samedi 9 juin 2012

09.06.2012 : Bilan d'une semaine culturelle



Velvet Underground sous le soleil suédois.


Cette semaine aura été pour le moins « culturelle ».

Mercredi, je suis partie avec Birgitta et Henrik à Herning au Danemark pour assister à une conférence sur les politiques culturelles, et plus précisément sur le nouveau programme européen, « Creative Europe ». Deux jours de conférence avec quantité d’opérateurs culturels, principalement nordiques. Une bonne manière d’être directement plongée dans le bain pour mon nouveau travail.

Ces quelques jours m’ont appris énormément de choses et m’ont beaucoup motivée pour finir ce mémoire qui m’attend toujours cet été. Ils ont aussi été l’occasion de faire beaucoup de rencontres. Banafsheh et Ida, qui travaillent toutes les deux dans deux organisations différentes à Stockholm ; Mickael, qui faisait partie de l’équipe à l’initiative de cette conférence ;  Jacques, un metteur en scène mi-danois mi-arménien qui monte des spectacles partout dans le monde ; Lifeng, une étudiante en géographie qui habite elle aussi à Lund. L’ambiance était très détendue, et j’ai eu l’occasion de parler longuement de Charles Aznavour avec Mickael en finissant la soirée dans un bar dans le centre d’Herning.

Herning a longtemps été une ville industrielle spécialisée dans le textile. Aujourd’hui, elle se développe culturellement, notamment à travers HEART, le centre où la conférence a eu lieu, mais aussi parce qu’elle a posé sa candidature pour être la prochaine capitale culturelle européenne, en concurrence avec Aarhus, la grande ville la plus proche dans laquelle j’ai séjourné quelques jours l’année dernière. 

Après plusieurs mois où je devais presque me forcer pour garder un lien social avec l’extérieur, et après avoir pensé que je ne serais plus capable de parler aussi facilement avec des personnes inconnues, le dialogue s’est finalement rétabli tout seul. Mais contrairement à l’état dans lequel je pouvais me mettre il y a quelques années, je ne ressens plus l’urgence de RENCONTRER. Tout se fait plus simplement, et j’apprécie de rentrer chez moi le soir, ou de passer du temps à la maison pour avancer sur d’autres projets.  Moi qui voulais « reseter » le tourbillon parisien, j’ai certainement choisi le bon endroit.

Jeudi soir, le dernier soir de la conférence, nous avons assisté à un spectacle par l’Odin Theatre, qui est semble-t-il une institution au Danemark. Spectacle auquel je suis restée complètement hermétique malheureusement. La scène était une espèce de grand ouragan de costumes et de couleurs, de langues différentes, et de chansons dans tous les sens. Ce qui peut paraitre attractif comme ça, mais qui finalement n’était qu’une espèce de brouhaha brouillon dans laquelle des histoires de guerre civile et de recherche du père s’entremêlaient sans vraiment de cohérence. Le tout était rempli d’un amoncellement de détails qui n’avaient pas l’air de servir à grand-chose. Tout ça donnait l’impression d’un mix étrange entre des formes très contemporaines et quelque chose de très traditionnel, burlesque et très théâtralisé. La scène était située au centre du public et les acteurs lançaient très souvent des pièces, des cartes, des morceaux de glace. J’étais assise au premier rang et m’attendait à tout moment à recevoir un projectile – je l’attendais même – mais il n’est jamais venu. Ce qui m’a semblé être une bonne métaphore pour dire que rien ne m’a touchée dans ce spectacle.

L’impression a été partagée avec la plupart des personnes avec qui j’en ai parlé après. Mais au moins, je n’oublierai sans doute pas cette pièce de si tôt.


La voiture qui nous a emmené voir le spectacle de l'Odin Theatre - venue direct de Californie !

A l’inverse, je suis allée ce soir voir un autre spectacle à Elsöv, à dix minutes de Lund. Philipp, mon coloc, dansait dedans et je lui avais demandé si je pouvais venir. C’était un grand show monté avec – semble-t-il – plusieurs personnes de l’école dans laquelle il a appris à chanter, à danser et à jouer. Pendant deux heures, la compagnie a donc enchainé des scènes de comédies musicales célèbres. Il y avait parfois un petit côté amateur, surtout à cause des problèmes de sono, mais j’ai finalement passé un bien meilleur moment qu’à Herning. Il y avait du plaisir dans leur jeu, et tout était vraiment divertissant. Je ne suis pourtant pas le meilleur public en matière de comédie musicale, mais ces deux heures sont passées très vite. Philipp a eu « son » tableau durant lequel il interprétait Michael Jackson et c’était plutôt cool de le voir dans son propre univers. J’ai aussi rencontré sa mère, qui était là, une chanteuse de chansons françaises, Edith Piaf, Jacques Brel et aussi – je crois – Mireille Matthieu. Un tout petit bout de femme avec de longs cheveux noirs et un rire d’enfant qui souriait tout le temps. J’ai finalement passé toute la soirée à discuter avec elle et l’ai quittée sur le quai de la gare de Lund, en lui promettant de venir assister à son prochain concert.

Conclusion de tout ça : je ne m’y attendais pas, mais ici, je peux clamer mon amour de la chanson française – et donc de Jean Jacques Goldman – et partager ça avec des Suédois. Comme quoi, tout peut arriver.

La semaine s’achève donc tranquillement avec toujours en tête des milliers de choses à faire. Vendredi soir, en attendant le train à Malmö, j’ai aussi rencontré Maria qui vient de rentrer en Suède après cinq ans passés à Londres pour faire son post-doc en biologie médicale. En lui parlant de ma recherche d’appartements, elle a proposé de m’aider et m’a déjà envoyeé plusieurs liens qui pourraient m’être utiles. Tout le monde me dit qu’il est très difficile de trouver un logement ici… espérons qu’avec « a little help from my friend », les choses s’enchainent plus vite… Mais pour l’instant, cette histoire reste un grand sujet de préoccupation pour moi.

Il m’arrive encore d’avoir des moments de doute et je peux passer de l’exaltation d’être ici et de voir tous les projets que je vais pouvoir mettre en place, au désespoir et à un sentiment de solitude assez dévastateur. Hier soir, je me morfondais devant ma soupe ; et puis ce matin, j’ai marché sur le chemin piéton qui longe la voie ferrée, derrière ma maison. Il faisait beau et j’avais le Velvet Underground dans les oreilles. Heureusement, ces moments plus sombres ne durent pas longtemps, mais ils sont plus intenses que dans mon petit cocon parisien. Et Nyamuk est toujours là, par l’intermédiaire de ma fidèle clef 3G. Il va falloir revoir notre rythme d’appels quand il sera à Bali, mais ça, ce sera encore une autre histoire à raconter. 

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