marché couvert
(qui sent la mort au rayon nourriture, comme quasi tous les marchés
que j'ai faits au Cambodge), nous avons bu un verre de vin dans un
quartier aux allures totalement colonialistes, nous nous sommes payés
le fou rire du siècle en offrant les peaux mortes de nos pieds aux
poissons dans un « fish spa » posé au milieu d'une rue,
et nous avons refait le monde en regardant des gens tenter de
maintenir leur équilibre sur la « slack line » montée
dans le jardin de notre auberge, le Garden Villa. Et c'était une
journée pas loin d'être parfaite.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Finalement, en refermant mes livres sur
Angkor, je me suis demandée d'où me venait cette espèce de
culpabilité de ne pas m'être suffisamment intéressée à
l'histoire archéologique du site, alors que mon expérience là-bas
fut celle d'une magnifique journée pleine de rire et
d'émerveillement pour les sens. Pourquoi est-ce que j'avais éprouvé
le besoin de cacher nos blagues toutes nulles sous une couche de
savoir académique ? Mine de rien, j'avais peut-être encore
parfois le besoin de justifier le fait d'être partie comme ça, me
payer une tranche de bon temps pendant quelques mois. Alors pour le
justifier, j'ai ouvert des bouquins à posteriori pour dire :
« Je ne suis pas partie rien faire, je suis partie me
cultiver. »
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et je me suis cultivée. Mais pas
autant par le savoir que ce que je pensais. Je me suis cultivée en
me tapissant de plein d'engrais de bonheur 100 % bio que j'ai arrosé
avec beaucoup de rires et de rencontres pour faire pousser une forêt
vierge d'espoirs aux racines bien ancrées dans une meilleure
connaissance de moi-même. Et ce savoir là, je n'aurais pas pu le
trouver dans la Médiathèque d'Issy les Moulineaux (même s'ils font
un super boulot hein – bisou Joanny).</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai quand même ouvert un dernier
bouquin après avoir refermé les livres sur Angkor. C'était un
dictionnaire, et j'ai regardé d'où venait le mot « tourisme » :
il vient en fait de l'anglais, « tour » - un cercle –
et du suffixe « -ism » qui renvoie à un comportement
typique, une qualité. Le « touriste », c'est quelqu'un
qui fait un tour, un circuit, qui part d'un point pour repartir de ce
même point après avoir être passé par plusieurs étapes. Alors
c'est peut-être bien ça le truc : au bout d'un moment, je
n'arrivais plus à être une touriste et à faire le tour – d'un
monument, d'un site, d'une ville, d'un pays – puisque je n'ai pas
su, jusqu'au dernier moment, quand et où aurait lieu le retour. J'ai
arrêté de vouloir faire le tour, je me suis juste laissée vivre.
Ce qui me fait dire que même au fond des dortoirs dégueus à deux
dollars ou à l'avant d'un minivan roulant en sens inverse sur une
route qui n'en mérite même pas le nom, je crois bien que je me suis
payée le plus beau luxe qui soit.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-2S-hA2c82pg/Vwls7TqkFiI/AAAAAAAABUI/XvOZ4t89qtgPDBTevrmx69GoRj78yuRpA/s1600/2016-01-11%2B08.44.40.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://3.bp.blogspot.com/-2S-hA2c82pg/Vwls7TqkFiI/AAAAAAAABUI/XvOZ4t89qtgPDBTevrmx69GoRj78yuRpA/s640/2016-01-11%2B08.44.40.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-79280922262083243642016-03-13T22:43:00.000-07:002016-03-20T01:40:44.534-07:0023.12.2015 - 09.01.2016 : De Don Det à Koh Rong - d'une île à l'autre, tout a basculé. <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-sjfgLvoQ8ug/VuZBy-VeLwI/AAAAAAAABSg/lD2n-bJeKd4jPH6nk54haHZ1CNijKPEag/s1600/2015-12-25%2B17.21.55.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-sjfgLvoQ8ug/VuZBy-VeLwI/AAAAAAAABSg/lD2n-bJeKd4jPH6nk54haHZ1CNijKPEag/s640/2015-12-25%2B17.21.55.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ca ne va pas être facile de parler du
Cambodge.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ca ne va pas être facile, parce que je
pourrais continuer à parler des faits, des gens que j'ai rencontrés,
des endroits que j'ai visités et ce que j'y ai vu.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je pourrais décrire les paysages, les
coutumes, la culture. Comme j'ai détesté Phnom Penh, comme j'ai
adoré Siem Reap, comme l'eau était bleue à Koh Rong, comme la
route était belle à Kampot.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais ce n'est pas ce dont je me
souviendrai du Cambodge.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Parce qu'il s'est passé quelque chose
qui fait que tous ces événements, tous ces lieux, ont eu peu
d'importance par rapport à cette chose-là qui, elle, est du domaine
de l'indicible.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En fait, ça a commencé avant.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Au Laos.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Dans les quatre mille îles.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Après notre boucle sur le plateau des
Boloven, Tomas et moi avions prévu de passer Noël sur Don Det,
l'une de ces milliers d'îles qui ont poussé à l'endroit où le
Mékong se réveille et serpente entre tous ces petits bouts de
terre. Je devais aussi y retrouver Casey, qui était descendu le long
du Laos sur un autre rythme depuis Vang Vieng avec deux autres
Français, Luc et Vince. A Pakse, nous avions aussi fait la
connaissance de Lucie, encore une Française qui voyage seule,
surtout en auto-stop, depuis le nord du Laos. Alors nous l'avons
embarquée avec nous, elle, ses belles boucles et son sourire
spontané qui est l'incarnation même du bonheur.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Don Det est une toute petite île. D'un
côté, le « sunrise side », de l'autre, le « sunset
side ». Partout, des bungalows en bois font face à la rivière
et des petits restaurants servent leur cuisine locale ; sur la
route, il faut slalomer entre les poules et les gamins qui déboulent
au milieu du chemin. Il n'y a pas de voiture, on se déplace à pied
ou en vélo. Je suis arrivée ici après une semaine assez intense,
mais là, sur Don Det, il n'y a pas grand chose à faire, à part se
poser. Et contempler.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Alors, c'est ce que j'ai fait.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je me suis mise sur pause.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et c'est quand on s'arrête sur le
chemin qu'on est le plus à même de se faire renverser par un
camion.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je me suis assise devant un feu de
bois, sur la plage, après quelques verres au Reggae Bar. Il y avait
une vingtaine de personnes assises autour de ce feu et qui chantaient
autour d'un mec qui avait une guitare. Qui chantaient je ne sais plus
quoi. Il y a eu « Bohemian Rhapsody » à un moment donné.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je me suis posée là, et j'ai ouvert
les yeux.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et je ne sais pas si c'est la chaleur
du feu qui a dégelé un truc en moi ou quoi, mais là, tout d'un
coup, entre le sable, le feu et les étoiles, ça a fait comme un
torrent.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Une submersion.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'avais même oublié ce que ça
faisait.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-r38E5LLAOUk/VuZCNGWSiuI/AAAAAAAABSo/A3YTiWwvQuAtCs1KcrhbZZwkt9RG-qI9Q/s1600/2016-01-02%2B16.50.03.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-r38E5LLAOUk/VuZCNGWSiuI/AAAAAAAABSo/A3YTiWwvQuAtCs1KcrhbZZwkt9RG-qI9Q/s640/2016-01-02%2B16.50.03.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai pas compris tout de suite, mais au
fur et à mesure des jours, des semaines qui ont suivi, je l'ai bien
senti. Toutes les émotions bloquées qui tout d'un coup on refait
surface.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai bien senti, émerveillée,
regardant le soleil se coucher dans le Mékong, sur une petite île
déserte, le soir du réveillon. Et c'était comme si je voyais ces
couleurs pour la première fois. Nous étions assis sur la plage, il
y avait de la fumée qui m'étourdissait un peu. Nous nous levions
parfois pour nous baigner dans la rivière, pour nous laisser
emporter par le courant et faire des jeux de gamins dans l'eau. Et
j'ai retrouvé l'insouciance.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai bien senti, allongée dans le
hamac devant le bungalow, à simplement égrener les heures avec nos
conversations interrompues de longs silences paisibles, portée par
le balancement du hamac, sans l'angoisse du silence, sans la peur du
vide, sans la panique des minutes qui passent sans qu'elles ne soient
employées à quelque chose d'utile.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai bien senti dans mon
irrépressible envie de rire, allongée sur le sable, la pleine lune
dans la face, un sourire dans les yeux, la sensation du sable
redécouverte. Je riais parce que mon corps, endormi depuis de long
mois, s'était en fin réveillé et chaque centimètre de ma peau
semblait fourmiller.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai bien senti avec cette chanson
venue spontanément sur mes lèvres, pendant que je pédalais sur mon
vélo, pour aller visiter Don Khon, l'île située en face de Don
Det, avec Lucie, Casey et Alexandre, un Québecois qui nous avait
rejoint. Nous avons vu encore un autre coucher de soleil, là-bas,
pendant qu'Alexandre construisait un système solaire avec du sable.
Nous sommes rentrés de nuit, dans le noir, et je chantais encore car
je n'avais plus peur, je n'avais plus peur du noir.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai bien senti quand nous avons
franchi la frontière avec le Cambodge, en découvrant des paysages
bordéliques, embrumés de la fumée dégagée par les feux de
broussailles et de détritus que les Cambodgiens allumaient devant
leurs huttes en bambou, et le soleil rouge écarlate qui me faisait
penser à l'affiche d' « Apocalypse Now ». Les yeux
grand ouverts, je filais vers un pays inconnu sans aucune crainte de
ce que j'allais y trouver car je me sentais soudain suffisamment
souple pour tout affronter.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai bien senti pendant ces heures
de somnolence passées dans les bus, écouteurs vissés sur les
oreilles, avec l'envie d'écouter « Crave You » en
boucle, avec l'envie retrouvée de la curiosité, avec l'appétit de
découvrir, d'affronter la nouveauté.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai bien senti dans mon corps
réveillé, dans l'eau de mer qui caresse et qui mord de ses petites
dents salées sur l'île de Koh Rong, tout au sud du Cambodge, où
les plages ont un goût de Paradis, avec leur sable blanc et leurs
eaux turquoises ; dans les après-midi passées sur le sable,
plus sereine que jamais, apaisée par cette présence, dans un cocon
de douceur ; sur ce chemin cent fois arpenté, pieds nus, entre
notre chambre et le Coco Bar ou Police Beach ; dans les heures
de repos dans la chambre un peu moisie où nous nous étions
entassés, à jouer avec un minuscule chaton qui nous avait adoptés ;
dans cette marche, en fin d'après-midi, sur une plage que personne
ne semblait connaître ; dans tous ces endroits où pas une
seule fois n'est venue planer l'ombre de la solitude dévorante.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans l'euphorie du Nouvel
An, une euphorie depuis longtemps éteinte, dans l'amour spontané
qu'on se dit à l'approche de minuit ; sous ma peau qui brûlait
encore plus, ce soir là ; dans le premier lever de soleil de
cette improbable année observé en nageant au large de Police Beach,
les yeux presque douloureux de joie, pendant que les autres
assistaient au spectacle, alignés sur la dune.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti pendant cette après-midi,
passée sur un bateau, à observer des poissons avec un masque et un
tuba, à assister encore une fois à un coucher de soleil, chacun
d'entre eux unique, débarrassée de l'ennui, de la lassitude, de la
fatigue lourde qui me clouait au lit.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti pendant ces longues
heures, allongées sur le dos, yeux vissés au plafond, dans mon
ventre chaud, dans une torpeur infinie, mais un torpeur délicieuse.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans le bungalow d'Otress
Beach, trouvé comme un heureux hasard, parlant de David Lynch avec
du sable entre les doigts de pied, un verre de vin à la main, le
goût redécouvert.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans un autre hamac, au
bord du « lac secret » de Kampot, qui n'a de secret que
le nom, mais où nous étions seuls ; dans ce balancement qui
amena d'autres secrets ; dans la confiance partagée à tout nous
découvrir.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans ces après-midis à
l'arrière du scooter, à regarder défiler la rivière et puis les
magnifiques marais salants de Kampot, sans craindre la vitesse, sans
craindre l'accident, sans les scénario morbides qui d'habitude
surgissent dans mon cerveau.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti tous les soirs au Man
Groove, au son de Eels et Queens of the Stone Age, écoutant la vie
tumultueuse de Trevor, le propriétaire, jouant avec son chien,
Isabelle ; dans notre marche improvisée dans le village de
pêcheur, où nous nous demandions si les bassins qu'on voyait là
étaient le résultat des bombardements américains ; dans cette
impression d'être exactement là où il faut, sans rien demander de
plus.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans tous ces rires qu'on
a partagés, dans quelques larmes aussi.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans des douches
réparatrices, après de trop longues heures de bus.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans un karaoké
improvisé sur les berges de la rivière à Phnom Penh.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans nos Long Islands et
puis nos White Russian.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti en me rappelant des mots
d'André Gide, dont j'avais oublié la résonance ; et dans leur
échos, j'ai retrouvé mes rêves.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans nos confidences,
encore, nos confidences désespérées.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans les nuits qu'on
repousse, juste pour pas dormir, pour que demain arrive plus tard,
pour profiter encore un peu.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai senti dans la simplicité, dans
l'évidence du moment, dans toutes les sensations, dans toutes les
émotions retrouvées.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Dans tous ça.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Dans chaque minutes, chaque seconde de
ces quelques semaines depuis que le bois a brûlé sur la plage de
Don Det, depuis que j'ai ouvert les yeux. Depuis que j'ai réalisé
que j'avais effacé de ma mémoire une année toute entière mais que
je me réveillais là, à l'autre bout du monde, avec un rêve
réalisé à bout de bras et un sourire dans chaque membre.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je l'ai bien senti.<br />
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<a href="http://www.milleetune-vies.com/2014/07/13072014-since-i-came-back-ive-been.html" target="_blank">Je suis sortie du putain de trou noir. </a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-BsjwP4psLu4/VuZOO9Ya2ZI/AAAAAAAABS8/3L8L2Ebcs8s5hMt1iHWICpkxDTt3MlgrA/s1600/nouvel%2Band%2B2016.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="360" src="https://1.bp.blogspot.com/-BsjwP4psLu4/VuZOO9Ya2ZI/AAAAAAAABS8/3L8L2Ebcs8s5hMt1iHWICpkxDTt3MlgrA/s640/nouvel%2Band%2B2016.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-56369482446878541632016-03-09T02:20:00.001-08:002016-03-09T04:57:54.847-08:0020-22.12.2015 : Le Plateau des Boloven - Chez Captain Hook, dans une tribu animiste katu.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfXR7hLzxYrDh1Z1Mp_NvzRb9BI7XURFwxIveqbjqwmOhHfpoxLabOUunrolv5IfBnDgEIHqacG8Wt0skf6P89Z6E5CR6Ipz-RMUuOZy8mG5Nge0yALsET1vCITiOaEySCG_fGk_aKcFGh/s1600/2015-12-22+06.53.22.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfXR7hLzxYrDh1Z1Mp_NvzRb9BI7XURFwxIveqbjqwmOhHfpoxLabOUunrolv5IfBnDgEIHqacG8Wt0skf6P89Z6E5CR6Ipz-RMUuOZy8mG5Nge0yALsET1vCITiOaEySCG_fGk_aKcFGh/s640/2015-12-22+06.53.22.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
Il faut parfois s'accrocher pour
arriver à destination. Mais à la limite, ça peut rendre l'arrivée
encore plus savoureuse. Je n'aurais sans doute pas eu besoin de ces
complications pour tomber amoureuse du plateau des Boloven, mais
elles ont quand même fait partie du trajet.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
A Vientiane, j'avais donc retrouvé
Tomas, le Belge rencontré sur le « slow boat » entre la
Thaïlande et le Laos, et nous avions décidé de descendre le long
du Mékong ensemble, puisque nous avions tous les deux en tête de
fêter Noël dans la région des quatre milles îles, tout au sud du
pays. Après notre escale à Khong Lo, l'idée était de nous arrêter
à Savannaketh, histoire de ne pas faire un trajet en bus
interminable. Savannaketh décrite comme une « jolie ville
coloniale au charme désuet », par le Lonely Planet. Soit une
autre manière de dire « un trou où personne ne va parce que
c'est tout décrépi ». L'endroit peut servir de point de
départ pour des randonnées dans un parc national à proximité,
mais après avoir passé une après-midi à errer dans les rues vides
et fissurées de la « jolie ville coloniale », et après
avoir défié au billard une patronne de bar un peu mère maquerelle
sur les bords, avec un caractère digne d'un personnage des films
d'Almodovar, nous avons décidé de ne pas nous éterniser, et de
filer à Pakse dès le lendemain matin. J'ai fini par jeter tous mes
guides papier à cause de ce genre de mauvais plans et
d'approximations. Les Internet, c'est vachement mieux.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L'arrivée à Pakse aussi a été
chaotique. A l'approche de la ville, quelqu'un est monté dans le
bus, est venu voir directement les cinq Occidentaux (dont nous, donc)
assis dans le fond pour nous dire que notre arrêt était là et que
nous devions descendre. Sauf que nous étions à dix kilomètres de
Pakse, et que ladite personne avait en fait appelé ses potes
chauffeurs de tuk-tuk pour prévenir de l'arrivée de cinq pigeons
qui allaient avoir besoin d'eux pour finir la route. Nous avons
refusé de descendre, exigeant d'être conduits au même endroit que
toutes les autres personnes du bus. Au bout de cinq ou dix minutes de
discussion, il a enfin laissé tomber et le bus est reparti pour le
centre ville de Pakse, où nous avons pu marcher jusqu'à l'hôtel.
