dimanche 3 juin 2012

02/06/2012 : Un jour à Malmö




Enfin une journée quasiment parfaite !

Ce matin, j’ai fait la connaissance de mon deuxième coloc, Johan, qui vit ici depuis un an. Il vient de Stockholm et suit des études d’ingénieur (en quoi ? j’ai pas bien compris). Mais je ne vais sûrement pas le voir très longtemps, car il repart demain dans le nord pour passer l’été avec sa famille, et va peut-être chercher un autre logement à Lund pour avoir son propre appartement. Lui aussi a l’air adorable et me propose son aide pour tout ce dont j’aurai besoin.

Plus tard, je me mets en route pour le centre ville pour trouver des meubles à mettre dans ma chambre. Philipp m’indique un chemin qui devrait me mener plus rapidement à la gare que ce que je faisais jusque là. Evidemment, je me perds. Ca aurait été trop simple. Je pensais avoir trouvé le bon chemin ensuite, l'ai pris au retour, tout commençait bien et... je ne suis pas du tout arriver où j'avais prévu. C'est bien la troisième fois que ça m'arrive à Lund. Je suis quasiment sûre qu'il y a un vortex quelque part qui m'emmène à l'opposé de là où je suis censée aller. 

Pendant tout le début d’après-midi, je vais réellement expérimenter le temps suédois. Ce matin, en prenant mon petit déjeuner, il s’est mis à grêler alors que le soleil était encore là. Ensuite, pendant mon chemin vers le centre de Lund, la pluie et le soleil s’alternent toutes les deux minutes. Je comprends donc pourquoi les Suédois n’ont pas l’air d’être gênés plus que ça par la pluie. Après avoir ouvert et fermé mon parapluie environ dix fois en quinze minutes, je laisse tomber. Qu’il pleuve sur moi, ça ne va pas me tuer.

Après un arrêt café / Internet au Herkules, et l’achat d’une clef 3G en dépannage, je fais quelque magasins d’occasion et trouve un petit bureau et un meuble à tiroirs pour moins de quinze euros. La plupart des boutiques à Lund sont des magasins d’occasion où on peut franchement faire de bonnes affaires. Je sens que ma chambre ne sera pas vide très longtemps. J’achète aussi quelques petits objets de déco, un peu anodins, mais quand je les placerai un peu plus tard dans ma chambre et dans la salle de bain, me viendra comme une espèce de soulagement. Du type "Cette fois, je suis chez moi."

Ce soir, je suis censée rejoindre Maja, qui travaille au cinéma de Mejeriet, à Malmö. Elle m’a proposé de venir à un petit festival de cinéma indépendant. J’ai un à priori plutôt négatif de Malmö, à cause de descriptions entendues la désignant comme une ville très industrielle. J’hésite un peu avant de me mettre en route, et finis par me bouger en fin d’après-midi. Le train ne met que dix minutes pour arriver là-bas, j’ai presque l’impression de faire un Issy les Moulineaux / Paris, mais en RER. Arrivée à destintion, je me dirige directement vers l’éco quartier de Västra Hamnen, dont l’ambition est de créer des bâtiments entièrement avec des énergies renouvelables. L’eau de pluie serait aussi récoltée pour être réutilisée.

Je marche pendant un moment dans des quartiers en construction pas très folichons et aperçois de loin la fameuse Turning Torso, la tour devenue symbole de cet endroit. Il s’agit de plusieurs cubes montés les uns sur les autres en décalés, ce qui fait que cette tour « tourne » sur elle-même à 90°. En arrivant au pied de la Turning Torso, j’ai un véritable coup de cœur pour le quartier. Les maisons en bois avec l’eau qui coule au milieu. L’architecture simple et moderne. J’avance un peu vers la mer, et enfin, je respire. Je vois l’eau bleu foncé et bouillonnante à mes pieds, et plus loin, une superbe vue sur l’Oresud. Tout le bord de mer a été aménagé avec une longue promenade en bois, et des espaces surplombant l’eau. Des échelles descendent depuis le bord pour se baigner quand le temps est plus clément. Je me pose pendant de longues minutes à cet endroit. Le vent souffle très fort dans mes oreilles, l’eau passe du gris au bleu, et je me revois un an plus tôt à Falkenberg, criant et chantant face à la mer. Je me souviens de cette énergie qui m’était venue et c’est la même chose qui me vient à ce moment. Je me souviens à nouveau de ce qui me plaisait tant ici. L’impression d’avoir un paysage vivant. Je crois que je suis définitivement amoureuse de la mer Baltique. Il n’y a pas grand monde sur les dock alors là aussi, je me mets à chanter, tant qu'à faire. Cette fois, j’ai déjà une idée d’un des premiers endroits où j’emmènerai quiconque viendra me voir en Suède !

