Mais cette fois, au cours de ces quelques semaines en
France, j’ai enfin redécouvert le
plaisir de vivre à Paris. J’ai repris mon activité favorite, qui consiste à
marcher dans la ville pendant des heures avec mon casque sur les oreilles. Et j’ai
revisité des lieux qui m’étaient chers mais que je ne prenais plus le temps
d’aller voir. Exemples.
J’ai passé toutes mes années de fac (ou presque) près du
Jardin du Luxembourg et pendant un temps, je ne pouvais plus le voir en
peinture. Et puis, en voulant aller voir l’exposition Chagall là-bas avec
Nyamuk, j’ai redécouvert les grandes pelouses, les fontaines, et cette ambiance
très parisienne bourgeoise et bucolique. Le Jardin a gardé un esprit très Paris
fin XIXème, avec ses chaises en fer forgé, les petites buvettes et les kiosques où l’on peut écouter des
concerts classiques. Finalement, nous avons délaissé l’expo Chagall pour
Angelina (le café) où j’ai bu le meilleur thé glacé jamais dégusté jusque là.
Une explosion de saveurs fleuries qui allaient parfaitement avec l’éclair au
café qui l’accompagnait et la chaleur étouffante de cette journée.
Pour l’anniversaire de Laure, nous sommes allées déjeuner à
l’Hôtel Amour. Nous y avons découvert une terrasse luxuriante, sur laquelle les
tables sont noyées sous des cascades de verdure. En dégustant une salade de
poulpe et un sandwich au homard, des petites feuilles coulaient des arbres et
voletaient sur nous. On se serait presque cru dans un film de Walt Disney -
jusqu’à ce qu’on entende les commentaires désagréables du management à l’égard
des serveurs (pourtant adorables). A croire qu’il faut toujours être imbuvable
quand on travaille dans un lieu « hype ».
Les massages de l’Espace
YonKa.
La première fois que je suis allée dans un institut de
beauté, c’était à l’Espace YonKa, près de Sèvres Babylone. J’avais eu droit à
un massage sous une pluie chaude d’huiles essentielles. Rien que le nom fait
rêver. J’y suis retournée plusieurs fois par la suite en y entraînant des
copines. On commence toujours par glousser devant les culottes en papier qu’on
doit mettre avant le soin – passage obligatoire – avant de sombrer dans un
océan de béatitude dans les salles de massage enveloppées dans de la lumière
tamisées et de la musique aux sonorités asiatiques. Après plusieurs essais,
chaque fois pour un soin différent, je n’ai toujours pas été déçue. Et je
squatte toujours avec bonheur leur « espace bien-être » où l’on peut
rester autant de temps qu’on le veut, à boire des tisanes fraîches, loin du
bruit extérieur.
Se recentrer à Rasa
Yoga Rive Gauche.
Avant de partir en Suède, j’essayais de suivre au moins un
cours de yoga par semaine – de préférence du Vinyasa ou du Yin yoga. Mais
là-bas, j’ai clairement perdu le rythme. A Lund, c’est principalement le Power
yoga qui est privilégié, un yoga modernisé à l’américaine qui se concentre sur
la tonicité de la silhouette en mettant de côté la partie méditation. On médite
quand même un peu pour le folklore… mais de toute façon, quand on ne parle pas
un mot de suédois, c’est un peu dur de suivre le guide.
J’ai donc retrouvé presque avec soulagement mon Rasa Yoga Rive Gauche. Il m’a toujours suffi de pousser la lourde porte en bois qui donne
sur la cour intérieur d’un immeuble parisien pour, déjà, me sentir détendue. Au
fond de la cour, on rentre dans un espace de calme où tout le monde a l’air un
peu shooté au zen. La grande verrière de la grande salle de yoga fait entrer
toute la journée une lumière douce, paisible. On chuchote, on sourit. On oublie
le reste du monde.
Après ces quatre mois passés dans les nuages, à découvrir
constamment de nouveaux lieux et de nouvelles personnes, je ressentais le
besoin de rester un moment toute seule avec moi-même. J’ai donc privilégié le
Yin yoga, un type de yoga doux pendant lequel on tient la même posture pendant
plusieurs minutes en se concentrant sur la respiration et la détente
musculaire. S'étirer en se recentrant.
Ces pauses m’avaient cruellement manqué. J’en sors toujours
avec la bonne résolution de pratiquer régulièrement… mais on ne trouve pas des
Rasa Yoga à tous les coins de rue.
L’impressionnisme n’est pas nécessairement mon courant de
peinture préféré. Je suis bien plus attirée par les courants qui sont venus
après – expressionnisme, fauvisme, et surtout, la peinture de la sensation. Mais l’impressionnisme a eu le mérite d’ouvrir
la porte à tout le reste. J’ai souvent du mal à vraiment m’émouvoir devant
leurs tableaux car il reste encore trop de trace de l’anecdote, du prosaïque :
je n’arrive pas à m’approprier leurs peintures, comme j’expliquais après avoirvu le musée Munch à Oslo. Mais malgré tout, leurs tableaux me font parfois du
bien. Malgré tout, je suis restée longtemps devant la Femme s’épongeant le dos de Degas, j’ai été hypnotisée par les
sanguines de Maillol, et surtout son Nu à
genou et j’ai même été prise de vertige devant la Femme à l’ombrelle de Monet. Dans toutes ces œuvres, il y avait un
moment banal, intime, souvent solitaire. Mais là encore, les sentiments du
personnage – ou l’émotion du peintre – éclaboussait tellement la toile qu’on ne
voyait plus une peinture mais un voyage. La peinture devenait réelle et
mouvante à travers les sensations qu’elle racontait.
Finalement, j’aimerais voir le monde à travers des yeux d’impressionnistes.
J’aimerais pouvoir tomber éperdument amoureuse de tout ce que je vois autour de
moi et imprégner chaque moment du quotidien d’une émotion forte.
Il faut je crois être un peu poète ou un peu myope pour ça.
On a mis pas mal de temps avant de s’apercevoir que j'étais myope comme une taupe. Je me souviens de la première fois que j’ai
regardé le ciel, la nuit, avec des lunettes. Tout d’un coup, les étoiles
étaient beaucoup plus nettes qu’auparavant. Ca m’a paru incroyablement ennuyeux
et beaucoup moins beau. Avec mes yeux de myope, elles paraissaient beaucoup
plus grandes – floues mais radiantes. La réalité est bien plus belle quand elle
est un peu déformée.
C’est peut-être ça la solution.
Ne plus mettre mes lentilles mettrait peut-être un peu de
piment dans tout ça.