lundi 14 mai 2012

Les clichés qui vont bien.



Il y a cinq mois, Nyamuk et moi étions sur une plage de Bretagne, au beau milieu de la nuit, en train d’ouvrir une bouteille de Champagne face à la mer. Question cliché, on peut dire qu’on était en plein dedans. Et puis on s’est rendu compte que les clichés, c’était quand même cool, et que c’était pas pour rien que c’était des clichés. C’est un peu comme quand on part en voyage quelque part et qu’on ne veut pas voir les lieux « touristiques ». Sauf qu’en général, ces endroits ne sont pas devenus « touristiques » pour rien. On peut évidemment être déçu, étouffer dans la foule et trouver le tout un poil dénaturé, m’enfin bon, ne mettons pas toutes les évidences dans le même panier. Visiter Paris et rester place de Clichy parce que ce n’est pas « touristique », c’est aussi un peu dommage.

Bref, nous buvions donc notre bouteille de champagne sur les rochers de Cancale en nous disant que finalement, ça vaudrait peut-être le coup d’explorer plein de clichés ultra romantiques. Nous avons fait une liste ; nous avons déjà rempli une partie de notre contrat.

Et notamment la semaine dernière, un peu au hasard pour le coup. Après une journée enfermés dans l’appart, nous sommes partis avec l’idée de nous balader sur les quais de Seine. Mais arrivés à Notre Dame, la faim se pointe et impossible de calmer un Nyamuk qui a le ventre vide tant qu’il n’a pas de nourriture devant lui. Quartier « touristique », donc, et pas trop l’envie de tomber dans un de ces endroits fort jolis mais fort dégueu tout en étant fort chers, juste parce qu’on voit le coin de l’église en se penchant par la fenêtre au fond de la salle du haut. Et puis, dans une petite rue de l’île de la Cité, nous sommes finalement tombés sur une maison ancienne : « Au vieux Paris », l’un des plus anciens restaurants parisiens, d’après la description. Un endroit qui attire tout de suite l’œil, tant il semble sorti de l’imagination de quelqu’un qui n’aurait jamais mis les pieds en France mais qui imagine à quoi ça pourrait ressembler, avec ses vieilles pierres et sa gigantesque glycine. Glycine d'ailleurs pas tout à fait anodine, puisqu’il s’agit apparemment d’une « exception touristique » autorisée par la Mairie de Paris pour ce bâtiment construit en même temps que la cathédrale - toute végétation étant censée être confinée sur un balcon, une terrasse ou en bord de fenêtre.

Et le cliché ne s’arrête pas là. Tout y était : la petite table à nappe blanche sur le trottoir avec des fleurs à la fenêtre qui tombent dans notre assiette ; les faux coqs dans la jardinière ; les chandelles sur les tables qui éclairent des pièces ambiance médiévale ; le patron au prénom vieux français (Georges, avec sa femme, Odette) qui nous accueille avec un « Bonjour les jeunes » ; la visite de la cave pour aller choisir notre vin ; et les airs d’opéra recouverts par la voix du barman à moustache en train d’essuyer les verres avec un torchon et qui chante en duo avec la stéréo. Ambiance film américain qui essaye de recréer un faux Paris. Manquait plus que la deux chevaux.

Evidemment, face à tout ça, on ne peut pas éviter la petite appréhension du Parisien qui n’a quand même pas envie de se faire avoir dans sa propre ville. Et ce fut finalement une autre bonne surprise sur la liste de nos clichés. Ambiance décontractée, plats traditionnels mais très bons avec une pièce de bœuf qui démonte et un cadre justement très « filmique », mais qui n’est pas en carton pâte. Et surtout, nous étions loin des grandes rues bondées, un peu seuls au monde sur le trottoir de notre petite ruelle. C’est là, précisément, qu’on se dit que décidément, les endroits « touristiques » ne sont vraiment pas « touristiques » pour rien.

C’était un beau cadeau, peu de temps avant mon départ. En y repensant, il y a de fortes chances que je veuille revenir à Paris. Parce que cette ville, quand même, elle tue. 


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