Ca fait longtemps maintenant que j’ai des BO pour chaque
partie de ma vie. Il y a toujours un bout de chanson qui traine dans ma tête,
ce n’est jamais silencieux là-dedans. Non que ce soit organisé, mais à chaque
époque correspond sa musique, et il me suffit de réécouter des morceaux laissés
à l’abandon pour retrouver des sensations vécues dans le passé. Du coup, j’essaye
toujours de trouver un album particulier dans des périodes de changement ou
pour des voyages, comme si j’ouvrais des vortex par lesquels il me suffirait de
passer pour revenir en arrière. San
Francisco, 2009 : Melpo Mene. Islande 2010 : Sean Lennon. Suède 2010 :
Maia Hirasawa. Indonésie 2012 : « Welcome to my paradise »,
etc. Pour l’instant, je ne m’étais pas trop penchée là-dessus. Je n’ai pas
encore de BO officielle pour Suède 2012, mais cette semaine aura en tout cas
été marquée musicalement.
Notre bureau est assez petit. Il ressemble à une maison plus
qu’à un espace professionnel et nous le partageons avec une compagnie de
théâtre qui est en ce moment en vacances. Il y a du parquet clair et des murs
blancs. Et puis aussi une petite cuisine, une salle de bain avec une douche,
une salle de réunion avec un fauteuil massant. Je partage mon bureau avec
Birgitta et Ozan. Henrik, lui, est dans une autre pièce. Chacun met sa musique
un peu à tour de rôle et surtout, on y parle beaucoup. La semaine dernière,
nous devions rédiger la newsletter du mois et cela impliquait pour moi d’écrire
pas mal d’articles. Difficile de se concentrer dans ces conditions. Quand elle
veut se plonger dans un document, Birgitta met son casque sur ses oreilles, et
plus rien ne semble pouvoir la perturber. J’aimerais bien faire la même chose,
sauf qu’à chaque fois que je lance une chanson, mon attention est captée par
les paroles. C’est encore pire si je les connais, je me sens obligée de les
fredonner. J’ai donc voulu chercher des musiques sans parole, et la réponse s’est
imposée d’elle-même : du classique.
Jusqu’à présent, je n’écoutais jamais du classique. Mes
seules références étaient donc les morceaux que j’avais appris au piano, ou
ceux que mon frère jouait dans la maison de mes parents. J’ai donc commencé à
écouter des compositeurs que je connaissais, Mendelssohn, Bach, Beethoven. Je
suis tombée sur un album de Chopin, et ça a été la révélation. Non seulement je
pouvais écrire sans avoir d’interférences, mais j’ai comme eu l’impression que
la musique me racontait une histoire sans pourtant qu’il y ait de mots.
Difficile à expliquer, mais j’écoutais un langage – un autre langage. Je me
suis sentie transportée comme avec d’autres groupes la première fois que je les
ai écoutés. Je me suis passée en boucle la Valse n°7 en Do Dièse Mineur de
Chopin et je me suis fait choper en train de danser devant la photocopieuse. J’ai
continué à l’écouter mercredi soir en allant dans le parc pour un cours gratuit
de Lindy Hop et suis passée d’un univers musical à un autre tout en douceur.
C’est la deuxième fois que je vais à ce cours gratuit dans
Stadsparken, juste à côté de mon boulot. Le Lindy Hop ou Swing Dance ressemble
un peu en rock’n’roll mais en… swing. Les premières trente minutes se passent
avec un professeur qui nous apprend les pas de base, puis ils laissent la
musique pendant deux heures. J’y retrouve les mêmes personnes, on essaye
vaguement d’enchainer des mouvements « Kick the dog », « Turn
around », « Turn on the other side » et puis on s’assoit dans l’herbe
pour discuter et écouter en regardant les danseurs exercés qui sont sur la
piste parmi les débutants. Il y a beaucoup de bonne humeur, de soleil, de
douceur. J’aimerais connaitre les noms des groupes pour pouvoir me les
repasser, mais je sens que ce ne sera pas pareil, que cette musique, pour le
coup, est faite pour danser dans l’herbe et pas dans le bureau.
Tout ça m’a donné deux fois plus envie de trouver des cordes
pour remplacer celles qui ont pété sur ma guitare, mais le seul magasin de Lund
qui en vend persiste à être fermé chaque fois que j’y vais – même pendant les
horaires d’ouverture affichées.
Et puis à la fin de la semaine, après toute cette musique, j’ai
enlevé mon casque. Je suis allée sur la plage de Malmö pour un barbecue avec une vingtaine de personnes, et j'ai longtemps écouté la mer. Et quand je suis rentrée chez moi, sur le chemin, il y avait juste le
son du vent et le froissement des arbres. Ca peut paraitre très cliché, mais c’est
une source permanente d’émerveillement après la vie parisienne. Ca, et le
silence de la maison qui n’est pas angoissant, juste calmant. Finalement, ce
sera peut-être ça ma BO suédoise : le silence et le vent.
(Bon et puis lundi, histoire de contrebalancer tout ça, on s'est fait une petite session Claude François avec Birgitta. Elle a ensuite voulu me montrer une vidéo du King du disco en Finlande et c'était la vidéo de la discudanse. Comme quoi, on a les mêmes références !)
(Bon et puis lundi, histoire de contrebalancer tout ça, on s'est fait une petite session Claude François avec Birgitta. Elle a ensuite voulu me montrer une vidéo du King du disco en Finlande et c'était la vidéo de la discudanse. Comme quoi, on a les mêmes références !)
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