A Ayutthaya, c'est le jaune qui m'a
marquée. Le royaume d'Ayutthaya a été fondé vers 1350 par le roi
Umong. Aujourd'hui, on s'y promène dans les ruines des 400 temples
qui composaient la ville, et qui témoignent maintenant de la
splendeur du royaume. Les temples à Ayutthaya sont un peu différents
de ceux que j'ai vus à Bangkok. Ici, on voit beaucoup de prang,
de très hautes tours richement
sculptées renfermant une relique, et dont l'architecture vient en
fait des Khmers, qui ont occupé les territoires thaïs entre le XIe
et le XIIIe siècle. Ces temples ne sont pas (ou plus?) recouvertes
des dorures qui m'avaient éblouies jusque là, mais ils ont conservé
une couleur ocre qui donne un aspect très rocailleux à la ville.
400 temples, autant
dire que ça ne se visite pas les doigts dans le nez (au sens propre
comme au figuré, d'ailleurs). Dion et moi avions prévu de louer des
vélos, mais la chaleur nous en a dissuadées. Sus les conseils de
Ya, le gérant de notre auberge, nous sommes donc allées au Wat Chai
Watthanaram, en dehors de l'île centrale où se situe presque
l'ensemble des ruines, mais à seulement quinze minutes à pieds de
notre logement. Le site est bien plus petit que le gigantesque
squelette qui gît dans le centre, mis il permet de s'y promener plus
tranquillement. C'est aussi ce temple que nous avons pu admirer de
nuit, le soir, en faisant notre tour en bateau nocturne avec mes
Autrichiens, rencontrés la veille. Dans ce temple, la mise à sac de
la ville par les Birmans en 1767 est bien visible : des rangées
de Bouddhas sont alignés le long des murs, décapités.
Et puis, de cette
couleur ocre un peu passée, nous avons fait un saut dans le temps en
nous retrouvant ensuite au beau milieu d'un temple, beaucoup plus
récent celui-là, dans lequel une célébration avait lieu.
Difficile de décrire l'endroit : plusieurs petits temples
étaient rassemblés là, mais dans les espaces extérieurs qu'il y
avait entre chaque, des voiles jaunes avaient été accrochés comme
pour créer une toiture volante, si bien qu'on ne savait plus si on
se trouvait dehors ou dedans.
Il y avait du
monde, beaucoup de monde. Et surtout, il y avait de grandes statues
de super-héros posées entre les Bouddhas: Superman, Batman,
Goldorak, etc. J'ai fini par arrêter quelqu'un :
« -
Excusez-moi, il y a une célébration spéciale aujourd'hui ?
- Ha non, c'est
le temple, c'est tous les jours comme ça.
- Mais pourquoi
est-ce qu'il y a des statues de super-héros ?
- Pourquoi pas ?
C'est drôle de se prendre en photo avec. »
On ne peut pas lui
donner tort cela dit. S'il y avait eu des statues de Sailor Moon à
l'église Saint Joseph quand j'étais petite, je serais sans doute
allée à la messe avec plus d'assiduité. Mais surtout, pour moi le
contraste était frappant. Nous étions passés des anciens temples,
gigantesques, impressionnants, vous regardant presque de haut, et de
ces austères bouddhas décapités à une joyeuse fête qui me
faisait presque penser à un parc d'attraction.
En traversant ce
temple et cette immense foule, nous nous sommes retrouvés sur un
marché flottant : autour d'un ponton, plusieurs barques
flottaient, et dedans, des hommes et des femmes cuisinaient et
vendaient à manger. Après de LONGUES MINUTES d'hésitation, j'ai
pris des nouilles et du tofu, mais surtout, surtout... de succulentes
ravioles dont la pâte est similaire à celle des boules de coco,
mais avec de la noix de coco frite dedans.
Là, à
cet instant précis, le bedon plein au milieu de cette foule colorée
et de ces succulentes odeurs de cuisine, à l'ombre des voiles jaunes
qui dansaient au dessus de nos têtes, je me suis sentie bien. En
retraversant le temple, j'ai acheté une petite bougie en forme de
lotus que j'ai laissée glisser sur l'eau d'une fontaine, pour dédier
ce moment apaisant à ceux qui sont restés à la maison. Tout
doucement, j'ai commencé à me relever.
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