En début d'année, j'ai lu un livre
appelé « An astronaut's guide to life on Earth » de
Chris Hadfield. Ou les conseils d'un astronaute pour mieux
s'accomplir. Le sujet était passionnant, la préparation pour partir
dans l'espace, la premières fois que les portes de la fusée
s'ouvrent sur l'Univers, etc. Par contre, question conseils pour les
Terriens, le récit était totalement anxiogène. En gros,
Mr Hadfield nous expliquait que lorsqu'on part dans l'espace, il
faut avoir tout prévu, absolument tout, des scenario les plus
simples aux plus grotesques, pour parer à toute éventualité. Par
exemple, l'auteur s'est fait enlever l'appendice avant son premier
vol, pour ne pas risquer qu'une bête infection ne vienne
compromettre une mission à plusieurs millions. Et globalement, son
conseil serait d'appréhender la vie de la même manière, histoire
d'être le meilleur en tout et prêt à réagir au moindre nouvel
élément qui s'impose à nous.
Lorsque j'ai lu ce livre, j'avais déjà
ce voyage en tête. Du coup, je me suis demandée si je devais me
faire enlever l'appendice. Finalement, après pas mal de réflexion,
je pars avec. Ca commençait à faire un peu trop de préparatifs.
Le truc, c'est que j'ai déjà tendance
à envisager tous les scenario catastrophe possibles et imaginables,
quelle que soit la situation. Prendre le métro (déraillement,
bombe, quelqu'un qui me pousse sur le quai, être bloqués par une
panne d'électricité pendant plusieurs jours, etc.). Chauffe-eau qui
fuit (explosion, inondation, appartement qui brûle, facture
d'électricité qui me met sur la paille, etc.). Alors, avec tout le
respect que j'ai pour Mr Hadfield, j'aimerais faire en sorte de
ne pas appliquer ses conseils, et même de faire plus ou moins le
contraire. Partir de cette manière, sans avoir exactement de trajet
prédéfini et en acceptant de se laisser porter par le hasard des
rencontres, c'est aussi une manière pour moi de l'apprivoiser,
justement, ce hasard. Peut-être est-il possible de parer à toute
éventualité, quand on part dans l'espace, mais malgré l'immensité
du lieu, l'espace personnel et les possibilités d'action restent
limités. Vouloir tout baliser dans sa vie, c'est sans doute
justement ça qui nous prépare le moins à tout élément nouveau.
Apprendre à faire avec,
laisser venir les choses et s'adapter ensuite au changement : je
crois que c'est un peu de cette force là que je vais chercher sur
les routes de tous ces pays inconnus.
Cela dit, à
quelques jours du départ, tout cet inconnu, justement, c'est plus
l'angoisse qu'autre chose.
Dans le
livre, Chris Hadfield parle aussi des quelques jours qui
précèdent les grands départs. Les astronautes sont alors conviés,
avec leurs proches, à passer quelque temps dans une sorte de centre
de pré-départ. Où ils sont un peu confinés entre eux, en vase
clos. L'une des raisons étant de ne pas les exposer à un virus dont
la durée d'incubation ferait qu'ils ne se rendraient pas compte
qu'ils sont infectés avant d'enfiler leurs combinaisons, mais j'ai
aimé cette idée de cellule de pré-départ. Comme un cocon. Une
première station d'envol. Une première étape.
Du coup, après
avoir dit au revoir à mes amis vendredi, j'ai eu l'impression de
rentrer un peu dans mon sas de départ. J'ai passé le week-end en
famille, avec Nyamuk. Je ne sais pas trop quoi répondre aux
questions qu'on me pose, ni dans quel état d'esprit je suis. Tout ça
me paraît un peu surréaliste, à vrai dire. Je fignole les derniers
préparatifs. J'ai l'impression qu'il y a encore mille choses que je
n'ai pas faites, et pourtant, je sais bien qu'il y aura toujours une
ou deux choses que j'aurais oublié de faire.
J'ai quand même
préparé une petite playlist de départ, comme une petite madeleine
de Proust. La musique me réconforte beaucoup, surtout en voyage. Je
crois que pour chacun d'entre eux, une chanson y est associée. Alors
systématiquement, ces chansons souvenir viennent rejoindre la liste.
Je mets ça là.
Elle n'est pas vraiment finie, ce sont juste les premiers titres qui
me sont venus. Je suis ouverte à toute suggestion pour l'étoffer.
Ca me permettra de penser encore plus à celles où ceux qui m'auront
conseillé un morceau.
J'écoutais
cette chanson quand j'ai atterri à San Francisco, pendant l'été
2009. J'étais un peu triste (peine de cœur, qui l'eût cru). Et ces
paroles m'ont fait grandement du bien.
« And
I won't cut myself on other people's broken dream oh oh oh oh »
Chanson
qui passait littéralement en boucle dans mon iPod en descendant
Laugavegur à Reykjavik, Islande 2010. Je ne sais plus pourquoi. La
musique – mélancolique - correspondait à l'ambiance de la ville.
Rajout :
Cette chanson a tourné obstinément dans ma tête toute la nuit
précédent le départ. A tel point que je ne suis pas sûre de
l'écouter pendant un petit moment.
Navigating by the stars
– Justin Sullivan
Un
chanteur que Nyamuk m'a fait découvrir. Je l'écoutait en pensant à
lui dans les rues de Lund, peu de temps après mon arrivée en Suède.
Et puis, main dans la main, sur le pont du bateau qui flottait entre
la Grèce et la Turquie.
San
Francisco, 2009 à nouveau. Il faisait beau. Je quittais le Golden
Gate Park et j'avais pris un bus. C'était un moment doux.
La
chanson officielle de Bali 2012 qui passait en boucle sur toutes les
radios, à commencer par celle de l'avion à mon atterrissage.
Tombée
amoureuse de cette reprise en regardant Fish Tank
Perdue
dans tes bras – Emilie Simon
Parce
qu'on la chantée très fort pendant un road trip sur la route n°1
en Islande.
Capsize
– Ephemera
Simply,
let go – Sight Like December
J'étais
obligée. :-)
En
souvenir d'un matin ensoleillé à San Boi, dans la banlieue de
Barcelone, où je me suis réveillée au rythme de cette chanson.
Obligée,
bis.
Sans doute l'une des chansons les plus importantes de cette playlist, destinée à l'une des personnes les plus importantes pour moi avec plein de paroles que je n'ai pas su dire.