Photo piquée à Bee Girl - http://www.etsionsepromenait.com
Il y a cinq mois, Nyamuk et moi étions sur une plage de
Bretagne, au beau milieu de la nuit, en train d’ouvrir une bouteille de
Champagne face à la mer. Question cliché, on peut dire qu’on était en plein
dedans. Et puis on s’est rendu compte que les clichés, c’était quand même cool,
et que c’était pas pour rien que c’était des clichés. C’est un peu comme quand
on part en voyage quelque part et qu’on ne veut pas voir les lieux « touristiques ».
Sauf qu’en général, ces endroits ne sont pas devenus « touristiques »
pour rien. On peut évidemment être déçu, étouffer dans la foule et trouver le
tout un poil dénaturé, m’enfin bon, ne mettons pas toutes les évidences dans le
même panier. Visiter Paris et rester place de Clichy parce que ce n’est pas « touristique »,
c’est aussi un peu dommage.
Bref, nous buvions donc notre bouteille de champagne sur les
rochers de Cancale en nous disant que finalement, ça vaudrait peut-être le coup
d’explorer plein de clichés ultra romantiques. Nous avons fait une liste ; nous
avons déjà rempli une partie de notre contrat.
Et notamment la semaine dernière, un peu au hasard pour le
coup. Après une journée enfermés dans l’appart, nous sommes partis avec l’idée
de nous balader sur les quais de Seine. Mais arrivés à Notre Dame, la faim se
pointe et impossible de calmer un Nyamuk qui a le ventre vide tant qu’il n’a
pas de nourriture devant lui. Quartier « touristique », donc, et pas
trop l’envie de tomber dans un de ces endroits fort jolis mais fort dégueu tout
en étant fort chers, juste parce qu’on voit le coin de l’église en se penchant
par la fenêtre au fond de la salle du haut. Et puis, dans une petite rue de l’île
de la Cité, nous sommes finalement tombés sur une maison ancienne : « Au
vieux Paris », l’un des plus anciens restaurants parisiens, d’après la
description. Un endroit qui attire tout de suite l’œil, tant il semble sorti de
l’imagination de quelqu’un qui n’aurait jamais mis les pieds en France mais qui
imagine à quoi ça pourrait ressembler, avec ses vieilles pierres et sa gigantesque glycine. Glycine d'ailleurs pas tout à fait anodine, puisqu’il s’agit apparemment d’une « exception
touristique » autorisée par la Mairie de Paris pour ce bâtiment construit
en même temps que la cathédrale - toute végétation étant censée être confinée
sur un balcon, une terrasse ou en bord de fenêtre.
Et le cliché ne s’arrête pas là. Tout y était : la
petite table à nappe blanche sur le trottoir avec des fleurs à la fenêtre qui
tombent dans notre assiette ; les faux coqs dans la jardinière ; les chandelles sur les tables qui éclairent des pièces ambiance médiévale ; le patron au prénom vieux
français (Georges, avec sa femme, Odette) qui nous accueille avec un « Bonjour
les jeunes » ; la visite de la cave pour aller choisir notre vin ;
et les airs d’opéra recouverts par la voix du barman à moustache en train d’essuyer
les verres avec un torchon et qui chante en duo avec la stéréo. Ambiance film
américain qui essaye de recréer un faux Paris. Manquait plus que la deux
chevaux.
Evidemment, face à tout ça, on ne peut pas éviter la petite
appréhension du Parisien qui n’a quand même pas envie de se faire avoir dans sa
propre ville. Et ce fut finalement une autre bonne surprise sur la liste de nos
clichés. Ambiance décontractée, plats traditionnels mais très bons avec une
pièce de bœuf qui démonte et un cadre justement très « filmique », mais
qui n’est pas en carton pâte. Et surtout, nous étions loin des grandes rues bondées, un peu seuls au monde sur le trottoir de notre petite ruelle.
C’est là, précisément, qu’on se dit que décidément, les endroits « touristiques »
ne sont vraiment pas « touristiques » pour rien.
C’était un beau cadeau, peu de temps avant mon départ. En y
repensant, il y a de fortes chances que je veuille revenir à Paris. Parce que
cette ville, quand même, elle tue.
24 rue Chanoinesse
75004 Paris
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