Nous nous en sommes finalement plutôt bien sortis puisque d'autres
touristes qui ont été confrontés à la même chose (l'arnaque est
systématique) n'ont pas eu le choix : le conducteur a débarqué
leurs affaires qui étaient en soute. Ils ont donc du quitter le bus.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Pakse ne vaut pas mieux que
Savannaketh, mais c'est le passage obligé pour visiter le plateau
des Boloven, dont le nom viendrait du peuple Laven qui dominait la
région. Il y a des tours en bus organisés depuis Pakse, mais Tomas
avait accepté de m'embarquer sur son scooter pour explorer le
plateau ensemble en faisant une boucle de trois jours. Nous avons
profité des précieux conseils d'un Belge, dirigeant de Miss Noi, un
magasin de location de scooters. Tous les jours, à 18h, il donne une
conférence (gratuite) d'une heure pour expliquer tout ce qu'il y a à
voir sur le plateau, en donnant des conseils et des plans qu'aucun
guide papier ne donne (oui, j'ai une petite dent contre ces guides,
maintenant). Une nuit à Pakse plus tard, nous nous sommes mis en
route.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le plateau des Boloven, c'est des
routes sèches, poussiéreuses, entre jaune et rouge, et des
cascades, beaucoup de cascades qui arrosent une végétation épaisse,
lourde. Des cascades, on en avait déjà vues pas mal, et vu qu'on
avait un emploi du temps serré – et qu'il y avait quelques <i>kips
</i>à payer pour chacune d'entre
elles - on ne les a pas toutes faites. Mais je n'ai pas regretté mes
deniers devant la cascade de Tat Faan et ses 120m de haut qui font
d'elle la plus haute cascade du Laos. Impossible de s'en approcher
trop près : on ne peut observer que de loin cette gigantesque
chute qui tombe dans un gouffre dont on ne voit pas le fond.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-qMV7iDkJKhY/Vt_rus8162I/AAAAAAAABRw/Iand9LwQjh4/s1600/2015-12-22%2B06.57.19.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-qMV7iDkJKhY/Vt_rus8162I/AAAAAAAABRw/Iand9LwQjh4/s640/2015-12-22%2B06.57.19.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfQAdN2zPQohyXgf8NCc-FB963IB9-OAhcxsWGKfAQgAyiitH6z6RHito3RFa-wgxeH7CA043lk4FROtPaJPrR9PL3rW-cm5Z1DzX7A8AC5qLInp7lE-dYQy3lACwL0HchNZzGR_75TDgv/s1600/2015-12-22+08.40.15.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgfQAdN2zPQohyXgf8NCc-FB963IB9-OAhcxsWGKfAQgAyiitH6z6RHito3RFa-wgxeH7CA043lk4FROtPaJPrR9PL3rW-cm5Z1DzX7A8AC5qLInp7lE-dYQy3lACwL0HchNZzGR_75TDgv/s640/2015-12-22+08.40.15.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* La cascade de Tat Faan *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le plateau des Boloven, c'est aussi de
minuscules villages, comme celui de Tad Lo, où nous avons passé une
nuit dans un « homestay », à l'étage d'une maison
familiale tenue par une grand-mère qui gérait à la fois le
business et sa petite famille, et qui a accroché à nos poignets un
petit bracelet jaune en guise de protection avant que nous repartions
sur notre scooter. Le matin, les femmes du village viennent vendre
des fruits et légumes, entassés dans de gros paniers qu'elles
portent sur leur dos à l'aide de sangles autour de leurs épaules.
Elles arrivent à plusieurs, et s'accroupissent sur le perron. L'une
d'elle allume une énorme cigarette – un feuille de je ne sais
quelle plante dans laquelle elle a roulé du tabac. Notre grand-mère
discute avec elles longtemps, sa petite-fille entre les jambes et
peut-être parlent-elles de la transaction. Ou d'autre chose.
Peut-être prennent-elles tout simplement leur temps. Le temps qui
coule si lentement au Laos. La discussion est entrecoupée de longs
silences pendant lesquels il ne se passe rien. Elles se regardent,
regardent la rue. Elles regardent passer la procession des moines
qui, comme tous les matins, avancent dans la poussière matinale pour
récolter quelques produits dont ils ont besoin. L'une d'entre elles
leur fait une offrande en déposant de la nourriture dans leur
panier, sans les toucher – les femmes n'ont pas le droit de toucher
les moines.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En face du « homestay »,
dans ce minuscule village, un petit restaurant a affiché des
couleurs espagnoles et propose des « patatas bravas » au
menu. Et c'est justement un Espagnol qui nous y a accueilli. Non pas
le propriétaire, qui ne pouvait pas être là ce jour-là, mais un ami. Lui, l'Espagnol, il est juste là par amour de Tad Lo.
Il y est venu il y a quelques années et revient régulièrement y
passer quelques semaines, voire un mois. Je lui demande ce qu'il fait
pendant tout ce temps ici, ce qu'il fait dans cet endroit habité par
à peine quelques familles et rien d'autre, et ma question paraît
incongrue. Je ne suis toujours pas passée à l'heure laotienne,
dirait-on. Plus tard, une Française nous rejoint, claudicante. Elle
a eu un accident de scooter – ses bleus et ses cicatrices sont
impressionnants - et elle reste ici quelques jours le temps de se
remettre, avant de retourner travailler à quelques kilomètres
d'ici. Comme l'Espagnol, elle est tombée amoureuse de Tad Lo et du
Laos. Alors elle est restée. Tomas & moi somme restés là ce
soir-là, dégustant nos Beerlao en parlant de nos vies. De sa femme,
de sa fille, qui lui manquent énormément. Du Russe qui partageait
son dortoir à Vientiane et qui est la personne la plus flippante que
j'ai rencontrée. Nous parlons végétarisme et véganisme, un point
commun que nous avons. Nous parlons de la dépression. Les heures de
confidences amènent systématiquement à des sujets trop sombres.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHIRPAdi7s73dTxAQ4J21TQJrWh1AtYlAXdy1ZMrBLzCBCo_-0iU6dQ6lwYPjfYUDGVSoF8HQMvuBoyb1nvSEMJvnQ6okN105FXWuzIvEm2TeOIx4-rh4v18B91csH2AzMlsSvz7tlCJ5N/s1600/2015-12-22+07.18.55.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjHIRPAdi7s73dTxAQ4J21TQJrWh1AtYlAXdy1ZMrBLzCBCo_-0iU6dQ6lwYPjfYUDGVSoF8HQMvuBoyb1nvSEMJvnQ6okN105FXWuzIvEm2TeOIx4-rh4v18B91csH2AzMlsSvz7tlCJ5N/s640/2015-12-22+07.18.55.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Grains de café *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le plateau des Boloven, c'est enfin de
gigantesques plantations de café et de thé appartenant soit à de
grosses industries, soit à des petites tribus qui vivent encore sur
le plateau, cachées au bout d'une route crevassée, rocailleuse dans
ces fameuses maisons sur pilotis. Nous avons visité une de ces
tribus, une tribu animiste katu, et cette expérience restera un des
moments particulièrement marquants de mon voyage.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
C'est le Belge de Miss Noi qui nous
avait conseillé de rendre visite à Hook, renommé Captain Hook par
les visiteurs occidentaux. Il a fallu s'accrocher pour trouver son
village, passer et repasser plusieurs fois sans le voir devant un
tout petit panneau en bois avec une inscription faite maladroitement
à la main. Nous avons conduit tant bien que mal notre scooter
jusqu'à la maison de Hook, avançant prudemment entre des enfants
nus jouant dans le sable et des chiots, des cochons et des poules qui
courraient partout dans le village.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Hook était assis « sous »
sa maison sur pilotis et nous a accueillis calmement, lentement,
« laotiennement ». Il nous a proposé un café, que sa
femme a préparé en écrasant les grains avec un pilon avant de nous
le servir dans un filtre en bambou qu'il avait fait lui-même. Sans
hâte, il s'est rassis et a repris sa gigantesque pipe à eau garnie
de tabac, l'a fumée en faisant un bruit de bulle et puis nous l'a
tendue. Impossible pour ma part d'en tirer quoi que ce soit : il
fallait se coller le haut de la pipe au coin des lèvres et recouvrir
le reste de l'ouverture avec sa joue. Je ne sais pas si mon visage
est trop petit ou si je n'ai juste pas pigé le truc, mais j'ai fini
par laisser tomber.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Pourquoi vous ne fumez pas des
cigarettes ? C'est quand même plus facile ! »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« C'est moins cher. Ici, on
cultive le tabac nous-mêmes. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYns8K0YZh79MLfd2vxWdALELux20usa9QZmFq8V6ZfCqT92U3g0tIvIuaoUht2MNrmXjJEtyjuKyJmHimS7jj1M72tlTqkLfP1iOaN4DEQT3nk7pev_Qqx1j1KWtho5qlVQSbWU4kAUfy/s1600/2015-12-20+13.53.36.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYns8K0YZh79MLfd2vxWdALELux20usa9QZmFq8V6ZfCqT92U3g0tIvIuaoUht2MNrmXjJEtyjuKyJmHimS7jj1M72tlTqkLfP1iOaN4DEQT3nk7pev_Qqx1j1KWtho5qlVQSbWU4kAUfy/s640/2015-12-20+13.53.36.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
* Tentative d'utilisation de la pipe à eau *</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-dBCFBlDhgI0/Vt_rZnvPfSI/AAAAAAAABRc/HBraXkqp_wI/s1600/2015-12-20%2B13.58.16.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://4.bp.blogspot.com/-dBCFBlDhgI0/Vt_rZnvPfSI/AAAAAAAABRc/HBraXkqp_wI/s640/2015-12-20%2B13.58.16.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Préparation du café *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Dans la tribu, le partage de la pipe à
eau a une valeur sociale : elle est utilisée en signe de
bienvenue et pour tous les rassemblements. « C'est pour ça que
les enfants commencent à fumer à trois ans », nous explique
Hook en montrant un de ses fils, pas plus haut que trois pommes,
assis par terre avec une mini pipe à eau qui faisait malgré tout le
moitié de son corps. Devant notre air un peu interloqué, Hook a dit
cette phrase qu'il sera amené à répéter plusieurs fois pendant
nos quelques heures avec lui : « Je sais que ce n'est pas
comme ça chez vous. Mais c'est notre culture. » Avant
d'ajouter que ses enfants aussi se posent des questions à notre
égard : pourquoi certains d'entre nous sont bruns, et d'autres
blonds ? Pourquoi certains sont plus blancs que d'autres ?
Mais l'enfant qui fume la pipe sera loin d'être le plus surprenant
dans cette expédition.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous avons demandé à Hook si nous
pouvions faire le tour du village. Il a proposé de nous emmener
d'abord voir ses plantations de café. Sur le chemin, il nous donne
quelques recommandations : il est possible de prendre des
photos, mais pas les personnes ayant des tatouages sur le visage, les
« gourous », cela leur volerait leur magie. De toute
manière, ils se cachent, généralement, quand il y a des visiteurs.
Il nous demande également de ne pas toucher le riz lorsque nous
passerons près des cultures, car cela enlèverait « la
chance » et mettrait en danger leurs récoltes.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En traversant lentement les plantations
de café, Hook nous explique comment reconnaître les graines mûres
des graines encore trop jeunes. Il nous montre les plants réservés
à l'exportation, et ceux qui produisent un café qui n'est pas du
goût des Occidentaux et qui reste au Laos. Un peu plus loin, sur le
bord du chemin, après avoir énuméré quelques plantes médicinales,
il cueille une feuille pour en faire une petite lance qu'il projette
avec un geste vif et transperce une autre feuille avec précision.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« On peut l'utiliser pour tuer
des lézards, par exemple. » Puis, en désignant une petite
cicatrice qu'il a sous l'oeil, il ajoute : « Pour jouer,
un de mes amis me l'a lancée au visage, un jour. J'ai encore la
cicatrice. Heureusement, ça n'a pas touché l'oeil. »
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Cette arme n'en est cependant pas une
dans toutes les mains. Quand Tomas s'essayera au lancer de feuille,
elle tombe mollement sur le sol sans risquer de blesser qui que ce
soit. Nous serons finalement beaucoup plus agiles avec une autre
plante qui sécrète un liquide qu'on peut utiliser pour faire des
bulles. Retour en enfance garanti.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-HJlTG70UuIQ/Vt_rh3n09oI/AAAAAAAABRo/pd4OayqsO44/s1600/2015-12-20%2B15.02.51.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-HJlTG70UuIQ/Vt_rh3n09oI/AAAAAAAABRo/pd4OayqsO44/s640/2015-12-20%2B15.02.51.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Lances et bulles *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-qWUNGooPsqU/Vt_rhx7o2XI/AAAAAAAABRk/ilKIDeYMZ8s/s1600/2015-12-20%2B15.07.39.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-qWUNGooPsqU/Vt_rhx7o2XI/AAAAAAAABRk/ilKIDeYMZ8s/s640/2015-12-20%2B15.07.39.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/-jSp_AKctI3Y/Vt_rh4UvFHI/AAAAAAAABRg/-Aq0zVEPoQM/s1600/2015-12-20%2B15.13.51.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://2.bp.blogspot.com/-jSp_AKctI3Y/Vt_rh4UvFHI/AAAAAAAABRg/-Aq0zVEPoQM/s640/2015-12-20%2B15.13.51.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Un met délicat *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Dans les autres merveilles de la
nature, notre guide nous montre les fourmis rouges, un met
apparemment fameux que Tomas et moi déclinons, en bons végétariens
convaincus. « Vous êtes sûrs ? Je peux leur couper la
tête pour vous. », nous encourage Hook avant de fourrer
lui-même des fourmis dans sa bouche. Un peu plus loin, une araignée
attire son attention : « Si vous enlevez un vêtement,
regardez bien s'il y a des araignées dedans avant de le remettre. Il
n'y a pas longtemps, un touriste s'est fait piqué et il a dormi
pendant huit heures. » Meilleur somnifère du monde.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Les katu sont animistes – ils croient
aux esprits de la nature et ceux-ci sont présents partout, dans
chaque moment de vie, dans toute la structure de leur société. Hook
nous explique longuement comment se passe la naissance d'un enfant :
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Lorsque la femme va accoucher,
elle doit aller dans la jungle avec d'autres femmes pour donner
naissance au bébé, et elle doit y rester une semaine. Avant de
revenir, elles doivent faire un rituel avec du feu pour chasser le
mauvais esprit dans le bébé. Mais on ne choisit pas tout de suite
le nom : à la pleine lune, on doit aller voir le « gourou »
pour lui raconter le rêve qu'on a fait cette nuit-là. S'il s'agit
d'un bon rêve, alors on peut donner un prénom au bébé. Si le rêve
n'est pas bon, il faudra attendre la prochaine pleine lune. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Parfois, les femmes meurent en couche.
Alors, on les enterre progressivement, à la verticale, pour qu'elles
puissent nourrir la terre de leur fécondité. Le premier jour, on
les enterre jusqu'aux genoux. Le deuxième jour, jusqu'à la taille,
et le troisième, jusqu'à la tête.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et vous, vous croyez à l'esprit de la
Lune ? »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
La question nous interloque un peu.
Bien obligés de dire que non, sans pour autant rentrer dans les
détails de notre non-croyance. Hook nous regarde un peu surpris.
Puis, il passe à autre chose.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L' « autre chose »
sera plus difficile à entendre, mais là encore, Hook nous répète :
« Je sais que ça vous choque, mais c'est notre culture » (âme
sensible, tu peux sauter un paragraphe). Qui dit esprits de la
nature, dit aussi sacrifices d'animaux. Alors que nous quittons les
plantations de café et les cultures, Hook nous montre un endroit où
seuls les « gourous » ont le droit de se rendre :
c'est là qu'ils sacrifient des buffles, une fois par an. Au centre
du village, un poteau est dressé au milieu d'un grand terrain. Une
fois dans l'année, la tribu y accroche des chiots ; chaque
personne du village doit les battre, tour à tour, jusqu'à la mort.
Lorsqu'il nous parle de cette coutume, Hook nous regarde un peu en
coin. Il doit avoir l'habitude de réactions choquées. Un silence
plane. Il faut faire un effort mental pour ne pas penser
immédiatement avec notre cerveau d'occidental, pour ne pas faire de
raccourcis trop rapides entre leur pratique et la maltraitance bête
et méchante en guise de pure divertissement que l'on connaît dans
nos contrées, ou au prétexte de traditions qui n'ont plus de sens.
Alors, nous ne disons rien à Hook et nous continuons la visite.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifXpId73ldd0YL6vXnznIRXRZnOMlml529MlXCSrsCiKOkcLo1beHrN0Owsxh4rVfcShgA6Al5FBX8tW1nvZxVb4vtsvNWYroR66R-cXSubmuuJRDAIjicbjfEZDSD_7B-6CjSv0I4-zbN/s1600/2015-12-20+15.56.41.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifXpId73ldd0YL6vXnznIRXRZnOMlml529MlXCSrsCiKOkcLo1beHrN0Owsxh4rVfcShgA6Al5FBX8tW1nvZxVb4vtsvNWYroR66R-cXSubmuuJRDAIjicbjfEZDSD_7B-6CjSv0I4-zbN/s640/2015-12-20+15.56.41.jpg" width="640" /></a></div>
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<i>* Dans le village katu *</i></div>
<br />
Histoire de changer un peu de sujet,
nous posons quelques questions pour mieux connaître mieux la vie de
notre guide. Tout ce que nous savons pour l'instant, c'est qu'il a
quatre enfants, trois garçons et une fille - ce qui l'embête bien,
parce qu'il sera obligé de payer trois fois une dot pour marier ses
fils (ce qui peut leur arriver dès l'âge de six ans). Hook est
aussi le seul du village à parler anglais, car il a eu la chance de
partir étudier à Bangkok et en Australie. Parce qu'il a voulu
privilégier ses études, il a refusé une première femme qu'il
devait épouser, et l'a « donnée » à son frère. Il en
a refusé de même une deuxième et une troisième. Quelques temps
plus tard, il a reçu une lettre lui annonçant que sa grand-mère
était mourante et qu'il devait retourner au village. L'histoire de
la grand-mère agonisante s'avéra un mensonge : arrivé au
village, son père lui annonça que s'il ne se mariait pas
immédiatement, il n'aurait plus jamais le droit de revenir. Fin des
études.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Sauf que. Hook nous explique qu'il a
brisé la règle du village trois fois en ayant des relations
sexuelles hors mariage. Avec les trois premières femmes qui lui avaient
été promises ? Ca reste un peu flou. Quoi qu'il en soit, pour
chaque erreur commise, il a du payer une dette au village – dette
qui a augmenté à chaque nouvelle incartade : un buffle, un
poulet, un chien, un cochon. Puis deux buffles, deux poulets, deux
chiens, deux cochons. Et ainsi de suite. Aujourd'hui, Hook n'a
toujours pas le droit de quitter le village sans être accompagné
d'un chaperon, et il n'a pas le droit de rentrer dans la maison des
autres. Pour couronner le tout, le « gourou » - qui n'est
autre que son oncle – l'accuse de la mort de son père – donc, le
frère du « gourou » - qui aurait été tué par
l'esprit du sexe invoqué par son fils. Hook s'est donc vu menacé de
mort avec toute cette histoire. Tout ça, c'est un peu « Dallas
chez les katu ».
