dimanche 4 août 2013

04.08.2013 : Une semaine à Paris (ou voir la vie en myope).



 Or donc, mon année en Suède s’est finalement prolongée. Depuis le mois d’avril, j’ai été officiellement engagée comme chargée de communication au même endroit où je faisais mon Service Volontaire. Quatre mois aujourd’hui, et quatre mois qui se sont avérés chaotiques. Entre les voyages pour le travail en Lettonie, en Espagne et à Marseille et les allers-retours à Paris pour voir Nyamuk, j’ai l’impression d’avoir passé plus de temps entre deux avions que chez moi. D’ailleurs, je ne sais plus vraiment où se situe chez moi. A force de bouger, mon appartement suédois est devenu un peu étranger et je recommence à penser à ma vie parisienne. Je viens d’ailleurs de passer trois semaines en France. Quand j’ai quitté Paris il y a plus d’un an maintenant, je n’appréciais plus vraiment la ville. Il y avait trop de choses à faire, trop de gens à voir, trop de monde, trop de métro, trop de tout, et plus rien n’avait de goût. En Suède, j’ai presque eu l’impression de me purger. Et les premières fois où je suis revenue en France étaient un calvaire tant je me sentais submergée par toute cette activité.

Mais cette fois, au cours de ces quelques semaines en France,  j’ai enfin redécouvert le plaisir de vivre à Paris. J’ai repris mon activité favorite, qui consiste à marcher dans la ville pendant des heures avec mon casque sur les oreilles. Et j’ai revisité des lieux qui m’étaient chers mais que je ne prenais plus le temps d’aller voir. Exemples.

Un thé glacé au Jardin du Luxembourg.



J’ai passé toutes mes années de fac (ou presque) près du Jardin du Luxembourg et pendant un temps, je ne pouvais plus le voir en peinture. Et puis, en voulant aller voir l’exposition Chagall là-bas avec Nyamuk, j’ai redécouvert les grandes pelouses, les fontaines, et cette ambiance très parisienne bourgeoise et bucolique. Le Jardin a gardé un esprit très Paris fin XIXème, avec ses chaises en fer forgé, les petites buvettes  et les kiosques où l’on peut écouter des concerts classiques. Finalement, nous avons délaissé l’expo Chagall pour Angelina (le café) où j’ai bu le meilleur thé glacé jamais dégusté jusque là. Une explosion de saveurs fleuries qui allaient parfaitement avec l’éclair au café qui l’accompagnait et la chaleur étouffante de cette journée.

La forêt vierge de l’Hôtel Amour.




* Un restaurant gastronomique * 

Pour l’anniversaire de Laure, nous sommes allées déjeuner à l’Hôtel Amour. Nous y avons découvert une terrasse luxuriante, sur laquelle les tables sont noyées sous des cascades de verdure. En dégustant une salade de poulpe et un sandwich au homard, des petites feuilles coulaient des arbres et voletaient sur nous. On se serait presque cru dans un film de Walt Disney - jusqu’à ce qu’on entende les commentaires désagréables du management à l’égard des serveurs (pourtant adorables). A croire qu’il faut toujours être imbuvable quand on travaille dans un lieu « hype ».

Les massages de l’Espace YonKa.
La première fois que je suis allée dans un institut de beauté, c’était à l’Espace YonKa, près de Sèvres Babylone. J’avais eu droit à un massage sous une pluie chaude d’huiles essentielles. Rien que le nom fait rêver. J’y suis retournée plusieurs fois par la suite en y entraînant des copines. On commence toujours par glousser devant les culottes en papier qu’on doit mettre avant le soin – passage obligatoire – avant de sombrer dans un océan de béatitude dans les salles de massage enveloppées dans de la lumière tamisées et de la musique aux sonorités asiatiques. Après plusieurs essais, chaque fois pour un soin différent, je n’ai toujours pas été déçue. Et je squatte toujours avec bonheur leur « espace bien-être » où l’on peut rester autant de temps qu’on le veut, à boire des tisanes fraîches, loin du bruit extérieur.

