Velvet Underground sous le soleil suédois.
Cette semaine aura été pour le moins
« culturelle ».
Mercredi, je suis partie avec Birgitta et Henrik à Herning
au Danemark pour assister à une conférence sur les politiques culturelles, et
plus précisément sur le nouveau programme européen, « Creative
Europe ». Deux jours de conférence avec quantité d’opérateurs culturels,
principalement nordiques. Une bonne manière d’être directement plongée dans le
bain pour mon nouveau travail.
Ces quelques jours m’ont appris énormément de choses et
m’ont beaucoup motivée pour finir ce mémoire qui m’attend toujours cet été. Ils
ont aussi été l’occasion de faire beaucoup de rencontres. Banafsheh et Ida, qui
travaillent toutes les deux dans deux organisations différentes à
Stockholm ; Mickael, qui faisait partie de l’équipe à l’initiative de
cette conférence ; Jacques, un
metteur en scène mi-danois mi-arménien qui monte des spectacles partout dans le
monde ; Lifeng, une étudiante en géographie qui habite elle aussi à Lund.
L’ambiance était très détendue, et j’ai eu l’occasion de parler longuement de
Charles Aznavour avec Mickael en finissant la soirée dans un bar dans le centre
d’Herning.
Herning a longtemps été une ville industrielle spécialisée
dans le textile. Aujourd’hui, elle se développe culturellement, notamment à
travers HEART, le centre où la conférence a eu lieu, mais aussi parce qu’elle a
posé sa candidature pour être la prochaine capitale culturelle européenne, en
concurrence avec Aarhus, la grande ville la plus proche dans laquelle j’ai
séjourné quelques jours l’année dernière.
Après plusieurs mois où je devais presque me forcer pour
garder un lien social avec l’extérieur, et après avoir pensé que je ne serais
plus capable de parler aussi facilement avec des personnes inconnues, le
dialogue s’est finalement rétabli tout seul. Mais contrairement à l’état dans
lequel je pouvais me mettre il y a quelques années, je ne ressens plus
l’urgence de RENCONTRER. Tout se fait plus simplement, et j’apprécie de rentrer
chez moi le soir, ou de passer du temps à la maison pour avancer sur d’autres
projets. Moi qui voulais
« reseter » le tourbillon parisien, j’ai certainement choisi le bon
endroit.
Jeudi soir, le dernier soir de la conférence, nous avons
assisté à un spectacle par l’Odin Theatre, qui est semble-t-il une institution
au Danemark. Spectacle auquel je suis restée complètement hermétique
malheureusement. La scène était une espèce de grand ouragan de costumes et de
couleurs, de langues différentes, et de chansons dans tous les sens. Ce qui
peut paraitre attractif comme ça, mais qui finalement n’était qu’une espèce de
brouhaha brouillon dans laquelle des histoires de guerre civile et de recherche
du père s’entremêlaient sans vraiment de cohérence. Le tout était rempli d’un
amoncellement de détails qui n’avaient pas l’air de servir à grand-chose. Tout
ça donnait l’impression d’un mix étrange entre des formes très contemporaines
et quelque chose de très traditionnel, burlesque et très théâtralisé. La scène
était située au centre du public et les acteurs lançaient très souvent des
pièces, des cartes, des morceaux de glace. J’étais assise au premier rang et
m’attendait à tout moment à recevoir un projectile – je l’attendais même – mais
il n’est jamais venu. Ce qui m’a semblé être une bonne métaphore pour dire que
rien ne m’a touchée dans ce spectacle.
L’impression a été partagée avec la plupart des personnes
avec qui j’en ai parlé après. Mais au moins, je n’oublierai sans doute pas
cette pièce de si tôt.
La voiture qui nous a emmené voir le spectacle de l'Odin Theatre - venue direct de Californie !
A l’inverse, je suis allée ce soir voir un autre spectacle à
Elsöv, à dix minutes de Lund. Philipp, mon coloc, dansait dedans et je lui
avais demandé si je pouvais venir. C’était un grand show monté avec –
semble-t-il – plusieurs personnes de l’école dans laquelle il a appris à
chanter, à danser et à jouer. Pendant deux heures, la compagnie a donc enchainé
des scènes de comédies musicales célèbres. Il y avait parfois un petit côté
amateur, surtout à cause des problèmes de sono, mais j’ai finalement passé un
bien meilleur moment qu’à Herning. Il y avait du plaisir dans leur jeu, et tout
était vraiment divertissant. Je ne suis pourtant pas le meilleur public en
matière de comédie musicale, mais ces deux heures sont passées très vite.
Philipp a eu « son » tableau durant lequel il interprétait Michael
Jackson et c’était plutôt cool de le voir dans son propre univers. J’ai aussi
rencontré sa mère, qui était là, une chanteuse de chansons françaises, Edith
Piaf, Jacques Brel et aussi – je crois – Mireille Matthieu. Un tout petit bout
de femme avec de longs cheveux noirs et un rire d’enfant qui souriait tout le
temps. J’ai finalement passé toute la soirée à discuter avec elle et l’ai
quittée sur le quai de la gare de Lund, en lui promettant de venir assister à
son prochain concert.
Conclusion de tout ça : je ne m’y attendais pas, mais
ici, je peux clamer mon amour de la chanson française – et donc de Jean Jacques
Goldman – et partager ça avec des Suédois. Comme quoi, tout peut arriver.
La semaine s’achève donc tranquillement avec toujours en
tête des milliers de choses à faire. Vendredi soir, en attendant le train à
Malmö, j’ai aussi rencontré Maria qui vient de rentrer en Suède après cinq ans
passés à Londres pour faire son post-doc en biologie médicale. En lui parlant de
ma recherche d’appartements, elle a proposé de m’aider et m’a déjà envoyeé
plusieurs liens qui pourraient m’être utiles. Tout le monde me dit qu’il est
très difficile de trouver un logement ici… espérons qu’avec « a little
help from my friend », les choses s’enchainent plus vite… Mais pour
l’instant, cette histoire reste un grand sujet de préoccupation pour moi.
Il m’arrive encore d’avoir des moments de doute et je peux
passer de l’exaltation d’être ici et de voir tous les projets que je vais
pouvoir mettre en place, au désespoir et à un sentiment de solitude assez
dévastateur. Hier soir, je me morfondais devant ma soupe ; et puis ce
matin, j’ai marché sur le chemin piéton qui longe la voie ferrée, derrière ma
maison. Il faisait beau et j’avais le Velvet Underground dans les oreilles. Heureusement,
ces moments plus sombres ne durent pas longtemps, mais ils sont plus intenses
que dans mon petit cocon parisien. Et Nyamuk est toujours là, par
l’intermédiaire de ma fidèle clef 3G. Il va falloir revoir notre rythme
d’appels quand il sera à Bali, mais ça, ce sera encore une autre histoire à
raconter.
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