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
La traversée du village en lui-même a
finalement été très rapide – et tant mieux. Je n'étais pas à
l'aise dans le rôle de la touriste voyeuse prenant des photos des
petits enfants jouant au volley tout nus. Mais le personnage de Hook,
lui, était particulièrement attachant. Lorsque nous nous quittons,
nous ne faisons aucune promesse. Il nous l'avait expliqué lui-même :
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Si vous m'envoyez un message
pour me demander si vous pouvez venir dans quelques jours pour une
autre visite ou pour rester dormir ici, je vous répondrai
« peut-être ». Ca ne veut pas dire que je ne peux pas,
mais nous ne pouvons pas utiliser le futur. Parce que si je vous dis
« oui » et qu'un mauvais esprit m'emporte avant votre
arrivée, alors j'aurais brisé ma parole. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Un peu de sagesse katu à ajouter au
moulin de l'idée de bannir les temps de notre langage. </div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-75633402911294359382016-02-28T04:41:00.001-08:002016-02-28T04:49:47.530-08:0005-19.12.2015 - Sur les routes du Laos<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjojcPn6G27LTK1QIN35yisBqVXSbSbBE8yI6xBAr5zisRevUXsFXo1hm4UCIdl6c4PFj_M03JAXG2Nh06lAyY_njtwNHwX41Fre6KTHoPT8vHI3LQtaLPWyyzMiYT6kPyXWiFJa2AUbRdj/s1600/2015-12-10+11.04.06.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjojcPn6G27LTK1QIN35yisBqVXSbSbBE8yI6xBAr5zisRevUXsFXo1hm4UCIdl6c4PFj_M03JAXG2Nh06lAyY_njtwNHwX41Fre6KTHoPT8vHI3LQtaLPWyyzMiYT6kPyXWiFJa2AUbRdj/s640/2015-12-10+11.04.06.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<i>* Par la fenêtre du bus *</i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="text-align: justify;">Au Laos, les longues heures, voire les
journées entières, passées dans des bus pour aller d'un lieu à un
autre ont fait partie intégrante du voyage. C'est peut-être un peu
triste à dire, mais lorsqu'on quitte des endroits comme Vang Vieng,
on se rend compte que la fenêtre du bus est peut-être le moyen le
plus efficace d'avoir un aperçu de </span><i style="text-align: justify;">la vraie vie au Laos</i><span style="text-align: justify;">.
Et puis bon, prendre des bus et écouter de la musique étant ma
grande passion, chaque trajet fut presque un ravissement.</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
La première chose
qui m'a frappée, et ce dès le passage de la frontière, c'est à
quel point la trace coloniale est présente au Laos. C'est en tout
cas la première fois que ce passé là m'a frappée, dans tous les
pays que je verrai après. Au fil des routes s'alignent des huttes en
bois comme montées sur pilotis, qui semblent prêtes à s'écrouler
au moindre coup de vent, dans lesquelles des familles entières
vivent. Et puis, tout d'un coup, une gigantesque maison, pompeuse,
dans le plus pur style colonial. Souvent, elles sont abandonnées, ou
bien en ont tout l'air. C'est étrange de voir ces habitations
s'alterner. C'est un peu comme essayer de lire l'histoire du pays à
travers tout un alignement de symboles, comme des hiéroglyphes en
forme de maison. L'atmosphère coloniale atteint pour moi son sommet
à Luang Prabang, dans des petites rues aux maisons charmantes, où
sont encore posées des inscriptions écrites en français.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcY6hN6k9qbl-zqXpQjCEnjAAC7pEhZEIygAz4Yoz51Ub7LJk1bEy9JdQecivpeaEFxlD_u0HKyOiwK9NQySoQPxOYCb2dgi3gxH8zb5I1iabgXjn5xJeCR9N2Ip_arWRINJehm6w9Ua2V/s1600/2015-12-16+16.53.46.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcY6hN6k9qbl-zqXpQjCEnjAAC7pEhZEIygAz4Yoz51Ub7LJk1bEy9JdQecivpeaEFxlD_u0HKyOiwK9NQySoQPxOYCb2dgi3gxH8zb5I1iabgXjn5xJeCR9N2Ip_arWRINJehm6w9Ua2V/s640/2015-12-16+16.53.46.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i> * Les maisons sur pilotis *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYlkJLqWkg641FIQiLT7u3f0bkORMA9YnUBHbdkQwfncLXBWiITrQ2NnpF0zeEktqThYplEoZ8B9IEjy-pGkEMosg29lVN9xjvl2jfoVjul58Y2DhSigeWIyGm2rL61-aAK51aVf_24M2n/s1600/2015-12-17+08.47.47.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYlkJLqWkg641FIQiLT7u3f0bkORMA9YnUBHbdkQwfncLXBWiITrQ2NnpF0zeEktqThYplEoZ8B9IEjy-pGkEMosg29lVN9xjvl2jfoVjul58Y2DhSigeWIyGm2rL61-aAK51aVf_24M2n/s640/2015-12-17+08.47.47.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWIu0rNVZL_gNV4I7DbBGNmckYDGoN6xFKNRFJKbB8CENmxjwwFWaj7mdPVAIXtSj9xU7yRlYCMx45xQdzAf13mVtD_FfU-zewxG_-1lcqwYT2IGw_3Mn06hGHHeMz9bywmlY1wnPH03PG/s1600/2015-12-17+08.51.01.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWIu0rNVZL_gNV4I7DbBGNmckYDGoN6xFKNRFJKbB8CENmxjwwFWaj7mdPVAIXtSj9xU7yRlYCMx45xQdzAf13mVtD_FfU-zewxG_-1lcqwYT2IGw_3Mn06hGHHeMz9bywmlY1wnPH03PG/s640/2015-12-17+08.51.01.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="margin-bottom: 0cm;">
La deuxième chose
qui m'a marquée, ce sont les enfants. Dans mon guide du Laos, on me
disait que c'était le pays des je ne sais combien de milliers
d'éléphants. Des éléphants, je n'en ai quasiment pas vus. Mais
des enfants, oui. Et plus que partout ailleurs, étonnamment. Je n'ai
aucune idée de la raison, j'avais peut-être tout simplement les
yeux plus grand ouvert. Mais il y avait, partout, des écoles, des
bâtiments posés sur de gigantesques terrains ras où jouaient des
dizaines et des dizaines de gamins. Il y a eu ces deux petites
filles, dans les rues de Luang Prabang, pas plus de dix ans à elles
deux, juchées sur les escarpins de leurs mères, jouant à la dame
avec des sacs à main mille fois trop grands pour elles. Il y a aussi
eu ces trois petits bonhommes à Vang Vieng, pêchant de minuscules
poissons avec une sorte de baïonnette en bois qu'ils avaient
fabriquée eux-mêmes, avant de démarrer un feu pour les faire
griller, sans se soucier le moins du monde des touristes autour d'eux
qui fondaient à l'unanimité devant ces petits bouts d'homme. C'est
aussi au Laos, entre Luang Prabang et Vang Vieng que Jennifer et moi
avons rencontré la personne qui parle le mieux anglais de toute
l'Asie du Sud Est : Angelica, une petite fille de cinq ans qui
vit avec ses parents dans une minuscule guest house perdue au milieu
de nulle part. Angelica s'est prise d'affection pour Jennifer – et
inversement. Elle avait accroché à sa jupe une queue faite en
papier toilette et nous expliquait qu'elle était un cheval. Elle
s'est tout de suite collée à Jennifer, lui demandant la
signification de chacun de ses tatouages – un bouddha, un mandala
fait à Chiang Mai, la phrase : « You are a child of the
universe, no less than the trees and the stars » - tout en essayant de faire voler un
papillon qui avait l'air bien fatigué. </div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://4.bp.blogspot.com/-yZbCs0ujn0E/VsCl306w3QI/AAAAAAAABQk/462m5P_Scvk/s1600/2015-12-10%2B14.03.26.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://4.bp.blogspot.com/-yZbCs0ujn0E/VsCl306w3QI/AAAAAAAABQk/462m5P_Scvk/s640/2015-12-10%2B14.03.26.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Jennifer et Angelica *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiB7rZe6eoLH2s8AR0wGh835d2V7Gz5-hPalFVdChwQghnM_uiAjJfty6Y3VGDTZ7DCHX_rOBz7be154RPVr3chNNi4RyOWJfOvIlQCIKio-mv_GGFDJu7_8iyhK8uYs6mHraF26xHkfNWH/s1600/2015-12-13+10.56.34.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiB7rZe6eoLH2s8AR0wGh835d2V7Gz5-hPalFVdChwQghnM_uiAjJfty6Y3VGDTZ7DCHX_rOBz7be154RPVr3chNNi4RyOWJfOvIlQCIKio-mv_GGFDJu7_8iyhK8uYs6mHraF26xHkfNWH/s640/2015-12-13+10.56.34.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Les jeunes pêcheurs de Vang Vieng *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhx8SkXQhNP4_inOIYNKunUHH6TlyKW9nN8oDYnCSWsQoHm6IsMBZCRJ04BVUbIdGimK-0vNQ6XDOvYs-3w103VNNbeBMyulep-FCEfyjB5ejkjOXN8gZ7KJOsxnyIVOYAfgClr6Nriyrw6/s1600/2015-12-17+14.40.39.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhx8SkXQhNP4_inOIYNKunUHH6TlyKW9nN8oDYnCSWsQoHm6IsMBZCRJ04BVUbIdGimK-0vNQ6XDOvYs-3w103VNNbeBMyulep-FCEfyjB5ejkjOXN8gZ7KJOsxnyIVOYAfgClr6Nriyrw6/s640/2015-12-17+14.40.39.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Une cour d'école dans le village de Khong Lo *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
C'était un chance
de s'arrêter à cet endroit et de pouvoir échanger pendant quelques
minutes avec Angelica. La plupart du temps, le bus file, mais il
permet quand même d'attraper quelques instantanés de vie. Notamment
parce que le bus transporte des gens, bien sûr, et beaucoup de
locaux, d'ailleurs, mais il assure aussi de nombreuses livraisons.
Dans la soute, à côté nos sacs à dos et nos valises, il y avait
des colis que le chauffeur distribuait dans de minuscules villages,
ou des maisons isolées. Alors, on peut imaginer la vie de ces
infirmières, dans ce centre de santé paumé au milieu de nulle
part, avec ce tout petit chiot qui leur court dans les jambes. On
peut observer cette vieille dame, récupérant un colis, et touchant
avec l'argent de sa monnaie un objet qui se trouve près d'elle –
un geste que j'ai souvent vu faire, sans jamais pouvoir en comprendre
la signification.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Souvent le bus
s'arrête pour un arrêt toilette et de nombreuses personnes se ruent
dehors, courant littéralement dans les fourrés pour assouvir une
envie pressante. Encore plus souvent, ce sont des femmes qui montent,
avec dans leurs bras ou empilée dans des paniers posés sur leur
tête de la nourriture qu'elles vendent aux passagers – des
brochettes d'œufs de cailles, des pattes de poulet, des épis de
maïs et surtout, de succulentes chips de banane. On peut les écouter
discuter entre eux, avec toujours ce sourire collé sur le visage.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le
sourire, voilà, c'est de ça dont je voudrais me souvenir au Laos.
Le sourire de tous ces gens. Ces gens qu'on croise parfois accroupis
au bord de la route, dans cette position si bien maîtrisée en Asie
mais qui, personnellement, me déchire entre le tendon d'Achille, et qui ont l'air tellement loin de tout qu'on se demande comment ils
ont bien pu arriver ici, et surtout, ce qu'ils peuvent bien foutre
sur cette route, seuls, accroupis, une cigarette au coin du bec ou
suivant des yeux les bus qui passent devant eux. Ils ne sont pas
toujours seuls au bord de la route. Parfois, ce sont des familles
entières, assises devant leur maison ou leur échoppe, qui semblent
attendre que le temps passe. Même pas attendre, en fait. Qui
semblent simplement le regarder, ce temps, qui semble simplement être
là. Vivants. N'ayant rien d'autre à faire que ça, ne demandant
rien de plus que d'être assis sur leur chaise en plastique, avec leur
famille, ou leurs amis, en attendant que le prochain bus arrive pour
vendre un ou deux épis de maïs. Il paraît que les colons
trouvaient les Laotiens paresseux. Moi, si je ne me trompe pas dans
mon interprétation, j'aurais plutôt tendance à dire qu'ils ont
tout compris au bonheur.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://3.bp.blogspot.com/-msNxwfYVizA/VsCl91r7nLI/AAAAAAAABRE/uNsMGjQVyN4/s1600/2015-12-19%2B12.20.46.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://3.bp.blogspot.com/-msNxwfYVizA/VsCl91r7nLI/AAAAAAAABRE/uNsMGjQVyN4/s640/2015-12-19%2B12.20.46.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Les bus de mamie *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Entre Vientiane et
Savannaketh, nous nous sommes arrêtés à Khong Lo pour visiter une
fameuse grotte, qui m'a vaguement rappelée la Lod Cave que j'avais
visitée au nord de la Thaïlande. On la traverse aussi sur un bateau
qui glisse sur les rapides de la rivière, rivière si peu profonde
qu'il faut parfois sortir de la barque pour la pousser sois-même sur
les cailloux. Le plus spectaculaire, c'est la sortie, après de
longues minutes passées dans un noir presque complet, le tunnel
rocailleux qui s'ouvre avec un air presque théâtral sur d'autres
montagnes et sur le vert des arbres. Mais de Khong Lo, je me
souviendrai surtout du village. Village est peut-être même un peu
trop fort pour ces quelques maisons en bois rassemblées au bord de
la rivière et d'une route poussiéreuse qui traverse des champs
entre jaune et marron. En arpentant le chemin qui circule entre les
maisons, on peut entendre le craquement des bambous, sentir l'odeur
de la coriandre qui pousse partout. Au centre, il y avait aussi une
école (encore une) où j'ai observé pendant près d'une heure une
cinquantaine d'enfants faisant des allers retours entre le bord de la
rivière et leur cour de jeux pour en ramener de gros tas de sable.
Ces enfants là m'impressionnaient un peu avec leur va et vient
frénétiquement joyeux dont je ne comprenais pas le but, et les
sourires un peu interloqués qu'ils me lançaient en m'appelant
« farang » - une étrangère, une mot qui n'est pas
considéré comme une insulte mais qui serait la déformation du mot
« français », résidus de l'époque coloniale. L'un
d'entre eux m'a longuement suivie alors que je reprenais la
route de mon auberge, mais il prétendait regarder ailleurs dès que
je me retournais vers lui. A chaque maison, des grands-mères
affairées dans leur cour prenaient le temps d'un sourire pour me
saluer. A chaque champ, les travailleurs laissaient tomber leurs
outils pour me faire un signe de la main et continuer à me fixer,
sans que je ne sache s'ils m'invitaient à venir leur parler ou s'ils
m'accompagnaient simplement des yeux. Bref, mon jean troué, mes
baskets de rando et mon sac à dos défoncé ne passaient pas
inaperçus dans ce milieu de nulle part : chacun de mes pas était
accompagné d'un défilé de sourires et de regards, de vrais
regards.</div>
<br />
Mais le plus beau
sourire, ce fut celui de cette femme, entre Khong Lo et Taeketh. La
plupart du temps, nous voyagions dans des bus qui ressemblaient à
des maisons de grand-mères, avec les petites dentelles accrochées
aux fenêtres, mais les bibelots en moins. Mais cette fois-là, pas
le choix : le seul moyen de quitter le village où nous étions
était de rouler pendant cinq heures on songthew. Vu le confort de la bête,
autant dire qu'on appréhendait un peu ce trajet qui en plus, avait
la bonne idée de commencer à 6h du matin. Mais après cinq heures coincés
entre des Laotiens, ne pouvant communiquer autrement que par des
sourires et des hochements de tête, je crois que nous étions tous
d'accord pour dire que ce fut notre meilleur voyage. Peu de temps
après le départ, une femme avec des béquilles est montée avec ses
deux enfants. Elle avait apparemment été amputée de la jambe
récemment, car elle a remonté sa robe pour montrer à cette autre
femme, qui récoltait l'argent pour le songthew, ce qui lui était
arrivé. Les deux enfants avaient l'air particulièrement triste, et
je me suis dit que, peut-être, le drame avait été récent, et
qu'ils en étaient encore affectés. L'imagination, c'est tout ce qui
nous reste quand le langage nous manque. Des scénario comme ça,
j'en ai élaboré des caisses au fil de ces heures dans le bus. La
mère, elle, semblait rire de tout ça. Mais avec une jambe en moins,
elle pouvait difficilement garder contre elle à la fois sont fils,
le plus jeune, et sa fille. Cette petite gamine de quatre ou cinq ans
était absolument magnifique, mais son regard était terriblement
triste. Alors, cette femme qui collectait les tickets l'a prise sur
ses genoux. Et cette femme-là, cette femme... Impossible de lui
donner un âge, elle pouvait en avoir quarante comme soixante-dix, et
j'imagine qu'elle passait tous les jours entre cinq et dix heures sur
ce songthew, à faire des allers-retours entre Kong Lo et Taeketh, à
récolter l'argent de la douzaine de passager qui s'entassent à
l'arrière du véhicule. Mais cette femme-là avait surtout le plus
beau sourire que j'ai jamais vu, avec des petites rides qui formaient
un soleil autour de ces yeux. Cette femme irradiait d'une chaleur
éblouissante qui pourrait réconforter la personne la plus torturée
du monde – et sur ses genoux, la petite fille s'est endormie en
deux minutes.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je voudrais me
souvenir pour toujours de cette image. De cette petite fille et de
cette femme qui ont formé dans ma tête l'un des instants les plus
apaisants et les plus solaires qu'il m'ait été donné de voir. La
vie doit être bien plus douce, quand on est protégé par un sourire
comme ça. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVT3kf6WivrjofjKCX22vsrVNkMeRDXgl7XbJBS8tP-HD2pGHXYa_puCG-1RGQfbBUVM2wnZRslGPQj_5t2I-YeVdkZPBb9wfxt0MKSRjdOqigC_Sjj8vFkRh0J3hW3SzEw61RfDT1u8Ew/s1600/2015-12-17+06.45.27.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVT3kf6WivrjofjKCX22vsrVNkMeRDXgl7XbJBS8tP-HD2pGHXYa_puCG-1RGQfbBUVM2wnZRslGPQj_5t2I-YeVdkZPBb9wfxt0MKSRjdOqigC_Sjj8vFkRh0J3hW3SzEw61RfDT1u8Ew/s640/2015-12-17+06.45.27.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i>* Entrée et sortie de la grotte à Kong Lo *</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://2.bp.blogspot.com/--xLf1ENl4t0/VsCl7AfgE7I/AAAAAAAABQs/FlaazbhK9z4/s1600/2015-12-17%2B05.25.22.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://2.bp.blogspot.com/--xLf1ENl4t0/VsCl7AfgE7I/AAAAAAAABQs/FlaazbhK9z4/s640/2015-12-17%2B05.25.22.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-11622923326070081572016-01-26T01:11:00.001-08:002016-01-29T00:15:59.800-08:0005-13.11.2015 - Luang Prabang / Vang Vieng : Je vous ai rencontrés dans des paradis pas si artificiels.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-jgrim90XtEQ/Vqb6j7LiUAI/AAAAAAAABNg/VnulVsIbJNU/s1600/2015-12-09%2B17.16.17.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://2.bp.blogspot.com/-jgrim90XtEQ/Vqb6j7LiUAI/AAAAAAAABNg/VnulVsIbJNU/s640/2015-12-09%2B17.16.17.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Coucher de soleil sur le Mékong *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
En quittant Pai pour partir au Laos, je pensais quitter aussi cette ambiance de douce fête paresseuse pour me retrouver dans quelque chose de plus sauvage, de plus authentique. Autant dire que les premiers jours n'ont pas tout à fait été comme je l'imaginais.<br />
<br />
Pour rejoindre le Laos, Brayden,
Carolyn, Jennifer et moi avons pris un minivan jusqu'à Chiang
Khong, à la frontière. Au petit matin, nous sommes passés au Laos (ma première frontière terrestre ! ) et nous
sommes montés sur le « slow boat », un de ces bateaux à
longue queue qui descendent le Mékong pour rejoindre Luang Prabang.
