Voilà : j’écris maintenant depuis mon nouvel
appartement dans lequel j’ai déménagé ce week-end. Pour rappel, il m’a fallu
trouver un autre logement car il était très difficile d’héberger Nyamuk dans la
Maison aux Deux Pommiers et ma petite chambre. Surtout s’il reste ici plusieurs
mois… mais ça, ce sera un autre chapitre.
Je vis maintenant à dans l’est de Lund… à l’extrême est.
Mais vraiment : lorsque je sors sur mon balcon, ce n’est plus la ville que
je vois, mais les champs ! Marian a dormi pendant trois nuits ici et
lorsqu’elle est descendue du bus, elle donnait l’impression d’avoir fait
des milliers de kilomètres pour arriver jusqu’ici. En vrai, il n’y a que vingt
minutes de bus pour atteindre le centre ville et en tant que Parisienne, je
dois dire que ça ne m’a pas choquée. Mais ici, vingt minutes, c’est le bout du
monde.
Moi, au contraire, je suis plus que ravie d’être ici. Déjà
parce qu’avec les trajets en bus, je peux écouter ma musique en regardant le
paysage et ça reste l’un des meilleurs moments de ma journée. J’avais vraiment
l’impression de ne pas pouvoir faire de pause dans mon cerveau sans ces petits
moments où je n’ai techniquement rien à faire si ce n’est imaginer tranquillement
mes petites histoires en regardant la route. En plus de ça, sortir de la ville,
c’était exactement ce que je voulais. M'éloigner pour prendre plus de temps, plus de douceur, et expérimenter un nouveau mode de vie. Hier, Marian m’a emmenée voir un « trésor »
devant chez moi : des dizaines d’arbres croulant de prunes que nous avons
ramassées par poignées. J’ai même maintenant cette espèce d’envie folle d’en
faire de la confiture. Oui je sais, je suis complètement dingue. J’ai l’impression
d’avoir des tonnes de trucs à découvrir et j’ai notamment de plus en plus envie
de créer des choses avec mes mains. Je viens de peindre un truc là. Rien de
bien exceptionnel, mais je crois que c’est la première fois que je me pose pour
peindre un truc. Je vais peut-être finir en ermite ici – et je sais que cette
idée va en faire sourire certains : ça devait sans doute être mon destin !
Je m’émerveille donc chaque jour un peu plus de cette
nouvelle vie qui m’ouvre de plus en plus ses bras. L’appartement en lui-même
est un petit paradis terrestre. 70 m² avec grande chambre, grande cuisine,
immense salon qui donne sur le balcon et une salle de bain sans moisissures –
ce qui me change de la Maison aux Deux Pommiers, quand même. Sans oublier tous
les équipements qui vont avec, y compris UNE CHAINE HI-FI avec des ENORMES
ENCEINTES ! Après deux mois et demi de sevrage, je peux donc me remettre à
écouter de la musique chez moi en faisant autre chose, sans être bloquée par le
casque relié à l’ordinateur. En BO de ce texte, j’ai donc mis Grandaddy (qui
passe la semaine prochaine en concert gratuit à Malmö, hiiii) en attendant que
la peinture sèche. Tout serait absolument parfait si je ne gardais pas en tête
le fait que j’ai un mémoire à finir cette semaine – seule épine dans le pied.
Sans ça, je serai sans doute au bord de l’extase.
Je garderai quand même un petit souvenir nostalgique de la
Maison aux Deux Pommiers. J’y ai passé ma dernière nuit vendredi en revenant de
Malmö et on aurait dit qu'elle voulait me laisser un cadeau avant de partir. En
rentrant, je suis allée dans le jardin dans lequel j’aurais sans doute davantage
habité que dans ma chambre. Je me suis assise dans le siège en bois et j’ai
regardé le ciel. Ca faisait longtemps, je crois, qu’il n’avait pas été aussi
beau. Il n’y avait pas un seul nuage, la lune brillait tellement que j’ai cru
que quelqu’un avait allumé un lampadaire dans le jardin. Et cette nuit là, il a
plu des étoiles filantes. Je suis restée là-bas le temps d’écouter le premier
album de Muse, et je pense en avoir vu pas loin de dix. C’était… magique.
Tout ça, ce déménagement et cette nuit des étoiles filantes m’ont
mis du baume au cœur après une période qui n’a pas été si facile. J’ai
énormément travaillé pour jongler entre mon travail et mon mémoire, au point de
faire un burn out en bonne et due forme avec arrêt total de mon cerveau et les grandes eaux dans l'herbe du jardin. Ces
dernières semaines ont aussi été pleines de visites qui m’ont remplies de joie
mais m’ont aussi laissée avec un sacré vide quand tout le monde est parti.
Nyamuk d’abord, resté avec moi dix jours – et malheureusement pas pendant la
meilleure période de mon état moral. Puis Thibault, Rémi et Tania avec qui j’ai
pu faire mon premier dîner aux chandelles dans le jardin de la Maison aux Deux
Pommiers. Et enfin Lolo, Laure, mon Mulet avec Cédric, la semaine dernière, qui
auront inauguré en même temps que moi cet appartement –pour lequel je n’ai pas encore
de nom d’ailleurs. Avec eux, j’ai pu faire la chose la plus suédoise possible :
aller au sauna sur la mer à Bjärred. Une petite construction en bois au bout d’une
jetée et qui permet d’alterner la chaleur du sauna dans lequel on peut profiter
de la vue sur l’horizon, avant de plonger complètement nu dans l’eau froide. C’était
incroyablement relaxant et j’ai presque envie d’y retourner toutes les semaines
et surtout, surtout cet hiver ! C’était aussi exactement ce dont j’avais
besoin : un peu de cocooning, prendre soin de moi après ces quelques
semaines un peu chaotiques. Le soir, en rentrant à l’appartement, Laure nous a
cuisiné du renne avec des chanterelles et la bouteille de vin qui va bien. Je
me suis installée dans mon vieux canapé pour y faire des mots croisés, et je me
suis revue chez ma grand-mère en Normandie, quand ma seule préoccupation était
de trouver quelque chose à faire.
Très bientôt – d’ici la fin de la semaine hopefully – trouver quelque chose à faire
après mes journées de travail qui finissent à 16h30 sera sans doute à nouveau
ma seule préoccupation. En attendant, j’essaye de faire attention, de ne pas
trop me prendre pour Wonder Woman qui peut jongler avec toutes les taches en
même temps sans jamais craquer, sans culpabiliser à l’idée de me poser sur mon
canapé pour peindre un truc qui n’aura peut-être jamais aucune utilité.
Et d’ailleurs, il est l’heure pour moi d’aller regarder mon
plafond en écoutant Grandaddy et d’imaginer de grandes histoires tragiques qui
se dessinent sur le blanc des murs.