Je continue à avancer et marche longuement dans des parcs, un premier qui longe l’eau, avec de grandes étendues d’herbe et des bancs face à la mer. Puis un autre, traversé par une petite rivière, très boisé et rempli de canards. Je commence à avoir une vision radicalement différente de Malmö. Le parc me mène directement à la vieille ville, Gamla Stan, que je traverse rapidement en passant par Lilla Torget, une petite place pavée envahie par les terrasses des restaurants, puis Stortorget, beaucoup plus grande. Je me dirige vers le quartier de Möllevangen, où je dois retrouver Maja, et traverse pour cela plusieurs rues pavées, comme à Lund, mais beaucoup plus grandes. Malmö n’a vraiment rien à voir avec les autres grandes villes que j’ai visitées en Suède, Stockholm et Göteborg. Je ne sais pas encore si je chercherai un logement ici, mais je reviendrai clairement y passer du temps !

Je retrouve Maja dans les bureaux de la boite de production qui organise le festival. Le concept est intéressant : plusieurs personnes travaillant dans le cinéma indépendant s’inscrivent, et quatre réalisateurs, quatre monteurs, quatre ingénieurs du son et quatre directeurs de la photo sont choisis. Puis, les équipes sont tirées au hasard et tous ces gens qui ne se connaissent pas nécessairement doivent tourner un film en huit heures sur un thème écrit par un célèbre auteur. Ils auront encore huit heures pour monter le tout, avant la diffusion qui a lieu ce soir. Le concept est d’autant plus intéressant qu’un monteur qui serait dans le métier depuis vingt cinq ans peut se retrouver à devoir travailler avec un réalisateur à peine sorti de l’école. Le thème commun à tous est l’histoire d’une vieille femme apparemment connue à Malmö qui squattait justement dans le quartier de Västra Hamnen, où j’étais un peu plus tôt dans la journée, et dont le manteau était recouvert de bout de papier noircis de messages politiques. Chaque réalisateur a donné une vision très différente de l’histoire, oscillant entre une interprétation très littérale, et des visions un peu plus surréalistes. Enfin je crois. Ou alors, c’est parce que je ne parle pas un mot de suédois et j’ai tout compris de travers.

Le reste de la soirée s’est passé à boire des bières danoises entre le grand appartement où le festival était organisé et la terrasse en bois éclairée par des lampions. Maja avait apparemment prévenu pas mal de monde de ma venue, et j’ai pu discuter avec beaucoup de personnes. Dont cette jeune fille qui travaille dans les politique locales et s’intéresse à l’aménagement de l’espace urbain pour améliorer l’intégration des immigrants qui viennent s’installer ici. Malmö est apparemment une ville dans laquelle beaucoup d’étrangers viennent s’installer, et le problème du mélange des cultures commence sérieusement à se poser. Peu à peu, les gangs se développent, et quelques fusillades ont récemment beaucoup ému la population. Pourtant, ce n’est pas que Malmö soit plus dangereuse qu’une autre ville. Elle est simplement plus petite, et les « banlieues » sont en fait dans le centre ville. Tous les problèmes de criminalités qui ont lieu ailleurs, mais dans des quartiers à part dans lesquels nous ne mettons jamais les pieds, sont ici beaucoup plus à la vue, du fait de la taille de la ville. Et si Malmö a été érigée au rang de « ville la plus dangereuse de Suède », c’est parce que Stockholm et Göteborg ne prennent pas en comtpe, dans leurs statistiques, tout ce qui se passe dans « leurs » banlieues, qui sont situées en dehors de leur espace géographique. Malmö ne peut pas se payer ce luxe. Pour beaucoup ici, il s’agit aussi d’une manipulation politique véhiculée par les médias, pour ne pas que cette petite ville du sud ne vienne trop empiéter sur les plate bandes des deux autres. Malmö s’est en effet beaucoup développée depuis quinze and et bénéficie d’une vraie effervescence culturelle et diversifiée. Qui a sans doute été renforcée par la construction de l’Oresund, le pont qui relie le Danemark et la Suède, il y a un peu plus de quinze ans maintenant. Moi, je pense que c’est aussi par rapport à l’Eurovision : les trois villes se tirent dans les pattes pour organiser l’émission l’année prochaine. Il y a là un sacré enjeu.

Et puis, entre nous, la ville la plus dangereuse de Suède doit être à peu près au même niveau qu'Issy les Moulineaux.

Après cette soirée, je suis donc rentrée dans ma petite bourgade à moi, avec un train de nuit. Mes habitudes de Parisienne ne m’ont pas beaucoup rassurée lorsque j’ai du traverser les rues de Lund à pied, en pleine nuit et seule. J’ai enfin repéré le trajet le plus simple pour rentrer chez moi, et je dois pour cela traverser le pont qui surplombe la voie ferrée, puis emprunter un petit chemin entouré d’arbres que seuls les piétons ou les cyclistes peuvent emprunter. J’ai mis du Matmatah sur mes oreilles et tout s’est bien passé. Ne posez pas de questions sur le choix de ce groupe. La nostalgie de quelque chose, l’envie d’écouter un truc en français qui me rappellerait mon adolescence. C’était plutôt rafraichissant.

La nuit s’est terminée par l’étrenne de ma clef 3G pour voir Nyamuk. Quarante minutes qui en paraissent dix. Bref, tout se passe bien. 

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