Le trajet dure deux jours, avec une nuit passée à Pak Ban, une
toute petite ville laotienne située au bord du Mékong. Grimper sur
ce bateau, ce fut comme embarquer sur un navire qui traverserait le
Tartare pour rejoindre un autre monde. Pendant deux jours, nous
n'étions plus en Thaïlande, nous n'étions pas encore au Laos, nous
étions sur une longue embarcation en bois qui relevait d'un univers
parallèle où le temps s'écoule à la fois vite et longuement, et
où les liens, là encore, se tissent incroyablement rapidement entre
les gens. Pendant deux jours, nous avons lentement dérivé sur le
Mékong, dont je suis instantanément tombée amoureuse, son large
lit et ses rives vertes et montagneuses qui se terminent en petites
plages de sable blanc.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le bateau était ouvert, mais recouvert
d'un toit. Nous pouvions nous asseoir dans des carrés en bois ou sur
des longues banquettes, à l'avant. Il ne faisait
que quelques mètres, mais j'ai papillonné de groupes en groupes, de
mondes en mondes.
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-BynVWLnXpbU/VqcJbx0C4PI/AAAAAAAABPw/zaVAnS6KXuE/s1600/2015-12-06%2B13.31.09.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://4.bp.blogspot.com/-BynVWLnXpbU/VqcJbx0C4PI/AAAAAAAABPw/zaVAnS6KXuE/s640/2015-12-06%2B13.31.09.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Entre la Thaïlande et le Laos *</i></div>
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-D08_5UxwgII/Vqb4Kj1zb3I/AAAAAAAABNI/rNnsevAMkdc/s1600/2015-12-07%2B16.19.39.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://2.bp.blogspot.com/-D08_5UxwgII/Vqb4Kj1zb3I/AAAAAAAABNI/rNnsevAMkdc/s640/2015-12-07%2B16.19.39.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i>* Notre slow boat *</i></div>
<br />
Il y avait la planète Valentina, une
Allemande contemplative qui m'a parlé des projets humanitaires pour
lesquels elle a travaillé en Amérique Latine. Valentina voyage en
solo et elle prévoyait, comme moi, de descendre le Laos jusqu'au
Cambodge pour ensuite rejoindre l'Indonésie. Nous avons évoqué de
faire un bout de chemin ensemble. Je l'ai ensuite recroisée par
hasard dans presque toutes les villes dans lesquelles je suis allée,
arpentant seule les rues, avec ses lunettes de soleil et son appareil
photo, mais nos chemins ne se sont finalement jamais mélangés.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
La planète Marcos était habitée par
un Brésilien passionné de photo et de voyage, qui avait mis son
travail de côté pendant quelques mois pour partir en vadrouille.
Son rêve à lui, c'était de faire le grand saut, de tout laisser
tomber pour faire un tour du monde, ou tout du moins, le parcourir
pendant un moment.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il y avait enfin la planète Tomas, un
Belge flamand qui a quitté pendant quelques semaines sa femme et son
enfant pour réaliser un rêve qui le poursuivait depuis longtemps.
Nous n'avons échangé que quelques phrases sur ce bateau, mais il
est devenu plus tard un compagnon de route très précieux dont je
reparlerais plus tard.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et puis, j'ai finalement atterri sur la
planète Ally, Sharna et Iker, deux Britanniques et un Basque qui se
sont aussi rencontrés sur l'univers parallèle du bateau et qui ont
finalement rejoint notre petit quatuor pendant nos quelques jours à
Luang Prabang. Iker avait acheté un ukulélé et jouait « Somewhere
over the rainbow » en boucle. Sharna trimballait son
enthousiasme permanent avec ses grands yeux bleus, toujours
écarquillés, et son accent <i>so british. </i>Sa
destination finale, c'est l'Australie, pour un visa vacances travail.
D'ici là, elle se laisse porter par les rencontres pour aller d'un
pays à un autre. Je l'ai recroisée plus tard, par hasard, dans un
restaurant au sud du Cambodge. Aux dernières nouvelles, elle se
trouve au Vietnam. Ally, lui, vient de terminer un cycle dans son
école de droit et rêve de travailler dans l'industrie du cinéma
aux Etats Unis. Il visite l'Asie avec son bandeau multicolore qui
retient ses cheveux noirs, et repartira pour l'Amérique du Sud après
avoir passé les fêtes de fin d'année chez lui, en Grande Bretagne.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il y
avait beaucoup d'autres personnes sur cette planète, mais ce sont
eux que je retiendrai. Nous étions assis à l'avant du bateau dans
une ambiance de fête d'étudiants, faisant des jeux stupides avec
une bière et le son du ukulélé d'Iker en bande sonore. Au bout de
quelques heures, les rives du Mékong nous avaient peut-être un peu
lassés, alors il fallait s'occuper jusqu'à notre arrivée à Pak
Ban.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Pak Ban, une fois
de plus, est un tout petit village. Une rue, qui remonte depuis la
rivière, avec quelques auberges, des stands de nourriture et des
boulangeries où j'ai trouvé mes premiers croissants depuis mon
départ. On m'avait prévenue avant, mais c'est vraiment en posant le
pied à Pak Ban que j'ai compris à quel point le tourisme festif et
les drogues qui vont avec sont implantés au Laos. Dans la rue, dans
les restaurants, des locaux vous susurrent dans le creux de l'oreille
quelques mots : Marijuana ? Cocaïne ? MDMA ?
Surtout si vous êtes un jeune homme cela dit. Je crois. Personne
n'est venu me voir avec ce genre de propositions en tout cas. J'ai
peut-être déjà l'air trop vieille, qui sait. Dans les restaurants,
parfois, l'offre n'est même plus cachée : elle est sur le
menu. « Happy shake », « happy pizza », suivi
du prix.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le point culminant
de cette étrange ambiance se trouve à Vang Vieng, où j'ai atterri
quelques jours plus tard, après mon escale à Luang Prabang. Il y a
encore quelques années, Vang Vieng était le coin plus ou moins
secret de gigantesques « rave parties » où la jeunesse
occidentale venait se mettre la tête à l'envers dans des bars
paradisiaques sur les rives du Mékong. Des tyroliennes branlantes
avaient été tissées au dessus de la rivière, et les résultats
furent tragiques. Plusieurs dizaines de morts, suite à des accidents
sur ces tyroliennes ou par noyade, quand le whisky et les shots
distribués presque partout gratuitement avaient annihilé les
réflexes de survie de ceux descendant la rivière, pourtant calme,
sur des grosses bouées pneumatiques. Le gouvernement a fini par
taper du poing sur la table, et de nombreux bars ont du mettre la
clef sous la porte. On dit que la police rode, qu'elle surveille tout
ce qui se passe. Ils doivent être bien camouflés, car je n'en ai
vus aucun. Nous en avons juste entendu parler quand un Français a
été arrêté se baignant nu avec une fille la nuit dans la rivière
(il est interdit de se baigner de nuit, et je pense que l' « attentat
à la pudeur » n'est pas un sujet avec lequel on rigole
beaucoup au Laos non plus). Vang Vieng est peut-être moins folle
qu'il y a dix ans, mais la fête n'est pas terminée. Quelques semaines avant que nous arrivions, la rivière a d'ailleurs encore fait une victime. Et les bars
distribuent encore le whisky local gratuitement ou presque,
accompagné de ballons de gaz hilarant, et parfois, c'est un menu un
peu spécial avec des « happy » à chaque ligne qu'on
vous tend plutôt que celui qui donne les prix de la Beerlao.
<br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-COLyfetqoT0/VqcBCqCBd5I/AAAAAAAABOo/x-915kdgp9w/s1600/2015-12-12%2B16.14.42.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="http://1.bp.blogspot.com/-COLyfetqoT0/VqcBCqCBd5I/AAAAAAAABOo/x-915kdgp9w/s640/2015-12-12%2B16.14.42.jpg" width="480" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Indice : ce ne sont pas des ballons de foot *</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais l'ambiance est
cependant très loin d'être glauque – sauf peut-être dans cette
horrible boite de nuit de Vang Vieng, la Room 101 où je suis restée
environ 2min30, et où les <i>lady boys </i>vous frôlent pour piquer
portefeuilles et Gopro, qu'on peut récupérer ensuite moyennant pas
mal de kip (la monnaie laotienne). Parce qu'il y en a finalement pour
tous les goûts. Bien avant que la nuit devienne psychédélique, les
rues de Vang Vieng sont calmes. On s'allonge dans certains
restaurants dans de confortables canapés qui donnent, selon
l'emplacement, sur des télés diffusant « Friends » en
boucle, ou sur les magnifiques paysages laotiens et ses montagnes qui
entourent la rivière, en sirotant des « coconut shake »,
des « coffee shake » des
« tous-les-fruits-que-vous-voulez-shake ». Au coucher du
soleil, des montgolfières multicolores passent devant nos yeux en
rasant lentement les arbres. A l'écart du coin le plus festif, des
paillotes plongent leurs pilotis dans l'eau pour abriter ceux qui
veulent lézarder au-dessus de la rivière. Certains louent des vélos
ou des scooters pour arpenter les alentours de la ville, de
gigantesques prairies jaunes hérissées de toutes petites maisons en
bois, et puis les montagnes, toujours les montagnes.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L'ambiance n'est
pas glauque, donc, ou en tout cas, elle ne l'est pas encore. Yoann,
un Français qui travaille pour l'instant au Real Vang Vieng Hostel,
où nous étions, en attendant d'ouvrir sa propre auberge, m'a fait
part de son inquiétude, en entendant de plus en plus d'histoires de
vols et d'arnaques, là où rien ne se passait avant. La situation
change, me dit-il, mais il a l'air de vouloir défendre coûte que
coûte cette ville qu'il n'a pas envie de quitter.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Pour nous, en tout
cas, aucun problème à signaler. Le premier jour à Vang Vieng, nous
sommes allés en tuk-tuk au « blue lagoon » qui n'a de
lagon que le nom : c'est un petit bout de rivière où l'eau est
certes un peu plus translucide, mais qui m'a quand même un peu
déçue. Difficile de ne pas l'être après avoir vu les lagons
islandais qui pour le coup en mettent plein les mirettes. Mais
derrière ce pseudo lagon, en grimpant des rochers sur un chemin
plutôt raide, on atteint une grotte dans laquelle une statue d'un
Bouddha allongé se repose. Avec quelques lampes torches et
l'éclairage de nos téléphones, nous sommes allés plus loin dans
le noir de la grotte, emmitouflés dans un très obscure silence.
Pendant quelques minutes, nous avons tout éteint, les mains posées
sur un rocher, rigolant un peu bêtement comme quand on se raconte
des histoires qui font peur. Cela dit, les rires n'ont pas duré
longtemps quand nous avons rallumé nos lampes et découvert plein d'araignées sauteuses et autres insectes qui nous ont fait
quitté la grotte bien plus vite que nous ne l'avions descendue.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Un autre jour, nous
nous sommes aussi laissés porter par les bouées pneumatiques mais
pas sur la rivière elle-même : nous avions réservé un tour
privé qui nous a emmenés dans une grotte dans laquelle l'eau
s'engouffre, et sur laquelle on se tracte le long d'un fil tendu le
long des parois. En sortant, notre guide nous a fait visiter
l' « elephant cave » où un rocher a pris la forme
d'une tête de pachyderme. La rivière, nous l'avons descendue aussi,
mais en kayak, zig-zaguant entre les bouées de ceux qui avaient
choisi l'option la plus relax. Je me souviendrai longtemps, encore
une fois, de ces gigantesques montagnes qui s'ouvrent comme d'énormes
portes qui laissent passer le Mékong. Quelques rapides, pas bien
méchants, mais qui auront quand même renversé le kayak de Jennifer
et Carolyn. Le courant, lui, est très fort. Quasi impossible de se baigner.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-zOeOgko5x24/Vqb9QUQO8aI/AAAAAAAABOQ/QBxTzj9phY0/s1600/2015-12-11%2B15.14.19.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://2.bp.blogspot.com/-zOeOgko5x24/Vqb9QUQO8aI/AAAAAAAABOQ/QBxTzj9phY0/s640/2015-12-11%2B15.14.19.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i>* Sur la route vers le lagon*</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-jsH8lrG9Z6o/Vqb8GXH69oI/AAAAAAAABN8/LIsIUrNiROw/s1600/2015-12-11%2B12.59.00.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://2.bp.blogspot.com/-jsH8lrG9Z6o/Vqb8GXH69oI/AAAAAAAABN8/LIsIUrNiROw/s640/2015-12-11%2B12.59.00.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<i>* Un petit bout de lagon *</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-mvG52m2ulMg/Vqb8VOpeCpI/AAAAAAAABOE/iq-8TB6PTL4/s1600/2015-12-11%2B13.57.41.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="http://1.bp.blogspot.com/-mvG52m2ulMg/Vqb8VOpeCpI/AAAAAAAABOE/iq-8TB6PTL4/s640/2015-12-11%2B13.57.41.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i>* Dans la grotte *</i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-GbCChEPlBJs/VqcEHoR-7xI/AAAAAAAABPU/V9Oqs_tUC2k/s1600/2015-12-13%2B11.25.22.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-GbCChEPlBJs/VqcEHoR-7xI/AAAAAAAABPU/V9Oqs_tUC2k/s640/2015-12-13%2B11.25.22.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i>* Devant l'elephant cave *</i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-nqd5UR28OXA/VqcCI1pwYZI/AAAAAAAABPI/UuYMBYvcBXw/s1600/2015-12-13%2B11.29.31.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-nqd5UR28OXA/VqcCI1pwYZI/AAAAAAAABPI/UuYMBYvcBXw/s640/2015-12-13%2B11.29.31.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<i>* En descendant la rivière *</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-m-9lXZsrpGs/VqcyJj4ketI/AAAAAAAABQA/icquU3u8mCM/s1600/kayak%2Bbis.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="http://1.bp.blogspot.com/-m-9lXZsrpGs/VqcyJj4ketI/AAAAAAAABQA/icquU3u8mCM/s640/kayak%2Bbis.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i>* Photo prise par Brayden *</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-CG6quhe2GwY/VqcEd5JLYLI/AAAAAAAABPc/dnVK3LCPbF0/s1600/2015-12-13%2B12.54.29.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://4.bp.blogspot.com/-CG6quhe2GwY/VqcEd5JLYLI/AAAAAAAABPc/dnVK3LCPbF0/s640/2015-12-13%2B12.54.29.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-I__RUD4stpU/VqcExf2iXjI/AAAAAAAABPk/MChEzsuljtA/s1600/2015-12-13%2B17.04.51.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="http://1.bp.blogspot.com/-I__RUD4stpU/VqcExf2iXjI/AAAAAAAABPk/MChEzsuljtA/s640/2015-12-13%2B17.04.51.jpg" width="480" /></a></div>
<br />
<br />
A Luang Prabang,
l'atmosphère était différente. Une ville bien plus grande, aux
allures coloniales, beaucoup plus touristique aussi – ou en tout
cas, un autre type de tourisme. L'une des attractions, ce sont les
cascades gigantesques, à quelques kilomètres de tuk-tuk du centre
ville. Nous, nous sommes allés à Tad Sé – les plus petites. Pas
vraiment par choix, juste parce qu'on s'est trompé. Mais
l'après-midi avait été parfaite. Nous avions pris un canoë pour
atteindre les cascades. Nous nous étions baignés, nous avions
sauté depuis le haut des rochers, Sharna et moi avions même vu un
serpent (on a fui comme des grosses mauviettes en criant). Nous
parlions déjà de la soirée à venir : manger sur le superbe marché nocturne qui s'étend dans une grande partie de la ville, aller au cinéma en
plein air pour le festival du film asiatique de Luang Prabang, qui a
lieu tous les ans, avant d'aller nous poser à Utopia, un bar au bord
de la rivière dans lequel on s'allonge sur des chauffeuses posées
sur le sol. Nous étions dans le tuk-tuk, je regardais mon nouveau
groupe, et je me suis soudain rendue compte qu'en un mois de voyage,
je n'avais pas eu une seule crise d'angoisse. Je me suis aussi rendue
compte que mon cerveau ne me faisait pas mal. C'est difficile à
expliquer, mais souvent, j'ai l'impression que les rouages dans ma
tête sont rouillés, ou qu'ils sont sur un rythme différent du
monde autour de moi, comme si mon cerveau s'embourbait dans ses
propres circonvolutions. Et ça fait mal. Mais là, avec toutes ces
nouveautés, avec tous ces gens à découvrir, constamment, ces
histoires à écrire et à recommencer, tout le temps, j'ai eu la
sensation physique que tous les courants électriques dans ma tête
étaient fluides. Comme si ma tête avait trouvé son rythme de
croisière. Alors, je me suis sentie profondément, intimement,
apaisée. Sur la bonne voie.