Se recentrer à Rasa Yoga Rive Gauche.
Avant de partir en Suède, j’essayais de suivre au moins un cours de yoga par semaine – de préférence du Vinyasa ou du Yin yoga. Mais là-bas, j’ai clairement perdu le rythme. A Lund, c’est principalement le Power yoga qui est privilégié, un yoga modernisé à l’américaine qui se concentre sur la tonicité de la silhouette en mettant de côté la partie méditation. On médite quand même un peu pour le folklore… mais de toute façon, quand on ne parle pas un mot de suédois, c’est un peu dur de suivre le guide.

J’ai donc retrouvé presque avec soulagement mon Rasa Yoga Rive Gauche. Il m’a toujours suffi de pousser la lourde porte en bois qui donne sur la cour intérieur d’un immeuble parisien pour, déjà, me sentir détendue. Au fond de la cour, on rentre dans un espace de calme où tout le monde a l’air un peu shooté au zen. La grande verrière de la grande salle de yoga fait entrer toute la journée une lumière douce, paisible. On chuchote, on sourit. On oublie le reste du monde.

Après ces quatre mois passés dans les nuages, à découvrir constamment de nouveaux lieux et de nouvelles personnes, je ressentais le besoin de rester un moment toute seule avec moi-même. J’ai donc privilégié le Yin yoga, un type de yoga doux pendant lequel on tient la même posture pendant plusieurs minutes en se concentrant sur la respiration et la détente musculaire. S'étirer en se recentrant. 

Ces pauses m’avaient cruellement manqué. J’en sors toujours avec la bonne résolution de pratiquer régulièrement… mais on ne trouve pas des Rasa Yoga à tous les coins de rue.

La galerie des impressionnistes du Musée d’Orsay.



L’impressionnisme n’est pas nécessairement mon courant de peinture préféré. Je suis bien plus attirée par les courants qui sont venus après – expressionnisme, fauvisme, et surtout, la peinture de la sensation. Mais l’impressionnisme a eu le mérite d’ouvrir la porte à tout le reste. J’ai souvent du mal à vraiment m’émouvoir devant leurs tableaux car il reste encore trop de trace de l’anecdote, du prosaïque : je n’arrive pas à m’approprier leurs peintures, comme j’expliquais après avoirvu le musée Munch à Oslo. Mais malgré tout, leurs tableaux me font parfois du bien. Malgré tout, je suis restée longtemps devant la Femme s’épongeant le dos de Degas, j’ai été hypnotisée par les sanguines de Maillol, et surtout son Nu à genou et j’ai même été prise de vertige devant la Femme à l’ombrelle de Monet. Dans toutes ces œuvres, il y avait un moment banal, intime, souvent solitaire. Mais là encore, les sentiments du personnage – ou l’émotion du peintre – éclaboussait tellement la toile qu’on ne voyait plus une peinture mais un voyage. La peinture devenait réelle et mouvante à travers les sensations qu’elle racontait.

Finalement, j’aimerais voir le monde à travers des yeux d’impressionnistes. J’aimerais pouvoir tomber éperdument amoureuse de tout ce que je vois autour de moi et imprégner chaque moment du quotidien d’une émotion forte.

Il faut je crois être un peu poète ou un peu myope pour ça.

On a mis pas mal de temps avant de s’apercevoir que j'étais myope comme une taupe. Je me souviens de la première fois que j’ai regardé le ciel, la nuit, avec des lunettes. Tout d’un coup, les étoiles étaient beaucoup plus nettes qu’auparavant. Ca m’a paru incroyablement ennuyeux et beaucoup moins beau. Avec mes yeux de myope, elles paraissaient beaucoup plus grandes – floues mais radiantes. La réalité est bien plus belle quand elle est un peu déformée.

C’est peut-être ça la solution.

Ne plus mettre mes lentilles mettrait peut-être un peu de piment dans tout ça.