dimanche 9 décembre 2012

08.12.2012 : Voyage voyage.


 *Entre Lund et Göteborg*


Cette fois, Noël est bien installé en Suède. Ca a pris du temps, mais les lumières dorées sont maintenant allumées dans toute la ville. Il y a des sapins, et surtout de la neige. Elle s’est mise à tomber il y a une semaine. Intensément, sans s’arrêter, une pluie continue de boules de coton qui ont formé un épais tapis blanc, partout autour de nous.

Timing parfait : c’était justement le week-end pendant lequel Nyamuk et moi avions prévu d’aller à Göteborg. J’ai rêvé des marchés de Noël de Göteborg quand j’ai commencé à rêver de la Suède, je crois. Le plus grand marché de Noël de Suède. Le plus beau d’Europe. Mes attentes étaient élevées.

Jusqu’à présent,  ma référence en matière de marchés de Noël restait Strasbourg. Il y a quelques années, j’y allais souvent, tous les ans, pour déambuler entre les stands remplis de babioles plus ou moins kitsch, en mangeant des flammenküche sur des baguettes avec un verre de vin chaud, me gavant au passage de bredele et de chants traditionnels. J’attendais toujours cette période avec impatience et j’aurais pu y rester des journées entières, malgré le froid, même après en avoir fait trente fois le tour.

Nous sommes partis très tôt le samedi matin. Je voulais arriver le plus rapidement possible. Idée qui paraissait terrible la veille au soir en réglant le réveil à 5h45, mais merveilleuse finalement. Nous avons pris le bus pour aller à Göteborg, quatre heures de route accompagnées par le lent lever du soleil sur la neige fraiche. Ce voyage m’a rappelé l’excitation de mon périple en bus dans le Golden Circle en plein hiver islandais. J’ai encore en tête les images de la lumière de jour qui semble avoir du mal à se sortir du lit, qui s’étire, se remet sous la couette, et donne l’impression d’abandonner pour trainasser sous les draps plutôt que de complètement se lever. Il y a des couleurs vraiment particulières, ici, au lever du soleil. On dirait un crépuscule inversé. Un entre deux difficile à décrire mais qui m’émerveille à chaque fois. Autant dire que malgré le peu d’heures de sommeil de la semaine, je n’ai quasiment pas fermé l’œil du voyage. J’étais trop occupée à coller mon nez à la fenêtre en écoutant des chansons des années 60 (et à prendre des photos à mettre sur Instagram).



*Marché de Noël de Liseberg *

Les marchés de Noël ont finalement été un peu décevants – mais il faut avouer que la barre était placée haut avec ceux de Strasbourg. Nous en avons visité deux dans le centre, mais le meilleur était celui de Haga, un quartier fait de petites rues pavées pleines de cafés cosy. L’attraction touristique de Göteborg,  sans doute, mais comme je disais à une cousine il n’y a pas si longtemps, il faut relativiser ce qu’on appelle « touristique » en Suède… qui n’atteint jamais le niveau de ce qu’on peut connaitre en France. Dans une des rues, des stands avaient été installés, avec ce qu’on trouve habituellement sur les marchés de Noël, sans vin chaud ni flammenküche mais avec des empanadas… allez comprendre. Le lendemain, nous sommes allés à Liseberg, le parc d’attraction au cœur de la ville, également habillé aux couleurs de Noël. Là aussi, l’allée avec les stands était finalement petite, mais il y avait suffisamment de cafés et de restaurant pour nous réfugier quand nos mains étaient trop glacées, et nous gaver de gâteaux à la pomme, à la cannelle, et de chocolat chaud.



* Pause chaleur dans un café de Liseberg *

Finalement, ce qui nous aura le plus marqués à Göteborg, ce sera peut-être tout ce qui n’était pas suédois !

Nous sommes allés à l’Universeum, un musée qui abrite notamment une immense serre tropicale et de grands aquariums remplis d’une multitude de poissons, y compris des requins. Nous sommes restées des heures à nous balader dans la chaleur moite de cet endroit, à regarder les singes et les perroquets en liberté dans la serre tropicale, à frissonner devant les requins et les cobras (qui n’étaient pas en liberté, eux) et à nous rappeler nos souvenirs d’Indonésie et de la Monkey Forest, avec ses singes qui piquaient nos affaires pour les refourguer à des gardes qui font payer les touristes pour récupérer ce qu’on leur a volé. En plus des animaux, j’ai admiré dans cet endroit la discipline des visiteurs. Il n’y avait personne pour assurer la sécurité (où alors, ils étaient cachés dans les plantes), mais je n’ai pas vu une seule main se tendre pour caresser les plumes des flamands roses ou essayer de toucher les singes minuscules qui vivaient leur vie à 10 cm de nous. 


* Les occupants de l'Universeum *

Le soir, nous avons mangé dans un restaurant thaïlandais sur lequel j’avais littéralement flashé en passant devant : le Moon. L’intérieur était entièrement décoré de plantes tropicales et de lampions de toutes les couleurs. Il ne manquait plus que le sable et nous étions de nouveau à Padangbaï, à l’est de Bali, dans ce petit restaurant à côté de l’hôtel que nous avions loué, et dans lequel un Américain s’efforçait d’animer la soirée en grattant sur une guitare désaccordée pour accompagner sa voix tout aussi juste que les notes qu’il sortait de son instrument. Cette fois, nous étions en Suède, il faisait -10°C dehors, et je buvais le premier mojito depuis mon arrivée ici. Nous avons reparlé de nos voyages. De la vie ici. De la vie là-bas. Nous avons rêvé un peu en dévorant nos assiettes.

Je me souviens. Lorsque j’ai commencé à écrire dans mes carnets qui me suivent partout, j’ai tout de suite pris l’habitude de toujours noter le lieu, la ville et le pays dans lequel je me trouvais. J’avais une dizaine d’années, et c’était un peu déprimant d’écrire à chaque fois « Issy les Moulineaux, France », ou « Le Theil, Basse Normandie, France ». En fait, non, ce n’était pas déprimant parce que je ne rêvais pas spécialement de voyager à cette époque. J’avais l’esprit plus occupé par Leonardo DiCaprio et David Boreanaz. Mais c’était comme si je sentais que cette envie viendrait un jour. Chaque fois que j’allais dans un endroit différent, pour les vacances par exemple, je me forçais à écrire un texte, juste pour pouvoir noter fièrement un autre nom de ville. Comme une collection. C’est ça : j’ai commencé à collectionner les noms de lieux avant d’avoir envie de voyager.

Je ne sais pas exactement quand cette envie là est née. Peut-être au Danemark, dans cette école de musique dans laquelle je suis restée trois jours mais qui aura fait basculer beaucoup de choses dans ma vie. Ou en Islande, quelques mois plus tard, en regardant cette lumière paresseuse qui ne s’élevait jamais au-delà du doré sur les mottes de neige.  Cette lumière que j’ai retrouvée entre Lund et Göteborg et qui chaque fois me tire par la main pour me donner envie d’aller plus loin.



*Mojito on the Moon *