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-ku7upHwLwfc/Vqb5hTVLHqI/AAAAAAAABNU/p_4PzWihgC4/s1600/2015-12-08%2B11.26.50.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-ku7upHwLwfc/Vqb5hTVLHqI/AAAAAAAABNU/p_4PzWihgC4/s640/2015-12-08%2B11.26.50.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<i> * Les cascades de Tad Sé *</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-hShYceGakIs/VqczdtXUcoI/AAAAAAAABQM/dkWWXzmfZ-o/s1600/cascades.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="http://3.bp.blogspot.com/-hShYceGakIs/VqczdtXUcoI/AAAAAAAABQM/dkWWXzmfZ-o/s640/cascades.jpg" width="480" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Photo prise par Ally *</i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<br />
C'est pour ça, je
crois, que le début du Laos m'a pris plus de temps que je ne
pensais. Je ne voulais pas spécialement m'éterniser à Vang Vieng,
mais malgré tout, son charme, son ambiance détendue m'ont gardée
quelques jours de plus dans ses bras. Et puis, les gens, surtout,
toujours les gens, cette découverte constante de nouvelles vies, de
nouvelles histoires, des petits trésors qui font que vous voulez
rester un peu plus longtemps pour lire le chapitre suivant. La nuit
tombe à 17h 30, ici, et les longues soirées entraînent
toujours les rapprochements et les confidences. Chaque soirée passée
au Laos, notamment à Vang Vieng, m'a finalement permis de découvrir
un peu plus des personnes qui resteront longtemps avec moi.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
A
Sakura, Iker m'a longuement parlé de son rêve d'ouvrir un jour un
bar à San Sebastian, dans la ville où il habite. Il aurait une
opportunité en or, un patron qu'il connaît qui devrait bientôt
partir à la retraite. Iker déborde d'idées pour cet établissement
mais il veut voyager encore, et il a peur de rater cette chance. J'ai
essayé de le convaincre de contacter le propriétaire à son retour,
juste pour tâter le terrain, savoir si quelque chose est en effet
possible. Si la réponse est positive, je suis persuadée qu'il
saura, au fond de lui, s'il est prêt ou non à franchir le pas. Dans
tous les cas, j'espère aller boire dans les prochaines années un
<i>calimuxo</i> servi par le
patron lui-même, un jeune Basque grand et mince qui me jouerait
parfaitement « Somewhere over the rainbow » avec un
ukulélé.
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-RmP4OPOEbgs/VqcBd0OSQOI/AAAAAAAABPA/UHqbURmht9A/s1600/2015-12-12%2B21.32.49.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="http://1.bp.blogspot.com/-RmP4OPOEbgs/VqcBd0OSQOI/AAAAAAAABPA/UHqbURmht9A/s640/2015-12-12%2B21.32.49.jpg" width="480" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il y a aussi eu
cette soirée avec Jennifer, quelques heures après lui avoir demandé
de me couper la frange avec des ciseaux à moitié cassés empruntés
à la réception de notre auberge. Jennifer et moi avions déjà eu quelques conversations plutôt intimes, notamment quand nous nous
sommes rencontrées à Kanchanaburi et que je lui avais proposé de
venir voir le pont de la rivière Kwaï avec moi. Souvent autour des
relations amoureuses. C'est sans doute un truc de fille. Mais ce que j'aime, quand on voyage avec quelqu'un pendant longtemps, c'est qu'on recompose petit à petit la vie de l'autre à travers un kaléidoscope de petits détails qui finit par nous donner un aperçu de comment ça se passe, là-bas. En me plaignant de mes Birkenstock moches, j'ai appris que Jennifer avait passé son enfance dans une atmosphère un peu hippie. En caressant un chien, elle m'a parlé de son père, dont elle est très proche. En commandant une bière, elle évoque son travail dans une brasserie de Salem, dans l'Oregon. Ce soir-là,
à Vang Vieng, nous nous sommes assises sur un muret devant le Real
Vang Vieng Hostel, et avons longuement, longuement parlé. J'ai
appris que, malgré son jeune âge, elle avait été mariée à
quelqu'un qui avait rejoint l'armée, et que ce mariage leur permettait
d'avoir certains avantages. Union trop rapide : ils n'avaient
finalement rien en commun et ont divorcé il y a un an.
Jennifer a rencontré quelqu'un d'autre, maintenant, peu de temps
avant de partir. Elle officialisera cette relation quelques jours
plus tard. L'Asie, c'est son premier voyage en solo – ou en demi
solo puisqu'elle est partie avec Carolyn, qu'elle a rencontrée sur
Internet spécifiquement pour voyager ensemble. Jennifer a soif
d'aventures, d'inspirations, de découvertes. Parfois, j'ai
l'impression qu'elle hésite encore à se lancer vraiment dedans à
corps perdu, à tracer son propre chemin. J'ai entendu dans sa
voix de la frustration quand elle n'ose pas se lancer seule de son côté Nous ne voyageons plus ensemble, pour le moment, mais je crois bien
qu'elle a fini par le faire, quelque part entre le Vietnam et le
Cambodge.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-0bjcp7iU0as/Vqb7wy8331I/AAAAAAAABN0/TyKlDWIsRYU/s1600/2015-12-06%2B12.02.22.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-0bjcp7iU0as/Vqb7wy8331I/AAAAAAAABN0/TyKlDWIsRYU/s640/2015-12-06%2B12.02.22.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Jennifer m'a aussi
fait rencontrer Casey, son premier amour, qui voyage en parallèle
d'elle et qui était à Vang Vieng en même temps que nous. C'est
toujours un peu vertigineux quand on rencontre ce genre
de personnes avec qui les rouages se mettent en place immédiatement, ou qui
semble incarner en tous points une certaine partie de notre vie qu'on
garde la plupart du temps pour soi : alors, la roue tourne, des
portes s'ouvrent, et la conversation coule. Nous avons
parlé une bonne partie de la nuit dans la salle commune de notre
auberge, devant la table de billard bancale sur laquelle personne
n'arrive à jouer. Casey parle de l'Oregon comme du plus bel endroit
du monde – et photos à l'appui, je serais tentée de le croire.
Jusqu'à présent, pour moi, la Nouvelle Zélande représentait
l'Eldorado du voyage, l'endroit où je rêve d'aller depuis que j'ai
quinze ans, le jour où j'aurai le budget pour. Mais lui a passé du
temps en Nouvelle Zélande, il a de la famille là-bas. Autour de son
cou, il y a même un sifflet utilisé par les bergers néo-zélandais,
et duquel je n'ai jamais réussi à sortir le moindre bruit mais dont
lui tire des sons qui ressemble à ceux d'un oiseau. Pour Casey,
l'Oregon surpasse tout, même la Nouvelle Zélande. Alors je lui ai
demandé :
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Si je
réussis à réunir suffisamment d'argent pour partir un mois minimum
en Nouvelle Zélande, tu me promets qu'il vaut mieux que j'aille le
dépenser dans l'Oregon ? »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Sans
hésiter, oui. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Alors qui sait,
prochaine destination, Oregon ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-23706154271627464382016-01-20T03:07:00.003-08:002016-01-20T03:17:41.820-08:0030.11.2015 - 04.12.2015 - Pai et le nord de la Thaïlande : Pushing boundaries<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-f0PrmY2vnFA/Vo_DQQTLEZI/AAAAAAAABLY/JSqDWP0b6T8/s1600/2015-12-01%2B13.22.33.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-f0PrmY2vnFA/Vo_DQQTLEZI/AAAAAAAABLY/JSqDWP0b6T8/s640/2015-12-01%2B13.22.33.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: start;">
<span style="text-align: justify;">J'ai continué plus au nord, à Pai, à quatre heures de route de Chiang Mai. </span>C'est une ville étrange, Pai. Une espèce d'enclave occidentale néo-hippie rassemblée autour de quelques rues qui s'animent au rythme d'un marché de nuit à partir de 18h au bord de la rivière et de ses ponts en bambou qui vous emmènent de « l'autre côté », un « autre côté » où les huttes ne sont pas chères, où la Pai Circus School anime des ateliers de cirque, et où le Sunset Bar garde ses portes ouvertes une grande partie de la nuit. C'est une ville étrange, Pai, une ville où chaque nuit, les jeunes et les moins jeunes tentent de recréer une espèce de Jardin d'Eden, une Thaïlande fantasmée qui n'a sans doute jamais existé ailleurs que dans la tête de ces nouveaux conquistador, et où l'on peut repousser les limites de la perception à coups de <i style="text-align: justify;">happy shakes</i><span style="text-align: justify;">, de </span><i style="text-align: justify;">mushroom shakes</i><span style="text-align: justify;">, ou de </span><i style="text-align: justify;">songtom</i><span style="text-align: justify;">, un whisky local, avant d'aller se remettre la tête à l'endroit dans la journée dans des restaurants </span><i style="text-align: justify;">healthy</i><span style="text-align: justify;"> où les graines de lin vont faire remonter le taux d'omega 3. C'est une ville étrange, parce qu'on n'y croise que très peu de Thaïs. Dans les bars, dans les restaus, ce sont souvent des jeunes qui font le service, en échange d'un hébergement gratuit et d'une réduction sur les cocktails. Ils étaient d'abord de passage, mais ils ont décidé de rester pour croire un peu plus longtemps à l'utopie.</span></div>
<div style="text-align: start;">
<br />
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-udXThhFkyjM/Vo_DUt5f0zI/AAAAAAAABL4/WiY1SMrsX4E/s1600/2015-12-02%2B11.39.38.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-udXThhFkyjM/Vo_DUt5f0zI/AAAAAAAABL4/WiY1SMrsX4E/s640/2015-12-02%2B11.39.38.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Le pont sur la rivière de Pai *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-DNg4FxV9Mc0/Vo_DLggp8CI/AAAAAAAABLA/8z8h2hh0b1w/s1600/2015-11-30%2B19.18.24.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-DNg4FxV9Mc0/Vo_DLggp8CI/AAAAAAAABLA/8z8h2hh0b1w/s640/2015-11-30%2B19.18.24.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Sur le marché de nuit *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG3NUU4Z0yiAqccXin3KxEUMG5IKGeOeeddKJjaG2T9jF2tON_EJvzi4PVezWn8OQk85VnWaNCuL7TMmeo7gv6hknl3DZu3X8DsJgWNanP3YgA-CeXNFY041YoycsPmAWwcTx6yjXRMDut/s1600/2015-12-02+11.28.28.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG3NUU4Z0yiAqccXin3KxEUMG5IKGeOeeddKJjaG2T9jF2tON_EJvzi4PVezWn8OQk85VnWaNCuL7TMmeo7gv6hknl3DZu3X8DsJgWNanP3YgA-CeXNFY041YoycsPmAWwcTx6yjXRMDut/s640/2015-12-02+11.28.28.jpg" width="480" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: start;">
<span style="text-align: justify;"></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="-webkit-text-stroke-width: 0px; clear: both; color: black; font-family: 'Times New Roman'; font-size: medium; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; margin: 0px; orphans: auto; text-align: center; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 1; word-spacing: 0px;">
<i>* Le petit chemin vers mon bungalow à la Family Hut *</i></div>
<br />
Cela dit, j'ai
beaucoup aimé Pai, son calme, son charme, ses magnifiques paysages.
Tout ça donne envie de rêver, de tuer le temps, de se laisser à
une douce oisiveté, allongé sur un divan en sirotant un <i>tchaï</i>
ou un <i>fruit shake</i> à n'importe quel moment de la journée.
Mais je ne suis pas non plus restée à rien faire, et ce sont
d'autres limites que j'ai finalement repoussées. A Pai, j'ai
retrouvé Sanne et Joe, deux membres de la team du Great Chiang Mai
Hostel, et c'est avec eux que j'ai arpenté pendant trois jours la
ville et sa région.
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le premier jour,
j'ai repoussé les limites de mon courage sur la crête du Grand
Canyon, un étroit chemin qui entoure un gouffre, un chemin rouge de
terre battue avec le vide de part et d'autre. Au milieu de la route,
je me suis arrêtée, pétrifiée par la peur. Je ne pouvais plus ni
avancer, ni reculer. Joe a presque du me porter pour revenir sur la
plate forme. « C'est bien de repousser ses limites, parfois »,
il m'a dit. J'ai essayé de comprendre pourquoi. Je sais bien que
sortir de sa zone de confort permet d'apprendre beaucoup sur
soi-même. D'accord. Mais avoir peur, ça n'a jamais été trop mon
truc, et à cet instant précis, j'avais plus envie de vomir que de
me demander ce que le fait de marcher sur la crête d'un canyon à je
ne sais combien de mètres de haut allait bien pouvoir m'aider dans
la vie de tous les jours. Et puis, Joe m'a presque portée pour
rejoindre le plateau, et je n'y ai plus trop pensé.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-DL9USd0BW5k/Vo_DJxGeMAI/AAAAAAAABK4/fr2ProgIlT8/s1600/2015-12-01%2B08.58.56.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-DL9USd0BW5k/Vo_DJxGeMAI/AAAAAAAABK4/fr2ProgIlT8/s640/2015-12-01%2B08.58.56.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Le Grand Canyon *</i>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-muCxXsWsWnM/Vo_DQBts_YI/AAAAAAAABLU/dpUt53jJGTc/s1600/2015-12-01%2B08.59.34.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://4.bp.blogspot.com/-muCxXsWsWnM/Vo_DQBts_YI/AAAAAAAABLU/dpUt53jJGTc/s640/2015-12-01%2B08.59.34.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais nous avons
continué, joyeusement, tous les trois. Nous avons dépassé les
barrières de la langue avec nos accents et nos mots différents,
avec nos malentendus débiles (« What's wrong with fucking
Malaysia?! »), nous avons dépassé les limites de l'amitié en
nous liant très fort, très vite, en hésitant avec Sanne, sur le
chemin du retour vers la hutte que nous partagions à nous faire
tatouer un <i>bucket </i> de <i>songtom</i>, pour nous souvenir de
tout ça. Sanne vient des Pays Bas mais elle a vécu une grande
partie de sa vie en Indonésie, où ses parents travaillaient. Elle
voyage un peu en solo avant d'aller poursuivre ses études... à
Lund. Dès qu'elle m'a dit ça, j'ai voulu lui dire tout ce que je
savais de cette ville, de cette maison que j'ai gardée dans mon cœur
et qui me manque beaucoup, souvent.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Avec Joe, nous
avons continué à repousser les limites de la route en poursuivant
encore plus au nord, dans les montagnes, dans le froid. Comme je ne
conduis (toujours) pas, il a accepté de me trimballer à l'arrière
de son scooter, moi et mon sac de dix kilos, pour aller se baigner
dans des cascades, et pour aller voir des sources d'eau chaude que
nous avons finalement zappées compte tenu du prix et de la
température (qui a besoin d'aller dans des sources d'eau chaude
quand il fait déjà 35°C à l'extérieur ?). Nous avons parcouru
des kilomètres et des kilomètres de virages et de nids de poule
pour monter jusqu'à Ban Rak, un minuscule village à la frontière
avec la Birmanie, où un garde a accepté de nous laisser passer sous
la barrière pour repousser encore une autre frontière et prendre
une photo de nous dans un autre pays – même si nous n'en avons
parcouru que deux mètres. Les maisons, à Ban Rak, entourent un lac
artificiel dont la surface est tellement calme qu'elle double de leur
reflet les habitations, sur la rive, et les lumières rouges des
lampions chinois. Le temps d'une soirée, coincée entre le lac et le
ciel, j'ai presque oublié que je me trouvais en Thaïlande et le
monde m'ouvrait ses bras. Mais je ne suis pas allée bien loin :
à force de vagabonder dans le nord, de rouler dans le froid, j'ai
aussi dépassé les limites de ma fatigue, et j'ai du rebrousser
chemin vers Pai au bout de trois jours, avec de la fièvre et la
nécessité absolue de dormir au chaud pendant au moins douze heures.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-sN28A2OzHpc/Vo_DSyZbBUI/AAAAAAAABLo/Z7hp31SVgFc/s1600/2015-12-01%2B15.16.45.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-sN28A2OzHpc/Vo_DSyZbBUI/AAAAAAAABLo/Z7hp31SVgFc/s640/2015-12-01%2B15.16.45.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Découverte surprise d'une petite ferme sur la route qui offre des fruits frais et frits </i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>contre donation. * </i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://4.bp.blogspot.com/-Kead9e8S5pQ/Vo_DMbGqKOI/AAAAAAAABLE/zxLZlYCyyd0/s1600/2015-12-01%2B08.59.09.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://4.bp.blogspot.com/-Kead9e8S5pQ/Vo_DMbGqKOI/AAAAAAAABLE/zxLZlYCyyd0/s640/2015-12-01%2B08.59.09.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Sur la route vers Ban Rak *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-xEjf5BnvMgw/Vo_DXyWBSrI/AAAAAAAABMI/c9UNo5hBM2I/s1600/2015-12-02%2B15.35.48.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-xEjf5BnvMgw/Vo_DXyWBSrI/AAAAAAAABMI/c9UNo5hBM2I/s640/2015-12-02%2B15.35.48.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-WnbFpvqyzJM/Vo_DalrXPEI/AAAAAAAABMg/lwyKw_wZbbk/s1600/2015-12-03%2B17.02.48.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://2.bp.blogspot.com/-WnbFpvqyzJM/Vo_DalrXPEI/AAAAAAAABMg/lwyKw_wZbbk/s640/2015-12-03%2B17.02.48.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Le lac artificiel de Ban Rak *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et puis, nous avons
aussi repoussé les limites de la nuit en allant visiter la Log Cave,
une gigantesque grotte entre Pai et Mae Hong Son, que l'on peut
visiter avec un guide et par laquelle on rentre sur une barque en
bambou e qui se balance sur une minuscule rivière. A l'intérieur,
on y visite trois grottes que l'on rejoint toujours en suivant la
rivière. A la sortie de la grotte, de l'autre côté du passage, des
chauves-souris se sont animées en un nuage de pépiements à la
tombée du jour. Un nuage odorant, d'ailleurs, parce que si j'ai
appris quelque chose de nouveau sur les chauves-souris, c'est que ça
pue. A la sortie de la grotte, il faisait noir et nous avons du
parcourir 1h30 de route avec des phares qui n'éclairaient presque
rien. Mais Joe est un bon, un très bon conducteur. Je n'avais pas
peur, je pouvais lui faire confiance et m'occuper d'autre chose. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGQ8SrkLdTRdGB_24BRt2ph0-GlwvOG9fL-PP_JX9fseHvW78kHLrZ4-X9tCE9wYf3BLtyZ4Nnl9bQfcSIFNzBX9By2OZyIWawodUOMUPImZc8ZXYvTyro05kKlEjPkNdSdJW6QJMs_Wr0/s1600/2015-12-02+16.44.06.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGQ8SrkLdTRdGB_24BRt2ph0-GlwvOG9fL-PP_JX9fseHvW78kHLrZ4-X9tCE9wYf3BLtyZ4Nnl9bQfcSIFNzBX9By2OZyIWawodUOMUPImZc8ZXYvTyro05kKlEjPkNdSdJW6QJMs_Wr0/s640/2015-12-02+16.44.06.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Entrée / sortie de la Log Cave *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYFFD2coyZCmE-Rp6Re_DVX_LO2_Z2RJKB_1lQsuD4OawBmW71VUWErGF3K7Fy-vRqehL4-e72fkjkETzdwmb_WFgCNpQn0t5b-ytw97xzckOZkWgTQgOcgdllpoITPRYwy8D2nJGRYK40/s1600/2015-12-02+17.27.59.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYFFD2coyZCmE-Rp6Re_DVX_LO2_Z2RJKB_1lQsuD4OawBmW71VUWErGF3K7Fy-vRqehL4-e72fkjkETzdwmb_WFgCNpQn0t5b-ytw97xzckOZkWgTQgOcgdllpoITPRYwy8D2nJGRYK40/s640/2015-12-02+17.27.59.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
A l'arrière du scooter, pendant que nous roulions vers le bas de la montagne, je regardais les étoiles étalées comme sur une grande carte noire devant moi. Je regardais la Ceinture d'Orion, ces trois étoiles très brillantes, très identifiables, que je n'ai jamais vues en Europe. J'étais de l'autre côté, de l'autre côté du monde, et de l'autre côté de moi-même, justement, dans mon dos, il y a trois étoiles tatouées exactement comme la Ceinture d'Orion. Quand j'ai réalisé ça, j'ai eu l'impression que tout se mettait en place, que j'étais exactement là où je devais être, à cet instant précis.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Alors j'ai
finalement compris pourquoi Joe m'avait dit ça, pourquoi c'est bien,
parfois, de repousser des limites. C'est pas spécialement pour se
faire peur. J'ai accepté, je crois, que l'adrénaline et moi ne
faisons pas bon ménage. Par contre, je crois qu'en dépassant les
limites, mes limites, et puis aussi beaucoup de frontières, je suis en train de retrouver le chemin de ma maison. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-s0JaDqeOBm4/Vp9p3Xec3VI/AAAAAAAABM4/l1i3U8LnkPc/s1600/scooter.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="638" src="http://1.bp.blogspot.com/-s0JaDqeOBm4/Vp9p3Xec3VI/AAAAAAAABM4/l1i3U8LnkPc/s640/scooter.jpg" width="640" /></a></div>
<br /></div>
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-64903868566673379682016-01-05T02:10:00.001-08:002016-01-05T02:10:58.537-08:0020-29.11.2015 - Chiang Mai part.4 : Une journée à l'Elephant Jungle Sanctuary<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-GOVt-nEhZJo/VouUjKKMxRI/AAAAAAAABKc/y749CufDG2M/s1600/2015-11-24%2B12.08.18.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-GOVt-nEhZJo/VouUjKKMxRI/AAAAAAAABKc/y749CufDG2M/s640/2015-11-24%2B12.08.18.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L'une des grandes attractions
touristiques en Thaïlande, c'est encore l'éléphant. Et le pays
semble avoir une relation assez contradictoire avec son animal
emblématique. Considéré comme un être sacré, vénéré,
respecté, les hommes ne se contentent malheureusement pas d'en
sculpter des statues ou d'estampiller des t-shirts et des pantalons à
son effigie. Aujourd'hui, il est surtout torturé pour satisfaire les
vacanciers.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Sa force et sa capacité d'adaptation
en ont fait depuis des millénaires un précieux instrument pour
effectuer de lourdes taches, notamment le transport du bois.
Paradoxalement, c'est cette tâche pour laquelle il était utilisé
qui a contribué à sa lente disparition : la surexploitation
des forêts <span style="text-align: center;">a conduit à la destruction de son environnement.
Aujourd'hui, il ne reste presque plus de forêts en Thaïlande pour
héberger les quelques milliers d'éléphants sauvages qui restent.
Condamnés à chercher leur nourriture dans des endroits découverts
ou cultivés, ils sont devenus des proies encore plus faciles pour
les chasseurs, qui les tuent pour leur ivoire, ou pour capturer les
plus jeunes qui seront ensuite dressés pour amuser les gens.</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
C'est sans doute ce qui m'a le plus
horrifiée, lorsqu'on m'a expliqué quelle était la condition des
éléphants actuellement en Thaïlande : les éléphants faits
prisonniers sont soumis à une sorte de rituel ancestral, le
« phajaan », qui découle de la croyance que l'on peut
séparer l'esprit et le corps de l'éléphant pour en faire un être
plus docile. Concrètement, cela consiste à torturer l'éléphant avec des coups de poing et des crochets, jusqu'à ce que le traumatisme soit
tellement ancré en lui qu'il obéisse au doigt et à l’œil à son
« mahout », son dresseur. L'éléphant est ensuite prêt
à trimbaler des touristes toute la journée sur son dos, supportant
un poids considérable et les coups répétés du mahout. A
l'occasion, on mettra dans sa nourriture un peu d'amphétamine pour
le motiver et lui donner un peu de cœur à l'ouvrage.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Sachant tout cela, il était pour moi
impensable d'aller me balader à dos d'éléphant. Et les voir à la
queue leu leu promenant des familles entières à Ayutthaya était un
spectacle particulièrement douloureux. Heureusement, il est
possible, notamment à Chiang Mai, de vivre une belle expérience
avec un éléphant sans participer à sa torture.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-bSOCwhUNs1k/VouUivGtWOI/AAAAAAAABKY/BUJswjdkExg/s1600/2015-11-24%2B11.52.26.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-bSOCwhUNs1k/VouUivGtWOI/AAAAAAAABKY/BUJswjdkExg/s640/2015-11-24%2B11.52.26.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Plusieurs « sanctuaires »
pour la protection des éléphants se sont créés au fil des années.
Il faut faire particulièrement attention lorsqu'on choisit
l'endroit, car il suffit pour certain de s'appeler « Quelque
Chose Sanctuaire » pour se faire passer pour ce qu'ils ne sont
pas. Le plus connu reste l'Elephant Nature Park, mais c'est aussi le
plus cher. Lorsque nous avons voulu réserver, avec Jenifer et
Carolyne, le « long tour » était complet sur plusieurs
semaines. Il ne restait que le circuit « court » qui
coûte presque le même prix.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous avons alors entendu parler de
l'<a href="http://www.elephantjunglesanctuary.com/" target="_blank">Elephant Jungle Sanctuary</a>, un refuge pour éléphants créé en
2014, et initié conjointement par des habitants originaires de
Chiang Mai et des tribus Karen qui vivent encore dans les montagne
qui entourent la ville. Cet éco-projet s'occupe actuellement de
trois sites d'une vingtaine d'éléphants, dont la plupart ont été
rachetés à des centres qui les maltraitaient. Les plus jeunes sont
depuis nés dans ces sanctuaires, que l'on peut visiter pendant un ou
plusieurs jours.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Nous avons été récupérées
directement à notre auberge et sommes parties avec un petit groupe
en <i>songthew</i> pour rejoindre le
site à près de deux heures de route, perdus au milieu des
montagnes. Là, ce sont des Karen qui nous ont accueillis, et ce sont
eux qui nous ont parlé de la condition des éléphants et de leur
travail pour les réhabiliter et sensibiliser la population à la
nécessité de sauver cette espèce en voie de disparition.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Dans
le sanctuaire, les éléphants ne sont pas attachés et se promènent
librement entre la rivière, la cascade et leurs énormes flaques de
boue. Nos guides nous ont expliqué que lorsqu'ils ont récupéré
les premiers animaux, ceux-ci étaient très agressifs envers les
hommes, et qu'il a fallu beaucoup de temps et de patience pour
qu'ils leur fassent à nouveau confiance. Et j'espère ne pas être
trop naïve en disant cela, mais cette relation de confiance
paraissait évidente entre eux et les éléphants dont ils
s'occupaient.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Dès notre arrivée,
après quelques explications et précautions d'usage, nous avons pu
approcher ces gigantesques animaux pour leur donner quelques bananes. Certains faisaient la fine bouche, et refusaient celles
qui étaient trop vertes pour passer à une personne avec des fruits
plus intéressants. D'autres – et notamment les plus jeunes –
avalaient tout ce qu'on leur présentait. La deuxième étape, ce fut
le bain de boue : les éléphants ont l'habitude de se recouvrir
de boue, qu'ils utilisent comme un anti-moustique et une crème
solaire naturelle. Les éléphants, couchés dans la boue, se
laissaient masser, caresser, gratter. Nous les avons ensuite
accompagnés à la cascade où nous avons pu nous débarbouiller en
même temps qu'eux dans la rivière. Les guides Karen étaient aussi
avec nous et prenaient un certain plaisir à nous arroser de boue ou
d'eau, au choix.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-3ZufoSJdsZU/VouUjAQOHhI/AAAAAAAABKg/6zeAS2YKCm4/s1600/2015-11-24%2B12.04.24.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-3ZufoSJdsZU/VouUjAQOHhI/AAAAAAAABKg/6zeAS2YKCm4/s640/2015-11-24%2B12.04.24.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
L'Elephant Jungle
Sanctuary est encore récent, et sans doute moins spectaculaire que
l'Elephant Nature Park, mais leur sincérité et leur simplicité m'a
touchée. J'ai été un peu perturbée, au départ, de voir qu'il y
avait un certain rituel installé, que les éléphants suivaient sans
doute de manière identique jour après jour. J'ai été surprise,
aussi, qu'il n'y ait pas de programme de réhabilitation à la vie
sauvage, comme j'en avais entendu parler pour l'Elephant Nature Park.
Mais lorsque j'ai posé la question à un de nos guides, il m'a dit
qu'il était impossible de les remettre dans la nature sauvage,
puisqu'il n'y a plus de territoires pour eux sur lesquels ils sont en
sécurité. Vivre au sein du sanctuaire est la seule garantie pour
eux d'avoir suffisamment de nourriture et de ne pas être à nouveau
capturés pour être réduits en esclavage.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Quelques jours plus
tard, j'ai croisé des éléphants sur le bord de la route, dans ce
qui semblait être un autre centre où les touristes pouvaient venir
s'occuper d'eux. Ceux-là étaient enchaînés et se balançaient de
droite à gauche, tournaient nerveusement sur eux-mêmes. Rien à
voir comparés à ceux avec qui j'ai passé la journée. Je crois que
cette image a achevé de me convaincre que j'avais fait le bon choix
en choisissant cet endroit, et en donnant une certaine somme d'argent
(60 euros, en l'occurrence) à ce projet.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
L'un de nos guides
nous a demandé, en partant, de parler au maximum de ce qu'ils font
ici, pas seulement pour leur faire de la pub, mais parce qu'il espère
que si tous les touristes venant en Thaïlande savaient ce que
cache la réalité des offres de divertissement avec les éléphants,
la demande diminuerait et l'offre disparaîtrait. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je fais le
même vœu que lui. Décider de ne pas monter sur un éléphant ne
changera sans doute pas nos vies, mais ça pourrait définitivement
changer la sienne.</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-8707894142388331522016-01-05T01:48:00.000-08:002016-01-05T01:48:26.439-08:0020-29.11.2015 : Chiang Mai part. 3 : "Could, could have, should, should have" - petite instantané de la vie au présent.<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<div style="text-align: start;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-kgHtA9GjkUk/Vm_nUcvxWJI/AAAAAAAABKI/PGPFUqQ6ezI/s1600/2015-11-29%2B18.46.12.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-kgHtA9GjkUk/Vm_nUcvxWJI/AAAAAAAABKI/PGPFUqQ6ezI/s640/2015-11-29%2B18.46.12.jpg" width="640" /></a></div>
<u><br /></u>
<u>La scène</u></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
Un rooftop bar vers Nimmanhaemin, un
quartier un peu éloigné de la vieille ville de Chiang Mai. Nous
nous y sommes arrêtées par hasard, Kristi et moi. Elle m'avait
proposé de l'accompagner pour visiter cette partie de la ville que
je ne connaissais pas, un quartier qui lui a été recommandé par un
groupe de « voyageurs travailleurs », souvent des
freelance ou des autoentrepreneurs dont l'outil de travail est
principalement Internet, et qui peuvent se permettre de vivre dans
des pays où il fait bon vivre pour pas cher. Dans l'artère
principale, des cafés et des restaurants un peu plus trendy se
succèdent. Aux terrasses, beaucoup moins de touristes, beaucoup plus
de jeunes Thaïlandais qui boivent un coup entre amis. Nous sommes
loin des muffins vegan et des cocktails à la kambucca. Au détour
d'une rue, nous avons vu cet hôtel, dont le bar surplombe la ville.
Il y a encore peu de monde, et ils jouent de la musique française,
souvent remixée. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<u>Les personnages</u></div>
<div style="text-align: center;">
<u><br /></u></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
Moi, pour ma dernière soirée à
Chiang Mai avant de m'en aller vers Pai, à quatre heures de route
vers le nord. Pas tout à fait envie de quitter la ville, je me
verrai bien m'installer ici encore plus longtemps, faire cette
retraite de méditation sur laquelle j'ai fait une croix pour le
moment, et continuer à écrire au Blue Diamond.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
Et Kristi, Américaine de Seattle d'une
trentaine d'année. Kristi est chanteuse et comédienne, et son
sourire est tellement grand qu'on dirait parfois qu'il dépasse son
visage. Elle essaye d'apprendre le français, alors je lui donne des
mini leçons, au détour d'une conversation. Je sens que si nous
avions passé plus de temps ensemble, nous serions devenues très
proches. Mais je pars vers le nord, et elle s'en va en Birmanie.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<u>Le
sujet</u></div>
<div style="text-align: center;">
<u><br /></u></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
Sans doute parce qu'elle apprend le
français, Kristi et moi avons beaucoup parlé des langues et de leur
apprentissage ces derniers jours. Elle ressent une grande honte, en
tant qu'Américaine, de ne pas être capable de parler une autre
langue que l'anglais. Elle m'explique qu'aux Etats-Unis, il n'y a que
deux années d'apprentissage obligatoires d'une langue étrangère.
Elle paraît fascinée quand je lui dis que nous en avons sept, et
que ces sept années nous permettent aussi d'en apprendre beaucoup
sur la culture du pays. Et qu'une langue, la manière dont elle est
construite, en dit déjà énormément sur la culture du pays
d'origine.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
Le début de la conversation a été
tronquée.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
« - Par exemple, je t'ai entendue
demander plusieurs fois aux serveurs dans les restaurants quel est
leur plat préféré, ou ce qu'ils te suggèrent. A chaque fois, ils
avaient l'air confus et ne pouvaient pas te répondre. Je pense que
c'est parce que ça ne se fait pas vraiment de demander comme ça le
sentiment personnel, individuel, de quelqu'un que tu ne connais pas.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Oui, j'ai remarqué ça aussi.</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Il y a une chose qui m'a fascinée
dans le bahasa, qu'ils parlent en Indonésie : ils ne conjuguent
pas les verbes. Les temps n'existent pas. Donc, quand tu veux parler
de quelque chose qui s'est passé, ou qui se passera, tu dois
toujours remettre les choses dans un contexte temporel précis,
ajouter des mots. Plutôt que dire « j'ai visité tel
endroit », il faut toujours rajouter un indicateur de temps :
« la semaine dernière / le mois dernier / hier, j'ai
visité tel endroit ». Je crois que c'est la même chose en
thaï.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Et comment est-ce qu'ils font pour le
conditionnel ? « Je devrais faire ça », par
exemple.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Je pense qu'ils doivent aussi rajouter
des adverbes, comme... Attends... Comment est-ce qu'on pourrait dire
ça...</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Peut-être que le conditionnel
n'existe tout simplement pas, dans ces langues.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Ca voudrait dire que le concept en
lui-même n'existerait pas ? Si on ne peut pas exprimer « je
devrais faire ça » ou « j'aurais du faire ça »,
peut-être que le concept même de regret ou de potentiel devoir
n'existe pas. Tout se passe au présent.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
- Ce serait en tout cas très lié à la
culture bouddhiste, du coup. C'est peut-être pour ça qu'ils sont
aussi zens, aussi ancrés dans le présent. L'idée même d'agir
potentiellement sur le passé ou le futur n'existe pas. Seuls
l'action en elle-même et le présent comptent. »</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
Kristi s'absente quelques minutes.
</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
« Tu sais, cette conversation me
fait énormément cogiter. Je m'intéresse depuis longtemps à tout
ça, le bouddhisme, la méditation. Je comprends la théorie, et je
comprends comment je pourrais être bien plus heureuse dans un état
de pleine conscience du moment présent, et non pas dans le regret du
passé ou dans l'expectative de l'avenir. Mais je ne peux pas
empêcher mon cerveau de réfléchir de cette manière. Il m'a
toujours manqué une clef pratique. Je crois qu'on vient de la
trouver, cette clef pratique : chaque fois que le regret du
passé ou l'angoisse d'un événement non encore advenu viendra
frapper à la porte de ma tête, je vais m'efforcer de reformuler en
m'interdisant d'utiliser le terme « je pourrais »,
« j'aurais pu », « je devrais » ou « j'aurais
du ». De cette manière, j'ai l'impression de pleinement
prendre conscience que je n'ai aucun pouvoir sur ces événements à
l'instant précis, et que je serai simplement capable de les
affronter le moment venu. C'est-à-dire, au moment où je pourrais
dire « je le fais » et non « je devrais le faire ».
Je crois que ça va beaucoup m'aider. Et que lorsque le fameux
moment du « je le fais » se présentera, alors je serai
prête, et je le ferai vraiment, pour ne pas que ce moment se
transforme en un « j'aurais du ». »</div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<div style="text-align: center;">
<u>Spoiler alert</u></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Deux semaines plus
tard, je peux vous dire que cette méthode fonctionne à merveille. </div>
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-79645309335511107062015-12-07T18:39:00.000-08:002015-12-14T06:24:41.357-08:0020-29.11.2015 : Chiang Mai part. 2 : "Saying goodbye sucks."<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0px; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi35bt4JzCDud0bVQZJqARFt68xja8Iobe8XFMKa_CILSfvzwJWjXZ20469L-jmsDxg0tWs0Z3URRvs919bmvMjOBTc0FeZM7-hAh7tKt8TI08EEo05qxz2jDEUItp09S2rwjnhZbQ0I9qa/s1600/PB250853.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi35bt4JzCDud0bVQZJqARFt68xja8Iobe8XFMKa_CILSfvzwJWjXZ20469L-jmsDxg0tWs0Z3URRvs919bmvMjOBTc0FeZM7-hAh7tKt8TI08EEo05qxz2jDEUItp09S2rwjnhZbQ0I9qa/s640/PB250853.JPG" style="cursor: move;" width="640" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i>* Photo prise par Best du <a href="https://www.facebook.com/pages/Great-Chiangmai-Hostel/1528237950829059?fref=ts" target="_blank">Great Chiang Mai Hostel</a> *</i></div>
<br />
En arrivant à Chiang Mai, j'ai tout de
suite su que j'allais tomber amoureuse. Je suis arrivée de nuit,
après dix heures de train, et j'ai attrapé un <i>songthew</i>,
ces petits bus rouges qui arpentent la ville, pour rejoindre mon
hôtel. Je ne pouvais pas bien voir les rues, mais j'ai senti cette
odeur familière de fleur de jasmin, et j'ai su que j'allais me
sentir bien ici.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai
très vite pris mes marques entre le Great Chiang Mai Hostel, ma
maison ; le Blue Diamond Breakfast Club où j'ai squatté la terrasse
pendant des heures, en travaillant et en buvant mon café ; le petit
restaurant local juste en face du Blue Diamond, où je savais que
j'allais retrouver Brayden tous les matins en train de siroter son
<i>fruit shake ; </i>le Bamboo
Bee, un autre succulent restaurant végétarien, spécialiste de la
fausse viande ; et ce minuscule bar où de jeunes thaïs s'entassent
autour d'une table pour gratter leur guitare en essayant plus ou
moins de couvrir les morceaux de Scorpions dont le patron est fan.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Pendant dix jours,
les journées se sont déroulées dans une agréable lenteur, presque
une routine. Après le petit-déjeuner, nous partions souvent en
scooter visiter un temple, plus ou moins loin du centre-ville, ou
bien simplement pour errer dans les rues étroites de la vieille
ville où s'enchaînent les auberges, les petites boutiques, les
studios de yoga et les restaurants « healthy ». Nous nous
sommes parfois aventurés plus loin, le temps d'un roof-top dans un
quartier plus excentré, ou pour aller voir un film dans un grand
centre commercial. Mais toujours, nous finissions par tous nous
retrouver en fin d'après-midi autour de la petite table en bois
devant le Great Chiang Mai Hostel, une Chang à la main, parfois un
jeu de carte dans l'autre, avant d'aller dîner et d'hésiter entre
prolonger la soirée au jazz club, au Yellow Corner, ou simplement
autour de cette petite table ronde en bois. Tous : Sarah, Finn,
Leo, Kristi, Yvonne, Isabel, Joe, Sanne.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'avais rencontré
Sarah, Finn et Leo à l'auberge, le premier jour, et ce sont eux qui
m'avaient proposé d'aller découvrir ce petit bar local, juste à
côté de là où nous vivions. Sarah et Finn voyagent en couple
pendant plusieurs mois. Ils arrivent du Sri Lanka, iront ensuite au
Laos, au Vietnam, et au Cambodge pour les fêtes de fin d'année.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Finn est grand,
très très grand. Chaque fois qu'il rencontre un thaï, il se
présente comme « Chang », l'éléphant, en pointant du
doigt son t-shirt « Chang » avec le logo de la marque de
bière du même nom. Passionné de photo, il s'arrête très souvent
dans la rue et demande poliment à chaque personne s'il peut les
photographier. Sarah, elle, l'attend calmement en souriant.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Leo, lui, voyage
seul depuis déjà plusieurs mois. Il a abandonné son « wolf
pack » pour venir ici, à Chiang Mai, pour la fête des
lumières, tandis que les autres sont descendus dans les îles du sud
pour les fameuses « full moon parties ». Leo parle
constamment, sort mille blagues à la seconde, et ne quitte jamais
son chapeau. Il nous explique qu'il en a plusieurs, avec des
utilisations différentes. A Londres, il est enseignant en école
primaire, mais il est aussi circassien, et il me montrera plus tard
des photos de ses numéros de rue.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
C'est étrange
comme les relations entre les voyageurs solo vont vite, beaucoup plus
vite que ce que nous pouvons vivre dans nos pays respectifs. Au bout
de quelques heures à peine, les confidences s'allongent sur la
table. Leo émet l'hypothèse que nous tous, nous sommes là pour
échapper à quelques chose. Fuir. Après quelques secondes de
silence, chacun y va de son histoire. Souvent, ce sont des ruptures.
Abruptes. Qui laissent un peu tout le monde sur le carreau, des plans
sur le long terme qui soudainement tombent à l'eau et qui vous
laissent sans perspective. Comme un gouffre sans fond. Parfois, il
s'agit d'échapper à une situation dans laquelle on s'est embourbé.
Toujours, cette fuite est liée à une blessure, une cassure dans le
plan initial qui nous laisse tous un peu errants.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et c'est donc avec
eux, ces petits amputés de quelque chose, que j'ai célébré Loy
Khratong, la fête des lanternes. Un moment important pour moi. J'ai
commencé à véritablement envisagé ce voyage après avoir vu des
photos de la fête des lanternes à Chiang Mai. Des centaines de
lampions qui remplissent le ciel de leur petite flamme. Dans la
tradition thaï, Loy Khratong, c'est l'occasion de laisser s'envoler,
dans le ciel ou sur des petits bateaux confectionnés avec des fleurs
et abandonnés sur la rivière, les mauvaises pensées, les choses
négatives, de les voir dériver et de passer à autre chose.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Le personnel du
Great Chiang Mai Hostel avait organisé pour nous un rassemblement
pour que nous allions tous ensemble allumer nos lanternes et les
laisser partir. Et puis, nous sommes allés à la rivière, laisser
dériver nos khratongs.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Sur le bord de
l'eau, je me suis accoudée sur le ponton en bambou. Des centaines de
lanternes volaient au-dessus de ma tête. Et là. Le cœur qui bat
plus vite. C'est là que je suis tombée amoureuse. En une seconde.
Amoureuse de je ne sais quoi, mais amoureuse.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
La soirée et les
jours se sont prolongés, avec eux tous, toujours les mêmes. Et
puis, il a fallu se séparer. Quand ils sont partis, j'étais
malheureuse comme une pierre. C'est aussi ça, les rencontres de
voyage. On se rencontre aussi vite qu'on se quitte. Je me suis dit :
si je m'attache autant à chaque personne rencontrée pendant les
prochains mois, on n'est pas sortie du foin.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Alors, pour me
rassurer, je voudrais me rappeler cette petite anecdote : un
soir, alors que je marchais dans les rues de Chiang Mai avec Sarah,
Finn et Leo, nous sommes rentrés dans un petit restaurant local pour
utiliser leurs toilettes. Il n'y avait que des thaïs, et parmi eux,
deux occidentaux. Le visage de l'un d'eux me paraissait familier, et
je lui ai demandé :
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Est-ce que
la nourriture est bonne ici ? »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Oui. Mais
tu sais, nous nous sommes déjà rencontrés. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« C'est bien
ce qu'il me semblait. Où ça ? »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« A Lund. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et puis, c'est
revenu. Août 2011. J'allais à Lund pour la première fois pour
candidater auprès de Trans Europe Halles. Je dormais dans un wagon
de train abandonné, transformé en auberge de jeunesse. Nous
n'étions que trois personnes. Je suis partie avec R. boire
quelques bières et regarder un concert sur Stortorget. En rentrant à
l'auberge, il a essayé de m'embrasser, mais je l'ai repoussé. Le
lendemain, il a repris son voyage en vélo, jusqu'à Göteborg, et
j'ai eu mon poste à Trans Europe Halles. C'est lui que j'ai
rencontré dans ce petit restaurant de Chiang Mai. Il n'a pas arrêté
de pédaler depuis, et nous nous retrouvons ici.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Alors c'est ce que
je me dis. Nous nous reverrons, <i>for sure</i>. Nous nous reverrons.
Et ce sera bien. Forcément bien.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-F2-_lHWWUdo/VmXBL12EbiI/AAAAAAAABJo/rFqgeRxBEVI/s1600/PB250773%2B%25281%2529.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-F2-_lHWWUdo/VmXBL12EbiI/AAAAAAAABJo/rFqgeRxBEVI/s640/PB250773%2B%25281%2529.JPG" width="640" /></a></div>
</div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<i> * Photo prise par Best du <a href="https://www.facebook.com/pages/Great-Chiangmai-Hostel/1528237950829059?fref=ts" target="_blank">Great Chiang Mai Hostel</a> *</i><br />
<i><br /></i>
<i><br /></i>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
B.O. du moment : Aztec Camera - <i>Down the dip</i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><br /></i><iframe width="320" height="266" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/BODUwUgslgc/0.jpg" src="https://www.youtube.com/embed/BODUwUgslgc?feature=player_embedded" frameborder="0" allowfullscreen></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i>"I put all the love and beauty in the spirit of the night</i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i>And I'm holding my ticket tight</i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i>Stupidity and suffering are on my ticket too</i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i>And I'm going down the dip with you"</i></div>
</div>
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-21912425500264763602015-12-04T21:20:00.004-08:002015-12-04T21:22:22.652-08:0020-29.11.2015 : Chiang Mai part.1 - Thanksgiving & Namasté<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsQkStS052jS0JHNZWAbpLEMb_uGWPbOitmRaBlF2tW4JR_rczaoMe_JeFv8dgAFxVZGoorMhMBil9X1Fxmsb8tDxVJIY1X-ZqtH7Hu9cHAacZFdM64AAnNE6eudCrPwhsFfWKYGoz3p5D/s1600/2015-11-27+12.48.00.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsQkStS052jS0JHNZWAbpLEMb_uGWPbOitmRaBlF2tW4JR_rczaoMe_JeFv8dgAFxVZGoorMhMBil9X1Fxmsb8tDxVJIY1X-ZqtH7Hu9cHAacZFdM64AAnNE6eudCrPwhsFfWKYGoz3p5D/s640/2015-11-27+12.48.00.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et puis, je suis enfin arrivée à
Chiang Mai. J'y ai rejoint plusieurs personnes : mes
Autrichiens, mais aussi Carolyne et Jennifer, deux Américaines, et
Brayden, un Australien, tous rencontrés à Kanchanaburi. Pendant dix
jours, le Great Chiang Mai Hostel est devenu notre maison, une
auberge qui vient d'ouvrir, flambant neuve, et idéalement située
juste à côté de la vieille ville. Le personnel était charmant, et
j'ai presque versé ma petite larme en partant.</div>
<span style="text-align: justify;"><br /></span>
<span style="text-align: justify;">Il y aura beaucoup de choses à dire
sur Chiang Mai, mais je voudrais commencer par Thanksgiving. Il y
avait plusieurs Américains dans l'hôtel, et célébrer cette fête
tous ensemble semblait important à leurs yeux. Alors nous sommes
tous allés dîner </span><span style="text-align: justify;">dans un restaurant italien qui nous a annoncé,
après 40 minutes d'attente, qu'il n'y avait plus de pizzas et la
soirée s'est terminée en semi-dispute avec le patron. Il paraît
que c'est toujours comme ça, pour Thanksgiving. Du coup, nous
n'avons pas fait le traditionnel tour de table pour savoir à qui
nous aimerions adresser nos remerciements.</span><br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Mais je voudrais quand même le faire
maintenant.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je voudrais d'abord remercier Florian,
qui m'a remonté le moral à la Tavee Guest House, à Bangkok, quand
j'ai raté mon train de nuit pour Chiang Mai à cause
d'embouteillages monstrueux, et que j'ai du passer une soirée forcée
dans cette ville qui, décidément, continue de me maltraiter. Il
était là avec sa petite amie, Mélissa, ils arrivaient à la fin de
leur voyage en Thaïlande. Alors que je commençais à paniquer sur
ma volonté de continuer, de voyager seule, loin, d'être confrontée
à tout un tas de difficultés que, peut-être, je n'arriverai pas à
surmonter, Florian m'a simplement dit : « Ce n'est que le
début de ton voyage. Prends les choses les unes après les autres.
Tu es venue ici pour une raison, pour trouver quelque chose. Alors
cherche, trouve ce que tu es venue chercher, et tu rentreras après. »
Je suis partie me coucher apaisée. Alors, voilà, merci, Florian.
J'espère que vous êtes bien rentrés.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je voudrais aussi remercier Neil. Dès
mon premier jour à Chiang Mai, je suis allée au Wat Suan Dok, un
temple qui héberge la Bouddhist Academy. Dans les jardins du temple,
des moines sont là, assis autour de tables en bois. Il suffit de s'y
asseoir et de leur poser les questions qu'on veut. Je suis arrivée,
toujours un peu déboussolée, avec la conviction que ce moine, assis
en face de moi, allait me donner des réponses à des questions que
je n'avais pas. Il a évidemment eu l'air bien embêté quand j'ai
commencé à verser quelques larmes, sans pouvoir lui dire la raison.
C'est finalement Neil, grand Britannique baraqué d'une cinquantaine
d'années, bras tatoués et crâne rasé, qui est venu à ma
rescousse.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Tu veux qu'on discute un peu
tout les deux ? »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Heu... »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« Viens, je vois que tu as besoin
de parler. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Neil a été policier, puis il a
travaillé dans la sécurité. Et un jour, il a découvert le
bouddhisme. Aujourd'hui, il vit la plupart du temps à Chiang Mai et
apprend l'anglais aux moines qui sont dans ce temple. Lui aussi veut
devenir moine. Il est là pour étudier.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai commencé à expliquer à Neil à
quel point j'avais peur, une peur indéfinissable, qui ne visait pas
d'objet en particulier, mais là, omniprésente. Et puis, j'ai parlé
des attaques à Paris. Et pour la première fois depuis ce
vendredi-là, j'ai pleuré, pour de vrai, et je me suis sentie
soulagée d'un poids énorme. Neil essayait de me réconforter.
« Don't worry sweetheart, don't worry little thing. » Et
puis, il m'a dit : « Tu ne peux rien faire contre ces
terroristes. Mais tu ne peux pas les laisser avoir ta peur. Tu ne
peux pas les laisser avoir tes larmes. Si tu as peur, ils ont
gagné. Alors maintenant, ris, danse, bois un peu d'alcool et
fais ce que tu dois faire ici. » Et mon sourire est revenu.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRzb0FAqj_qVTMxAlGcmbMnt3QjlzuaufVGssjT3Fg3VQhYvdb863Hi-F_gqbDxfn_aCblKAgx5gIldVwdV9giGt7V5PgwinxZRQD_jtu8ngfQB0EoropJk9chHIj_m6QPVzTNakuQPkjd/s1600/2015-11-27+12.06.07.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRzb0FAqj_qVTMxAlGcmbMnt3QjlzuaufVGssjT3Fg3VQhYvdb863Hi-F_gqbDxfn_aCblKAgx5gIldVwdV9giGt7V5PgwinxZRQD_jtu8ngfQB0EoropJk9chHIj_m6QPVzTNakuQPkjd/s640/2015-11-27+12.06.07.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Au Wat Suan Dok *</i>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je voudrais remercier mon chauffeur de
tuk-tuk qui m'a emmenée au Wat Umong, à une vingtaine de minutes du
centre de Chiang Mai, où je suis allée pour me renseigner sur les
retraites de méditation. Après avoir eu les informations que je
voulais, je l'ai cherché dans les immenses jardins du site. Je l'ai
retrouvé à l'entrée de ce temple si particulier, dont les galeries
sont comme creusées dans la roche. Il m'a montré l'entrée. Je l'ai
retrouvé ensuite devant l'autel où il faisait sa prière. Il m'a
invitée en silence à m'asseoir à côté de lui. Et puis, toujours
sans un mot, il m'a donné de l'encens, m'a montré comment faire, et
c'est ensemble que nous nous sommes recueillis devant la petite
statue du Bouddha. Il m'a ensuite entraînée vers un grand bassin et
a acheté du pain pour que je puisse le lancer aux énormes poissons
chats qui se jettent en masse sur la moindre miette qui touche la
surface de l'eau, provoquant un impressionnant bouillonnement de
nageoires et de moustache dans le bassin. Il ne parlait pas du tout
anglais mais il a essayé de m'apprendre des mots en thaï. Et puis,
avant de me ramener à mon hôtel, il m'a emmenée avec son tuk-tuk
faire un tour du grand campus universitaire de Chiang Mai, et de
certains quartiers de la ville que je ne connaissais pas. Tout ça,
sans un autre mot que son sourire, et sans rien demander de plus.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dybSaUhFN8C3tTsBEf0V8S6GBHOuVg1hKICNyr9u4YC1LBUI9J7CJqzqOfjz0_VkAw5bIGGRgMh5srLaAg66g' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></div>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Les poissons chats du Wat Umong* </i></div>
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Je voudrais remercier Mucki, pour son
rire contagieux autour des <i>buckets</i>
de long island au Yellow Corner, ce bar en plein air qui se remplit
de touristes et de locaux au son de musique boum-boum. Je voudrais
remercier Bennie pour la danse, et Carissa pour cette superbe
chorégraphie devant un ventilateur sur une reprise de « My
heart will go on ».
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et
puis enfin, je voudrais remercier quelqu'un que je ne remercie
jamais. Et tant pis si ça fait prétentieux, mais je voudrais me
remercier moi-même. Nous roulions avec Brayden, au retour du grand
canyon, une ancienne carrière dans laquelle il est maintenant
possible de se baigner. Le soleil était en train de se coucher
derrière l'ombre des montagnes qui découpaient le ciel en une frise
rose et pointue. Je retrouvais cette sensation de liberté, assise à
l'arrière du scooter, à n'avoir rien d'autre à faire que regarder
le paysage défiler. J'ai réalisé que ce moment de calme, ces
sensations, je les connaissais déjà. Elles étaient déjà là, il
y avait déjà tout ça en moi. J'ai ressenti l'espace d'une seconde
que ce que j'étais venue chercher ne se trouve pas en Thaïlande, ni
au Laos, ni au Cambodge, ni en Indonésie. Tout ce que je cherche se
trouve déjà à l'intérieur de moi. Il faut juste tout
dépoussiérer. Quelques jours plus tard, pendant que Carolyne et
Jennifer attendaient pour se faire un tatouage au bambou, je me suis
échappée pour retourner au Wat Suan Dok, où j'avais rencontré
Neil. Les moines étaient en plein chant dans le temple, et je me
suis assise pour les écouter. En les regardant, je me suis rappelée
qu'ils n'étaient pas en train de vénérer un Dieu. Il 'n'y en a pas
dans la bouddhisme. Ils étaient en train de « vénérer le
divin » en chacun de nous. Ils ne cherchaient pas à ce qu'on
leur donne les réponses. Ils les cherchaient en eux-mêmes.
J'imagine que c'est aussi ce qu'il me reste à faire.
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Alors
namasté à tous et joyeux Thanksgiving.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha3aizvUTjMvqsd9mp7prdp3xFChnHxHSlog3V2HO9ryKUsZ4TJJb9PMLE7Xdh6ZGVcBt81g2H6wNxka0zzOGrYdEifR9GdaGY744rDlaAxQ3LYW-Y8-V-jB6XByfuKeqCC9bAy7Jmiu9r/s1600/2015-11-22+10.56.33.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEha3aizvUTjMvqsd9mp7prdp3xFChnHxHSlog3V2HO9ryKUsZ4TJJb9PMLE7Xdh6ZGVcBt81g2H6wNxka0zzOGrYdEifR9GdaGY744rDlaAxQ3LYW-Y8-V-jB6XByfuKeqCC9bAy7Jmiu9r/s640/2015-11-22+10.56.33.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: center;">
<i>* Au grand canyon *</i></div>
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-bpZXkdvcN_0/VmJvlJ8tduI/AAAAAAAABI0/lXAcQriJdGQ/s1600/2015-11-21%2B15.05.43.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://2.bp.blogspot.com/-bpZXkdvcN_0/VmJvlJ8tduI/AAAAAAAABI0/lXAcQriJdGQ/s640/2015-11-21%2B15.05.43.jpg" width="640" /></a></div>
</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-10456304138701309742015-11-30T00:00:00.000-08:002015-11-30T00:00:52.298-08:0016-18.11.2015 : Kanchanaburi : Smile and simply let go<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-Dlay2uAkQqE/Vlv-5HnTQGI/AAAAAAAABHs/ixQaog8TUhI/s1600/2015-11-17%2B12.32.35.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-Dlay2uAkQqE/Vlv-5HnTQGI/AAAAAAAABHs/ixQaog8TUhI/s640/2015-11-17%2B12.32.35.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: center;">
<i>* Dans le parc national Erawan *</i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai finalement
suivi les Autrichiens rencontrés à Ayutthaya à Kanchanaburi. Ce
n'était pas du tout dans mes plans, j'avais plutôt prévu d'aller à
Sukhothaï. Mais je ne voulais pas être seule, et ils m'ont proposé
de les accompagner.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Kanchanaburi, c'est
surtout le pont de la rivière Kwaï et la « Voie ferrée de la
mort ». En 1942, en pleine Seconde Guerre Mondiale, les
Japonais se lancent dans le projet de construire une gigantesque
ligne de chemin de fer qui doit relier Bangkok à Rangoun en
Birmanie. Et ce sont les travailleurs forcés et des prisonniers de
guerre qui vont devoir bâtir les 415 km de voie ferrée qui séparent les deux villes. Le projet, qui devait être achevé en trois ans, sera en fait finalisé en un an et demi, ce qui laisse imaginer les conditions de « travail » de tous ceux qui y mirent leurs mains, et dont plus de la moitié sont – comme c'est étonnant – morts.</div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Aujourd'hui, à
Kanchanaburi, le passif un peu glauque du fameux pont au-dessus de la
rivière Kwaï ne transparaît pas. Il faut sans doute aller dans les
musées prévus pour ça, mais je les ai personnellement évités.
Sur le pont, les touristes marchent sur les énormes rails. Parfois,
un train qui fait plus ou moins le tour de la ville traverse tout
doucement la rivière – alors on se pousse sur les plateformes
prévues à cet effet. Autour, il y a quelques magasins, et au bord
de la rivière, des restaurants illuminés la nuit, qui ressemblent à
des petites lucioles, vues d'en haut. Evidemment, les prix y sont
plus chers pour une nourriture moins savoureuse. C'est le jeu.
C'est quand même là que nous sommes allées avec Roxanne, une
Néerlandaise rencontrée dans l'auberge que j'occupe ici. C'est
assez drôle de se retrouver là, dans cette ambiance romantique. On
se croirait à un rencard.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Roxanne travaillait
avant dans un cabinet d'avocat, mais la pression, le rythme de
travail – et pourquoi ? - tout ça l'a fait fuir. Alors, elle
voyage. Elle voudrait peut-être devenir coach personnel, car elle a
elle-même traversé une période de transformation radicale, et elle
pense pouvoir aider les autres à trouver en eux les clefs pour faire
de même. Elle aussi ressemble à une force de la nature, toute en
muscles, un ton ferme, décidé, mais toujours avec un rire au coin
des lèvres. Elle voyage seule, elle aussi, et nous avons décidé
d'aller ensemble voir les cascades du parc national Erawan, le
lendemain.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
C'est donc avec
elle que je pars, le matin, en minibus, direction le parc national.
Je n'ai pas retrouvé mes Autrichiens. Le plan initial était que
nous passions une nuit à Kanchanaburi avant de prendre le train de
nuit pour Chiang Maï. Nous avions même réservé nos billets en
partant d'Ayutthaya. Mais arrivée sur place, j'ai réalisé que le
temps serait trop court pour voir les cascades et repartir dans la
même journée à Ayutthaya pour prendre le train de nuit. Je leur ai
proposé de rester une nuit de plus et de prendre le train le
lendemain, mais mon frère, Clément, qui connaît bien l'autochtone
autrichien, m'a confirmé qu'on ne pouvait pas changer comme ça de
plan à la dernière minute au risque de provoquer une crise
cardiaque.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
J'ai finalement
changé mon billet toute seule, et c'est à eux que je pense, sur le
chemin des cascades. La route est superbe, et les fenêtres ouvertes
provoquent un courant d'air chaud particulièrement agréable pendant
cette journée brûlante. Je pense à mes Autrichiens, et je me dis
que j'ai pris la bonne décision. J'essaye de ne pas oublier ça, que
je suis venue tout à fait égoïstement pour moi, que c'est mon
voyage, et que je ne peux pas – je ne dois pas – m'accrocher
désespérément aux autres pour me sentir plus en sécurité, au
risque de ne pas faire ce que je voulais faire. Affirmer ses choix,
ses envies. C'est un peu ce que je suis venue chercher, non ?
Alors je pense à eux que je ne reverrai peut-être pas, et je chante
dans ma tête : « I'll smile and I'll simply let go ».
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-fGuWR7oT-w0/Vlv-x9-3YFI/AAAAAAAABHQ/YHQgfWnzMz0/s1600/2015-11-17%2B11.07.13.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="http://2.bp.blogspot.com/-fGuWR7oT-w0/Vlv-x9-3YFI/AAAAAAAABHQ/YHQgfWnzMz0/s640/2015-11-17%2B11.07.13.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Ces
pensées, ce voyage entre les collines... je me suis sentie légère
en arrivant au parc national. Les cascades d'Erawan s'élèvent sur
sept niveaux, au milieu de la jungle, et sont séparées par environ
1 km les uns des autres. A chaque étape, on peut s'y arrêter pour se
baigner. Roxanne a convié une autre personne avec nous, une
Américaine dont je n'ai pas retenu le nom. Elle paraît jeune, et
parle très peu. Au bout du quatre ou cinquième niveau, Roxanne
décide de s'arrêter pour profiter de l'eau, et je continue avec
l'autre. Nous montons les niveaux restant en silence. Arrivées au
sommet, nous découvrons comme un petit bassin où l'eau, entre
blanche et bleue, fait presque mal aux yeux tellement elle brille.
L'eau coule sur les rochers à différents endroits. On croirait
presque être arrivé au Paradis. Je crois honnêtement qu'il s'agit
d'un des plus beaux endroits qu'il m'ait été donné de voir jusque
là. Nous nous baignons, avec la jungle autour de nous. Nous nous
asseyons sur les rochers, les pieds à l'abri des dizaine de poissons
qui viennent nous bouffer les orteils dès qu'on les laisse traîner
(fish spa gratos) et nous restons là pendant, quoi ? Vingt
minutes ? Et nous ne nous dirons pas un mot, pendant vingt
minutes. Mais étrangement, sa présence calme, douce, m'apaise
énormément. Elle n'a pas envie de parler, moi non plus. Il n'y a
pas d'efforts à faire.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-nPplIwp4CwA/Vlv-ybGv0PI/AAAAAAAABHY/aWX4nh5ufkU/s1600/2015-11-17%2B11.04.10.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-nPplIwp4CwA/Vlv-ybGv0PI/AAAAAAAABHY/aWX4nh5ufkU/s640/2015-11-17%2B11.04.10.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuuybpJ7zVusL7KzuOx1r4fjSDgKweoBUDi_CZk8D3uFSAMb93jklP5mKgzDdOrxpaZ3ani2CSqcbFm0GDlvFB2I2fKJOQRkH3Zfz3ToHeehlZMSAHJKHXINYWzbSxAXDGMxxDggufs1ip/s1600/2015-11-17+12.10.05.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuuybpJ7zVusL7KzuOx1r4fjSDgKweoBUDi_CZk8D3uFSAMb93jklP5mKgzDdOrxpaZ3ani2CSqcbFm0GDlvFB2I2fKJOQRkH3Zfz3ToHeehlZMSAHJKHXINYWzbSxAXDGMxxDggufs1ip/s640/2015-11-17+12.10.05.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIOLIBtj8oOkEjVY1t8JOuPpONNAdQKBoxx0W7DXD4ZjwuPdCrL3wnxe5Zqp61UFAeEnm3WL3NRAX70cH77U0aF2wqx_KIdi47nvwez3NHk9TXhP9HUpLtsNB_UoN7O1LuJulVLOAAqiQ7/s1600/2015-11-17+12.34.06.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIOLIBtj8oOkEjVY1t8JOuPpONNAdQKBoxx0W7DXD4ZjwuPdCrL3wnxe5Zqp61UFAeEnm3WL3NRAX70cH77U0aF2wqx_KIdi47nvwez3NHk9TXhP9HUpLtsNB_UoN7O1LuJulVLOAAqiQ7/s640/2015-11-17+12.34.06.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
C'est peut-être
con, mais on aurait dit que ces vingt minutes de silence partagées
nous ont rapprochées.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Sur le chemin du
retour, nous échangeons un peu plus sur nos vies respectives. Nous
nous arrêtons à une autre cascade où les rochers ont pris la forme
d'un toboggan sous le passage répété de l'eau. Nous nous motivons
l'une l'autre pour tenter l'expérience - « If you do it, I do
it ». J'ai presque l'impression de me retrouver en dernière
section de maternelle, quand celle qui allait devenir mon amie
d'enfance (ou bien est-ce que c'était moi qui ai fait le premier
pas ?) est venue me voir pour me demander : « Tu veux
être mon amie ? ». J'ai dit oui, et il n'y avait pas
besoin de dire plus. Pas besoin de se vendre, de se séduire ou de
briller en société. Mon Américaine m'a demandé si je voulais
monter jusqu'à la septième cascade et j'ai dit oui. Pareil.
Parfois, il suffit de s'asseoir sur des rochers et de ne rien se
dire, par consentement mutuel.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Alors voilà,
petite mademoiselle, je n'ai pas retenu ton prénom et j'en suis
vraiment désolée. Nous n'avons pas échangé nos coordonnées et
les au revoir ont été très brefs. Mais je suis bien contente que
tu ais été ma copine d'un jour et je te promets que je ne
t'oublierai pas. Et à toi aussi, je te « smile » et
« simply let go ». </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-N1kh_QUPbZ8/Vlv-yKNyj-I/AAAAAAAABHU/W-C_znITShM/s1600/2015-11-17%2B11.50.09.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-N1kh_QUPbZ8/Vlv-yKNyj-I/AAAAAAAABHU/W-C_znITShM/s640/2015-11-17%2B11.50.09.jpg" width="640" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
P.S. : "I'll smile and I'll simply let go" vient de la chanson "Burning this bitch down" de Sight Like December. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5631226309563828262.post-7757074421359261252015-11-25T18:35:00.000-08:002015-11-25T18:53:53.227-08:0014-16.11.2015 : Ayutthaya – Bouddhas décapités et Goldorak : sauter à travers le temps. <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://1.bp.blogspot.com/-7F5eiGXofqs/VlZtZaZIYoI/AAAAAAAABFw/Wvio9tHgVLw/s1600/2015-11-15%2B10.47.54.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="480" src="http://1.bp.blogspot.com/-7F5eiGXofqs/VlZtZaZIYoI/AAAAAAAABFw/Wvio9tHgVLw/s640/2015-11-15%2B10.47.54.jpg" width="640" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<span style="text-align: justify;">Quand je suis sortie de Bangkok, j'ai
eu l'impression de redécouvrir les couleurs, comme quand on passe sa
main sur une surface poussiéreuse, et que les motifs d'origine se
révèlent.</span><br />
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
A Ayutthaya, c'est le jaune qui m'a
marquée. Le royaume d'Ayutthaya a été fondé vers 1350 par le roi
Umong. Aujourd'hui, on s'y promène dans les ruines des 400 temples
qui composaient la ville, et qui témoignent maintenant de la
splendeur du royaume. Les temples à Ayutthaya sont un peu différents
de ceux que j'ai vus à Bangkok. Ici, on voit beaucoup de <i>prang,
</i>de très hautes tours richement
sculptées renfermant une relique, et dont l'architecture vient en
fait des Khmers, qui ont occupé les territoires thaïs entre le XIe
et le XIIIe siècle. Ces temples ne sont pas (ou plus?) recouvertes
des dorures qui m'avaient éblouies jusque là, mais ils ont conservé
une couleur ocre qui donne un aspect très rocailleux à la ville.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
400 temples, autant
dire que ça ne se visite pas les doigts dans le nez (au sens propre
comme au figuré, d'ailleurs). Dion et moi avions prévu de louer des
vélos, mais la chaleur nous en a dissuadées. Sus les conseils de
Ya, le gérant de notre auberge, nous sommes donc allées au Wat Chai
Watthanaram, en dehors de l'île centrale où se situe presque
l'ensemble des ruines, mais à seulement quinze minutes à pieds de
notre logement. Le site est bien plus petit que le gigantesque
squelette qui gît dans le centre, mis il permet de s'y promener plus
tranquillement. C'est aussi ce temple que nous avons pu admirer de
nuit, le soir, en faisant notre tour en bateau nocturne avec mes
Autrichiens, rencontrés la veille. Dans ce temple, la mise à sac de
la ville par les Birmans en 1767 est bien visible : des rangées
de Bouddhas sont alignés le long des murs, décapités.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://3.bp.blogspot.com/-gOBPap5XOmM/VlZtlVYdBFI/AAAAAAAABGA/69p_av7ENUc/s1600/2015-11-15%2B10.52.21.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="http://3.bp.blogspot.com/-gOBPap5XOmM/VlZtlVYdBFI/AAAAAAAABGA/69p_av7ENUc/s640/2015-11-15%2B10.52.21.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://2.bp.blogspot.com/-fkbUo5OJrzQ/VlZtbP4Hd9I/AAAAAAAABF4/092TcwTQe3s/s1600/2015-11-15%2B10.57.06.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="640" src="http://2.bp.blogspot.com/-fkbUo5OJrzQ/VlZtbP4Hd9I/AAAAAAAABF4/092TcwTQe3s/s640/2015-11-15%2B10.57.06.jpg" width="480" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Et puis, de cette
couleur ocre un peu passée, nous avons fait un saut dans le temps en
nous retrouvant ensuite au beau milieu d'un temple, beaucoup plus
récent celui-là, dans lequel une célébration avait lieu.
Difficile de décrire l'endroit : plusieurs petits temples
étaient rassemblés là, mais dans les espaces extérieurs qu'il y
avait entre chaque, des voiles jaunes avaient été accrochés comme
pour créer une toiture volante, si bien qu'on ne savait plus si on
se trouvait dehors ou dedans.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Il y avait du
monde, beaucoup de monde. Et surtout, il y avait de grandes statues
de super-héros posées entre les Bouddhas: Superman, Batman,
Goldorak, etc. J'ai fini par arrêter quelqu'un :
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
« -
Excusez-moi, il y a une célébration spéciale aujourd'hui ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Ha non, c'est
le temple, c'est tous les jours comme ça.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Mais pourquoi
est-ce qu'il y a des statues de super-héros ?</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
- Pourquoi pas ?
C'est drôle de se prendre en photo avec. »</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
On ne peut pas lui
donner tort cela dit. S'il y avait eu des statues de Sailor Moon à
l'église Saint Joseph quand j'étais petite, je serais sans doute
allée à la messe avec plus d'assiduité. Mais surtout, pour moi le
contraste était frappant. Nous étions passés des anciens temples,
gigantesques, impressionnants, vous regardant presque de haut, et de
ces austères bouddhas décapités à une joyeuse fête qui me
faisait presque penser à un parc d'attraction.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiOA_HXTFBnP2geN0gymS5TwtteXM_pC0V13e8sJTbvkSNPuJj5DAopLkC8ADTDLrL0tWq9VQPhDpxBWcFNR5PtPJsMj-MtnCbyQjRagpAttZqqtyO_QfvrXCYDfQps8fBWkGCoVZCMcLa/s1600/2015-11-15+12.10.52.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiOA_HXTFBnP2geN0gymS5TwtteXM_pC0V13e8sJTbvkSNPuJj5DAopLkC8ADTDLrL0tWq9VQPhDpxBWcFNR5PtPJsMj-MtnCbyQjRagpAttZqqtyO_QfvrXCYDfQps8fBWkGCoVZCMcLa/s640/2015-11-15+12.10.52.jpg" width="640" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
En traversant ce
temple et cette immense foule, nous nous sommes retrouvés sur un
marché flottant : autour d'un ponton, plusieurs barques
flottaient, et dedans, des hommes et des femmes cuisinaient et
vendaient à manger. Après de LONGUES MINUTES d'hésitation, j'ai
pris des nouilles et du tofu, mais surtout, surtout... de succulentes
ravioles dont la pâte est similaire à celle des boules de coco,
mais avec de la noix de coco frite dedans.</div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
Là, à
cet instant précis, le bedon plein au milieu de cette foule colorée
et de ces succulentes odeurs de cuisine, à l'ombre des voiles jaunes
qui dansaient au dessus de nos têtes, je me suis sentie bien. En
retraversant le temple, j'ai acheté une petite bougie en forme de
lotus que j'ai laissée glisser sur l'eau d'une fontaine, pour dédier
ce moment apaisant à ceux qui sont restés à la maison. Tout
doucement, j'ai commencé à me relever. </div>
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<br /></div>
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<a href="http://3.bp.blogspot.com/-x1FjhPTMq_s/VlZujFOZ2qI/AAAAAAAABGc/Kqc7kIqj7AU/s1600/2015-11-15%2B12.18.26.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" height="480" src="http://3.bp.blogspot.com/-x1FjhPTMq_s/VlZujFOZ2qI/AAAAAAAABGc/Kqc7kIqj7AU/s640/2015-11-15%2B12.18.26.jpg" width="640" /></a></div>
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Anaïd Sayrinhttp://www.blogger.com/profile/03091344042738285558noreply@blogger.com0